La portée des lois américaines sur les valeurs mobilières continue de se rétrécir

12 août 2010

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Écrit par Michael Eizenga and Keir Wilmut

Dans Morrison v. National Australia Bank Ltd., rendue en juin, la Cour suprême des États-Unis a mis fin au litige F-Cubed (lire U.S. Supreme Court Rejects F-Cubed Litigation). Abstraction faite de décennies de jurisprudence, la Cour suprême a statué que l’article 10(b) de la Securities Exchange Act et la règle 10b-5 de la SEC ne permettaient pas aux investisseurs étrangers de poursuivre les émetteurs étrangers aux États-Unis pour recouvrer les dommages allégués subis par les achats sur les bourses de valeurs étrangères. Poursuivant cette tendance, la Cour de district des États-Unis pour le district sud de New York a confirmé que la décision de la Cour suprême interdit également les litiges F-Squared: même les investisseurs américains ne sont pas en mesure de poursuivre les émetteurs étrangers aux États-Unis pour recouvrer les dommages allégués subis par les achats sur les bourses de valeurs étrangères.

Dans l’affaire Cornwell c. Credit Suisse Group, un groupe d’investisseurs américains a poursuivi Credit Suisse Global (CSG) pour fausses déclarations présumées concernant les pratiques de gestion des risques de CSG. Ces investisseurs américains avaient acheté des actions de CSG cotées soit à la Bourse de New York, soit à la Bourse suisse (SWX).

À la suite de la décision rendue dans l’affaire Morrison, CSG a présenté une requête en rejet des réclamations des demandeurs qui avaient acheté leurs actions sur le SWX. Les demandeurs ont fait valoir que Morrison ne s’appliquait qu’aux demandeurs étrangers et que les investisseurs américains pouvaient toujours intenter des poursuites lorsqu’il y avait un aspect américain à l’achat d’actions.

Dans une décision très ferme, la Cour de district a rejeté l’argument des plaignants comme une tentative « d’exhumer et de faire revivre le corps » du critère de « conduite et d’effet » rejeté par la Cour suprême. La Cour de district a jugé que la Cour suprême avait remplacé ce critère par une « nouvelle règle transactionnelle de démarcation claire » qui « ne laisse pas ouvertes les portes dérobées, les échappatoires ou la marge de manœuvre pour tenir compte des distinctions que les demandeurs demandent ».

Le critère est clair et catégorique : l’article 10(b) et la règle 10b-5 ne s’appliquent qu’à (i) l’achat ou la vente d’un titre coté dans une bourse américaine, ou (ii) l’achat ou la vente de tout autre titre aux États-Unis. Les réclamations fondées sur des opérations sur des bourses de valeurs étrangères ne peuvent pas être présentées aux États-Unis :

...§10(b) ne s’étendrait pas aux opérations de valeurs mobilières étrangères exécutées sur des devises étrangères même si elles étaient achetées ou vendues par des investisseurs américains, et même si certains aspects de la transaction se produisaient aux États-Unis.

L’effet de ce changement

Refuser aux Américains le droit d’intenter des poursuites devant les tribunaux américains (bien que contre des entités étrangères concernant des titres achetés sur des bourses étrangères) peut être controversé dans certains milieux. Cependant, en supposant qu’il ne soit pas annulé, nous nous attendons à ce que le rejet par la Cour de district du litige F-Squared favorise les effets que nous avons précédemment identifiés (lire U.S. Supreme Court Rejects F-Cubed Litigation) from the Supreme Court’s rejection of F-Cubed litigation:

  1. Les émetteurs canadiens courent un risque considérablement réduit d’être poursuivis devant les tribunaux américains (même par des Américains).
  2. Pour combler cette lacune, le nombre de recours collectifs en valeurs mobilières intentés au Canada pourrait augmenter. Les investisseurs américains qui achètent des actions cotées au Canada seront obligés d’intenter des poursuites au Canada.
  3. Les sociétés demanderesses canadiennes et américaines pourraient commencer à coopérer davantage, en intentant des cas similaires mais distincts en même temps des deux côtés de la frontière canado-américaine.
  4. Au fil du temps, les juridictions non américaines peuvent commencer à offrir une protection plus robuste aux investisseurs qui achètent des actions cotées sur leurs bourses nationales. S’ils ne le font pas, les investisseurs peuvent refuser d’acheter des actions dans leur juridiction de peur de ne pas avoir de recours.
  5. La question de savoir si les tribunaux canadiens deviendront tout aussi hésitants à autoriser la participation transfrontalière à des poursuites judiciaires reste ouverte. S’ils le font, il pourrait être plus difficile pour les investisseurs américains de faire partie de recours collectifs canadiens.

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