Comité technique de l’OMD sur les sanctions en matière d’évaluation en douane Utilisation d’études sur les prix de transfert

09 mai 2016

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Écrit par Darrel Pearson

Pour appuyer l’utilisation d’études sur les prix de transfert comme aide pour établir que les prix payés ou à payer ne sont pas influencés par la relation entre le vendeur et l’acheteur, l’Organisation mondiale des douanes (OMD) cherche depuis de nombreuses années à rapprocher les différences entre les prix de transfert à des fins fiscales et les valeurs en douane aux fins de l’évaluation des importations.

Les préoccupations portaient sur les différences entre le prix des marchandises importées considérées comme déductibles en tant que coût des marchandises vendues aux fins de la taxe et la valeur transactionnelle fondée sur ce prix, mais ajustée pour calculer la valeur en douane aux fins de l’évaluation des importations. En règle générale, les études sur les prix de transfert reposent sur les principes fiscaux des CD; les économistes appliquent ces principes en mettant l’accent sur les résultats en matière d’impôt sur le revenu. En raison de ces différences, les études sur les prix de transfert ne sont pas suffisamment granulaires et ne tiennent pas compte de la nature périodique (fiscale) par rapport à la nature transactionnelle (douanière) des analyses requises.

La législation douanière exige que l’importateur qui évalue ses importations achetées dans le cadre d’une transaction entre apparentés soit en mesure de démontrer que les prix payés ou à payer ne sont pas influencés par la relation s’il choisit d’évaluer ses importations en fonction de la méthode de la valeur transactionnelle, faute de quoi une autre méthode d’évaluation doit être entreprise. Il offre deux tests alternatifs qui peuvent être utilisés pour établir le manque d’influence:

  1. démontrer que la valeur déclarée se rapproche étroitement de l’une des quatre valeurs d’essai; ou
  2. démontrant que le vendeur et l’acheteur ont réglé le prix de la transaction comme s’ils avaient eu un lien de dépendance, le critère dit des « circonstances entourant la vente ».

Le Comité technique de l’évaluation en douane de l’OMD a récemment publié un commentaire sur l’utilisation de la documentation sur les prix de transfert sous la forme de l’étude de cas 14.1, qui reste soumise à l’approbation du Conseil de l’OMD. Le document décrit l’utilisation d’une étude sur les prix de transfert, fondée sur la méthode de la marge nette transactionnelle (MMTN), pour satisfaire au deuxième critère et conclut que le critère des circonstances de la vente peut être satisfait par référence à une étude sur les prix de transfert. Toutefois, l’incidence de l’étude de cas sur les autorités douanières nationales sera probablement considérablement réduite par le scénario de faits restreints soigneusement conçu et mis en garde contre le fait que l’utilisation d’études sur les prix de transfert doit être examinée au cas par cas.

L’étude de cas s’appuie sur un certain nombre de faits qui minent son utilité, dont les principaux sont les suivants :

  1. L’étude sur les prix de transfert est préparée par une entreprise indépendante;
  2. L’étude sur les prix de transfert est fondée sur le MMNN;
  3. L’étude sur les prix de transfert est examinée par les autorités fiscales des pays exportateurs et importateurs, et la fourchette des bénéfices sans lien de dépendance a été approuvée par les autorités fiscales;
  4. L’étude sur les prix de transfert est un élément clé d’un accord préalable sur les prix (APP) conclu par les autorités fiscales et l’exportateur et l’importateur;
  5. Aucun ajustement du prix payé ou à payer n’est nécessaire pour déterminer la valeur en douane, ce qui implique que le prix payé ou à payer comprend tous les coûts passibles de droits et n’inclut pas les coûts non passibles de droits;
  6. L’importateur n’effectue aucun redressement compensatoire aux fins de l’impôt à l’égard de l’année visée par l’étude sur les prix de transfert;
  7. Le prix payé ou à payer, la base de l’évaluation des importations, ne subit pas de changements notables au cours de l’année considérée;
  8. Toutes les dépenses d’exploitation engagées par l’importateur sont payées à des parties non liées;
  9. Il n’est pas possible d’établir un manque d’influence par référence à la méthode de la valeur d’essai.

Les autorités douanières se sont retrouvés avec de nombreux moyens de distinguer les faits, et donc les conclusions tirées, de l’étude de cas. Le rejet de la possibilité de s’appuyer sur une étude de prix de transfert pour établir un manque d’influence ne devrait pas découler de l’omission de conclure à la comparabilité (i) des faits d’un différend relatifs à l’influence sur la valeur de la transaction avec (ii) les faits qui minent les faits énumérés de l’étude de cas, que ces derniers soient pris seuls ou cumulativement.

La préparation de rapports sur les prix de transfert par des entreprises indépendantes est courante, mais pas nécessaire. Le contribuable, l’importateur ou l’exportateur peut avoir les ressources nécessaires pour produire ses propres rapports sur les prix de transfert fondés sur les principes de la DR et être suffisamment astucieux pour tenir compte, au besoin, afin de s’assurer que l’étude est utile pour l’évaluation des importations. Les autorités fiscales et douanières ne devraient pas présumer que l’étude sur les prix de transfert est erronée, intentionnellement ou non, parce qu’elle a été préparée par le contribuable, l’importateur ou l’exportateur.

Le TNMM est-il le seul moyen fondé sur des principes de la DC de mener une étude sur les prix de transfert qui soit utile à des fins douanières?

Pourquoi l’étude sur les prix de transfert doit-elle être approuvée par une autorité fiscale afin qu’une autorité douanière puisse s’y fier? Pourquoi le prix de transfert doit-il faire l’objet d’un APP? Devons-nous présumer que l’autorité douanière ne dispose d’aucun moyen indépendant d’établir son utilité aux fins de l’évaluation des importations?

Comment les rajustements aux fins de la taxe ou des douanes empêchent-ils de se fier à l’étude sur les prix de transfert? Et pourquoi les dépenses d’exploitation de l’importateur ne doivent-elles pas être engagées au nom de parties liées? Ces éléments ne peuvent-ils pas être pris en compte dans l’analyse?

Les distinctions temporelles établies aux fins de la taxe et des douanes sont à la base de la condition selon laquelle il n’y a pas de changements importants dans les prix payés ou à payer au cours de l’année visée par l’étude des prix de transfert. Toutefois, la préoccupation soulevée pourrait être éliminée en approfondissant la portée de l’étude sur les prix de transfert.

Enfin, pourquoi, comme cela est sous-entendu, le critère des circonstances de la vente doit-il passer au second plan par rapport à la méthode de la valeur du critère?

Bien que le Comité technique de l’OMD ait franchi une étape importante dans l’utilisation harmonisée des études sur les prix de transfert à des fins fiscales et douanières, il vaudra la peine d’être surveillé pour voir si ses recommandations se traduisent par une utilisation mondiale significative avec des résultats positifs, ou par un rejet général sur la base de distinctions fiscales/douanières ou des faits surconditionnés de l’étude de cas. Certains pays, comme le Canada, permettent déjà aux importateurs d’utiliser largement les études sur les prix de transfert pour démontrer un manque d’influence par la relation sur les prix payés ou payables dans la valeur transactionnelle, et n’exigent pas que chacune des cases de fait de cette étude de cas soit cochée.

L’étude de cas sert également à rappeler l’importance d’élaborer et de tenir à jour des documents contemporains aux fins des prix de transfert fiscaux et douaniers. Toutefois, cette documentation ne se limite pas aux rapports sur les prix de transfert. Il comprend des ententes écrites liant les parties aux prix de transfert à l’égard de la vente ou de la fourniture de biens, de services et de droits de propriété intellectuelle en ce qui a trait au rapport sur les prix de transfert et aux principes connexes. Ceux-ci sont mieux rédigés par des avocats expérimentés afin de s’assurer qu’ils sont juridiquement solides et correctement recoupés. Les conseils en matière de planification fiscale et douanière relatifs à la structuration et à la documentation des transactions internationales bénéficient du secret professionnel de l’avocat qui n’existe que lorsque les contribuables et les importateurs travaillent avec des avocats.

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