Écrit par Conrad Druzeta and Michael R. Whitt Q.C.
Y a-t-il jamais eu le moindre doute? Le 24 août 2017, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont publié l’Avis du personnel 46-307 – Placements de cryptomonnaies, qui fournit des conseils sur l’applicabilité des lois canadiennes sur les valeurs mobilières aux placements et aux opérations de cryptomonnaies. Le message est moins équivoque que par le passé: « Beaucoup de ces offres de crypto-monnaie impliquent la vente de titres ».
Les pièces numériques / jetons sont-ils des titres?
Les offres initiales de pièces de monnaie (ICO), les offres de jetons (ITO), les monnaies virtuelles, les événements de génération de jetons et d’autres offres numériques viennent dans une grande variété de saveurs. On estime qu’à la fin de juillet 2017, 102 offres et projets de ce type avaient permis de recueillir environ 1,3 milliard de dollars américains.
Les directives de l’avis des ACVM doivent être considérées dans le contexte des offres basées sur la crypto-monnaie ou la blockchain, quelle que soit la nomenclature utilisée ou la « saveur » du jour. Qu’une pièce / jeton particulier passe à devenir un titre dépendra de la substance du régime dans sa totalité plutôt que la forme. Le fait que de nouvelles technologies soient utilisées n’est pas pertinent.
Nous avons déjà fait remarquer que l’arrêt Canada Pacific Coast Coin Exchange of Canada c. Ontario (Commission des valeurs mobilières) [1978] 2 RCS 112 établit un critère en quatre parties pour déterminer s’il existe un « contrat d’investissement », qui est une forme de sûreté en vertu des systèmes de réglementation canadiens :
- Un investissement d’argent (ou d’autres moyens de transfert de valeur) est effectué pour acquérir l’instrument en question.
- Il existe une entreprise commune en ce qui concerne l’instrument investi.
- Il y a une attente de profit de la part de l’entreprise commune qui reviendront au détenteur de l’instrument.
- Le profit provient considérablement des efforts d’autres personnes impliquées dans l’entreprise et non du détenteur de l’instrument.
L’ASC reconnaît que chaque ICO/ITO est unique et que ses caractéristiques doivent être soigneusement évaluées pour déterminer si la pièce/jeton est un titre. Un jeton numérique qui est purement un utilitaire, tel que les jetons utilisés pour jouer à des jeux vidéo ou pour accéder à un service de site Web peut ne pas être un titre, tandis que les jetons avec une valeur liée au succès futur d’une entreprise, d’un projet ou d’un schéma sont probablement des titres. L’analyse doit regarder au-delà du jeton lui-même, à la totalité de l’entreprise ou du projet, en fonction de la substance du jeton et de son cadre contextuel.
Ramifications du droit des valeurs mobilières
Les lois sur les valeurs mobilières au Canada s’appliquent aux personnes ou aux sociétés qui vendent des titres au Canada ainsi qu’à toute personne, peu importe où elle se trouve, si elle vend des titres à des personnes résidant au Canada.
Prospectus
Les ACVM notent que de nombreuses ICO ont plus qu’une ressemblance passagère avec les premiers appels publics à l’épargne de titres. En vertu des lois canadiennes sur les valeurs mobilières, les titres ne peuvent être vendus qu’après l’émission d’un reçu d’une autorité de réglementation des valeurs mobilières pour un prospectus fournissant une norme d’information réglementée sur le placement, l’organisation et les risques associés au titre, ou en vertu d’une dispense de prospectus par voie de placement privé.
À ce jour, il n’y a eu aucun placement de prospectus de pièces de monnaie ou de jetons au Canada. Cela est susceptible de changer à l’avenir. Les ACVM suggèrent que les ventes de pièces de monnaie ou de jetons qui sont des valeurs mobilières puissent également être faites à a) des investisseurs accrédités sans utiliser de prospectus ou (b) à des investisseurs non accrédités, sous réserve des limites de placement, si une notice d’offre conforme aux lois sur les valeurs mobilières (répondant de nouveau aux normes d’information prescrites) est utilisée. Si l’on se fie à une dispense de prospectus pour l’OIC/ITO, d’autres complexités surviennent parce que ces titres privés ne sont pas librement négociables et que les opérations secondaires peuvent nécessiter une autre dispense de prospectus.
Inscription des conseillers, des courtiers et des courtiers
Les personnes qui négocient ou donnent des conseils sur des valeurs mobilières doivent être inscrites auprès de l’organisme de réglementation des valeurs mobilières applicable ou doivent se fier à une dispense d’inscription. Les indicateurs indiquant que l’enregistrement des personnes impliquées dans l’activité de négociation ou de conseil sur les ICO / ITO peut être requis comprennent:
- Solliciter une large base d’investisseurs, y compris des investisseurs de détail (type de consommateur général)
- Utilisation de la technologie pour atteindre un grand nombre de personnes
- Annonces publiques d’offres de titres
- Lever des quantités importantes de capitaux auprès d’une large base d’investisseurs
Les courtiers et les conseillers sont assujettis aux règles de connaissance du client et à la pertinence des exigences de placement pour leurs clients. Ces règles et concepts sont en tension ou en conflit avec la nature anonyme de nombreuses ICO et ITO, et l’attrait pour certains investisseurs pour l’anonymat et l’aversion pour les réglementations et les contrôles.
Marché
Une plateforme qui facilite la négociation de valeurs mobilières peut être un « marché » et doit se conformer aux exigences de la loi sur les valeurs mobilières ou obtenir une dispense du ou des organismes de réglementation des valeurs mobilières applicables. Si de nombreuses pièces / jetons sont considérés comme des titres comme le suggèrent les ACVM, tout échange de crypto-monnaie offrant la négociation de nombreuses variétés de crypto-monnaie est probablement hors-jeu lois sur les valeurs mobilières destinées à protéger le public investisseur contre les dangers associés aux plates-formes de négociation sans restriction sans surveillance ou examen. Ce problème s’ajoute aux problèmes liés à la vérification de l’identité, à la lutte contre le blanchiment d’argent, au financement de la lutte contre le terrorisme et aux exigences en matière de tenue de dossiers et de vérification. Des questions supplémentaires se posent concernant les « portefeuilles » et d’autres applications qui facilitent davantage le trading décentralisé et potentiellement incontrôlable de crypto-monnaies. La nature de ces demandes devrait être soigneusement évaluée, conformément aux lignes directrices des ACVM, en fonction de la substance de ce qu’elles font, de la façon dont elles fonctionnent et des fonctions qu’elles remplissent, afin de déterminer si les lois sur les valeurs mobilières sont applicables.
Fonds d’investissement
Les ACVM ont fait remarquer que des fonds d’investissement sont établis pour fournir aux investisseurs un moyen d’investir dans des cryptomonnaies ou un portefeuille de cryptomonnaies. Un fonds de placement peut être un fonds commun de placement (rachetable) ou un fonds de placement non rachetable. Un fonds de placement non rachetable est tout instrument offert par un émetteur qui permet à l’émetteur d’investir de l’argent fourni par ses détenteurs de titres. Les fonds d’investissement sont réglementés en vertu des lois canadiennes sur les valeurs mobilières et, en l’absence d’une dispense, ses gestionnaires doivent être enregistrés.
Produits dérivés
Les ACVM notent que certaines cryptomonnaies peuvent également être considérées comme des dérivés (la valeur est basée sur une source ou un événement externe), ce qui les soumettrait à d’autres lois sur les valeurs mobilières, y compris la déclaration des opérations.
Protection des investisseurs
Les lois sur les valeurs mobilières au Canada sont appliquées à dessein, l’objectif principal étant la protection des investisseurs. Les ACVM notent que les problèmes liés à la volatilité, à la transparence, à l’évaluation, à la garde et à l’intégrité des cryptomonnaies et à la liquidité font tous l’affaire de la protection des investisseurs. Les investisseurs, en particulier les investisseurs non avertis, ne comprennent souvent pas les propriétés du produit d’investissement qu’on leur demande d’acheter et peuvent être vulnérables à des pratiques contraires à l’éthique et à des stratagèmes illégaux. Les lois sur les valeurs mobilières sont un moyen direct de répondre à certaines de ces préoccupations, comme le suggèrent les ACVM, et les organismes de réglementation des valeurs mobilières appliqueront la loi, ou l’adapteront, pour prévenir les problèmes historiques liés aux placements non réglementés.
Conclusion
Bien que le ton général des organismes de réglementation des valeurs mobilières au Canada continue d’être accueillant et favorable aux entreprises de technologie de la chaîne de blocs, ces dernières directives des ACVM mettent plus fermement en garde les participants au marché contre la conformité aux lois canadiennes sur les valeurs mobilières. Les organismes de réglementation des valeurs mobilières continueront de protéger le public contre les « stratagèmes spéculatifs qui n’ont pas plus de fondement que tant de pieds de ciel bleu ».
Récemment, l’organisme de réglementation de la sécurité au Québec a pris d’importantes mesures d’application de la loi contre un groupe offrant une cryptomonnaie appelée PlexCoin. Bien que les organismes de réglementation aient généralement évité les activités d’application de la loi jusqu’à présent au Canada, les participants au marché devraient se préparer à un examen réglementaire accru. Les régulateurs acquièrent une compréhension plus sophistiquée de la blockchain, de la crypto-monnaie et des sujets connexes à la fois technologiquement et en ce qui concerne le potentiel de préjudice pour les investisseurs, qu’ils soient intentionnels ou non.
Les entreprises qui envisagent de mobiliser des capitaux par l’entremise d’une ICO, d’une OTI ou d’une opération semblable devraient consulter des conseillers juridiques et en placement qualifiés pour comprendre le cadre réglementaire, y compris si un modèle d’affaires ou d’affaires, ou un nouvel instrument ou un nouveau stratagème est requis pour se conformer aux exigences du prospectus, de l’inscription ou du marché ou si une dispense valide de ces exigences peut être disponible en vertu des lois canadiennes sur les valeurs mobilières.
Traduction alimentée par l’IA.
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