Écrit par Jesse I. Goldman, Matthew Kronby, and Julia Z. Webster
Poussés par le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique (PTP), le 10 novembre 2017, le Canada et les 10 autres pays membres du PTP se sont entendus sur un cadre modifié pour mettre l’accord en vigueur. À la demande du Canada, l’accord s’appelle maintenant le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Bien que l’absence des États-Unis soit évidemment importante compte tenu de la taille de leur économie et de leur importance pour le commerce international des biens et des services, le PTPGP est une réalisation importante pour les 11 parties. Pour le Canada, il s’agit d’un accord historique qui envoie un signal fort qu’il est sérieux au sujet de la diversification de son commerce, en particulier avec l’Asie, dans une ère d’incertitude au sujet du commerce Nord-Sud sous l’administration Trump. Le Canada est l’un des grands gagnants du PTPGP; quel que soit le résultat des renégociations de l’ALENA, les niveaux tarifaires consolidés aux États-Unis sont déjà parmi les plus bas au monde. Là où le Canada n’avait pas suffisamment ciblé sa stratégie de libéralisation du commerce, c’était en Asie, où se trouvent bon nombre des économies à la croissance la plus rapide au monde, et au Japon, la troisième économie en importance du monde en ce qui concerne le PIB. Le Canada a maintenant l’occasion d’accroître considérablement son commerce de biens et de services avec les parties au PTPGP, tandis que les États-Unis sont mis à l’écart dans la région en raison de leur retrait du PTP plus tôt cette année.
Bien que la majeure partie du texte original du PTP demeure inchangée et que tous les engagements des parties concernant la libéralisation du commerce des biens, des services, de l’approvisionnement et de l’investissement demeurent intacts, 20 éléments du PTP sont « suspendus » dans le PTPGP pour tenir compte des préoccupations des autres pays membres. Ces dispositions ne seront pas mises en œuvre par les parties au PTPGP tant que celles-ci n’auront pas accepté de le faire d’un commun accord. Les dispositions suspendues, bien que dignes de mention, ne constituent pas l’épine dorsale du PTPGP. Compte tenu des intérêts et des niveaux divergents de développement économique entre les 11 parties, il est remarquable de voir à quel point la part du PTP initial est inchangée ou n’a fait l’objet que de modifications mineures dans le PTPGP.
Au cours de la renégociation du PTP à la réunion ministérielle de la Commission économique Asie-Pacifique, le Canada a cherché à obtenir des concessions sur la culture, la propriété intellectuelle et les règles d’origine pour le secteur de l’automobile et a fait campagne pour des chapitres progressistes sur les droits des femmes et les normes du travail. Le texte original du PTP comprenait :
- un certain nombre de dispositions restrictives en matière de brevets et de droits d’auteur exigées par les États-Unis;
- des protections ciblées pour la promotion de la culture canadienne par le gouvernement fédéral; et
- Les règles d’origine de l’automobile exigées par les Japonais qui prescrivent un pourcentage plus faible de pièces fabriquées dans les pays membres que celles requises en vertu de l’ALENA.
Le Canada est la deuxième économie en importance du PTPGP et il bénéficiera d’un accès libéralisé à des économies en croissance en Asie et, surtout, au Japon. Le PTPGP profitera à un certain nombre d’importants secteurs d’exportation canadiens : l’agriculture; le poisson et les fruits de mer; la foresterie et les produits du bois; les technologies de l’information et des communications; et les services (financiers, professionnels et environnementaux). Les importateurs et les consommateurs canadiens en profiteront également lorsque les droits de douane canadiens sur 95 % des marchandises importées des pays membres du PTPGP seront éliminés lorsque l’accord entrera en vigueur, le reste des droits de douane restants devant être éliminé progressivement au cours des prochaines années. Comme c’est le cas pour tous les accords de libre-échange, des ajustements se produiront dans l’économie canadienne à mesure que les investisseurs et les chaînes d’approvisionnement réagiront au PTPGP.
Modifications au texte du PTP
Les ministres du Commerce des pays membres ont publié une déclaration ministérielle annonçant les éléments fondamentaux du PTPGP. Les principaux changements par rapport au PTP concernent principalement les dispositions du chapitre sur la propriété intellectuelle (chapitre 18), qui ont été initialement incluses sur l’insistance des États-Unis (et acceptées par les petites économies, malgré leurs profondes appréhensions, en échange d’un meilleur accès aux marchés aux États-Unis pour leurs produits). Les dispositions suspendues du PTP comprennent :
- la durée de la protection du droit d’auteur (qui prévoyait 70 ans de protection, contrairement aux lois nationales du Canada qui prévoient 50 ans de protection);
- les prolongations de brevets (rajustements de la durée des brevets en cas de retards par une autorité qui accorde la délivrance et rajustements de la durée des brevets pour les processus prolongés d’approbation de la commercialisation des produits pharmaceutiques);
- la protection de nouveaux produits biologiques, de données d’essai de brevets, d’informations sur la gestion des droits, de mesures techniques de protection, de recours juridiques et de refuges pour les fournisseurs d’accès à l’Internet; et
- les infractions concernant la protection des signaux cryptés de transmission d’émissions par satellite et par câble.
L’un des chapitres les plus controversés du PTP, le système de règlement des différends entre investisseurs et États (RDS) (chapitres 9) demeure en grande partie intact. Le champ d’application de son application a été réduit par la suspension des dispositions qui permettaient aux investisseurs de présenter des demandes d’arbitrage pour violation des « accords d’investissement » et des « autorisations d’investissement », qui se rapportent généralement aux concessions de ressources.
Il convient de noter que le PTP initial était le produit de négociations longues et difficiles sur le RDS qui avaient déjà produit des dispositions plus nuancées et plus favorables à l’État que celles de nombreux accords de libre-échange et d’investissement antérieurs. Le Canada n’était pas en mesure d’accepter d’autres concessions concernant les mécanismes de règlement des différends, compte tenu de son approche intransigeante à l’égard du chapitre 19 dans les négociations actuelles de l’ALENA.
Le chapitre sur l’environnement (chapitre 20) reste pratiquement inchangé, sous réserve d’une suspension partielle des « autres lois applicables » dans une disposition sur l’interdiction du commerce illégal de la flore et de la faune sauvages. Cette suspension partielle est en fait un changement important par rapport au texte du PTP et est peut-être la conséquence la plus claire du retrait des États-Unis parce que la suspension reflétait les intérêts étroits des États-Unis découlant de la Loi Lacey. Le chapitre sur l’environnement du PTP exigeait que les membres interdisent la vente nationale de produits récoltés en violation des lois étrangères sur la conservation et qu’ils étaient utilisés par les industries américaines pour accroître les risques de conformité lorsqu’ils s’approvisionnaient à l’extérieur des États-Unis. produits récoltés. La plupart des membres du PTP se sont opposés à cette obligation et la version du PTPGP du chapitre 20 suspend les mots qui ont causé l’obligation.
Prochaines étapes
Le PTPGP fait l’objet d’autres négociations. Affaires mondiales Canada indique qu’il y a un certain nombre de questions en suspens et renforce l’engagement du gouvernement du Canada à « favoriser des marchés ouverts, à créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne et à aider les entreprises, en particulier les PME appartenant à des femmes, à réussir sur les marchés internationaux » et que le gouvernement canadien « ne sera pas pressé de conclure un accord qui n’est pas dans l’intérêt du Canada ». En réalité, l’état précaire des négociations de l’ALENA, particulièrement en ce qui concerne les règles d’origine, place le Canada dans une position difficile. Le Canada n’a pas voulu signaler qu’il était prêt à accepter les exigences relativement faibles du PTP en matière de contenu régional dans les règles d’origine de l’automobile au moment où les États-Unis, dans les renégociations de l’ALENA, cherchent à obtenir de nouvelles règles minimales sur la teneur en éléments d’origine nationale aux États-Unis qui nuiraient aux fabricants canadiens de pièces d’automobile.
L’annexe II de la Déclaration ministérielle, la « Liste des dispositions suspendues », indique que quatre domaines doivent être finalisés :
- une exception culturelle pour le Canada;
- les exceptions concernant les sanctions commerciales pour le Vietnam;
- exceptions pour les entreprises d’État en Malaisie (annexe IV); et
- exceptions concernant la production de charbon au Brunéi (Annexe II).
L’exception culturelle pour le Canada concerne la réglementation nationale sur le contenu canadien et le financement gouvernemental des arts et de la culture partout au pays, et particulièrement au Québec. Ces préoccupations ont été reconnues dans la déclaration ministérielle qui reconnaissait « le droit de chaque partie de préserver, d’élaborer et de mettre en œuvre ses politiques culturelles ». Encore une fois, la position du Canada a été fortement influencée par les renégociations en cours de l’ALENA, où le Canada cherche à maintenir la ligne contre les demandes des États-Unis d’éliminer l'« exemption générale pour les industries culturelles » de l’ALENA en faveur d’exclusions plus ciblées fondées sur les exclusions, ironiquement, sur le PTP, il s’est retiré.
Le gouvernement du Vietnam s’inquiète des futures sanctions commerciales en raison de ses normes du travail actuelles. Il demande plus de temps pour adopter et mettre en œuvre les lois nationales concernant les syndicats avant l’entrée en vigueur du PTPGP. La Malaisie et le Brunéi demandent plus de temps pour s’adapter aux dispositions du PTPGP concernant les entreprises d’État pour leurs sociétés d’Énergie d’État (chapitre 17).
Une fois que le texte du PTPGP, y compris les obligations suspendues, sera finalisé, les pays membres signeront l’accord et entameront leurs processus internes respectifs de mise en œuvre et de ratification. Une fois qu’au moins 6 des 11 pays auront ratifié le PTPGP, celui-ci entrera en vigueur parmi les pays qui l’auront ratifié. La majorité des réductions tarifaires sur les biens entreront en vigueur lorsque le PTPGP entrera en vigueur, comme toutes les dispositions de libéralisation pour les services et l’investissement. Les pays membres visent l’entrée en vigueur de la fin de 2018, mais cela pourrait glisser en 2019 en fonction de la rapidité avec laquelle les parties peuvent résoudre les questions de négociation en suspens et achever leurs procédures de ratification respectives.
Traduction alimentée par l’IA.
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