État d’avancement des mesures ciblant les sociétés privées à la suite du budget fédéral de 2018

12 mars 2018

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Écrit par Jared A. Mackey, L. Alan Rautenberg and Darcy D. Moch

Le budget fédéral, publié le 27 février 2018, a clarifié les plans fédéraux visant à modifier le traitement fiscal des sociétés privées et représente un recul important par rapport aux propositions annoncées en juillet 2017. En juillet 2017, le gouvernement a publié un document de consultation et un avant-projet de loi qui proposaient de modifier radicalement l’imposition des sociétés privées et de leurs actionnaires. Les propositions visaient à : a) le fractionnement du revenu entre les membres de la famille; b) le revenu de placement passif des sociétés privées; c) l’utilisation de l’exonération des gains en capital par des membres de la famille; et d) réaliser des gains en capital sur des actions de sociétés privées au lieu de recevoir des dividendes. Les propositions n’ont pas été bien accueillies dans le secteur des petites entreprises.

En octobre 2017, le gouvernement a annoncé qu’il n’irait pas de l’avant avec les changements proposés pour limiter l’accès à l’exonération des gains en capital ou les changements liés aux gains en capital. En décembre 2017, le gouvernement a publié un avant-projet de loi révisé visant à simplifier les règles proposées sur le fractionnement du revenu.

Le budget révèle l’approche envisagée par le gouvernement à l’égard du revenu de placement passif gagné par les sociétés privées. Le gouvernement a abandonné sa proposition de prélever de l’impôt sur le revenu de placement à des taux supérieur à 70 %. Le budget propose plutôt deux mesures. La première limitera l’accès au taux préférentiel d’imposition des petites entreprises. La seconde limitera un modeste avantage de report d’impôt qui pourrait survenir en ce qui concerne l’impôt remboursable sur le revenu de placement. Les deux mesures s’appliqueront aux années d’imposition commençant après 2018.

Limiter l’accès au taux d’imposition des petites entreprises

La première mesure réduira ou éliminera la déduction accordée aux petites entreprises si une société privée sous contrôle canadien (SPCC) a un revenu de placements important. Selon le gouvernement, environ 3 % des SPCC qui réclament le taux d’imposition des petites entreprises seront touchées par la mesure.

Une SPCC est généralement admissible au taux préférentiel d’imposition des petites entreprises sur sa première somme de 500 000 $ de revenu tiré d’une entreprise active. Selon la proposition budgétaire, si une SPCC gagne plus de 50 000 $ en revenu de placement passif au cours d’une année, le revenu admissible au taux d’imposition des petites entreprises sera réduit de 5 $ pour chaque 1 $ de revenu de placement supérieur au seuil de 50 000 $. Une fois qu’une SPCC a plus de 150 000 $ de revenu de placement, elle perdra complètement le taux d’imposition des petites entreprises. Contrairement aux propositions de juillet 2017, les sociétés privées qui ne sont imposables qu’aux taux généraux des sociétés ne seront pas touchées.

Le revenu de placement d’une SPCC pour la nouvelle mesure exclura les gains en capital sur les immobilisations utilisées dans le cadre d’une entreprise active et les gains en capital sur les actions de sociétés rattachées qui satisfont au critère de l’actif d’une entreprise active. Les dividendes de portefeuille et le revenu tiré d’une police d’assurance-vie pourraient réduire la déduction accordée aux petites entreprises.

Limiter l’accès aux taxes remboursables

La deuxième mesure du budget limite la capacité d’une SPCC d’avoir accès à des impôts remboursables lorsqu’elle verse des dividendes déterminés.

Le régime fiscal canadien intègre le revenu des sociétés aux dividendes versés aux actionnaires, ce qui signifie que le revenu gagné par une société et distribué à un actionnaire est imposé à peu près au même taux que le revenu gagné directement par un particulier. Le régime fiscal prévoit une intégration presque complète du revenu tiré d’une entreprise active imposé au taux général des sociétés et du revenu tiré d’une entreprise active imposé au taux des petites entreprises, en permettant que le revenu tiré d’une entreprise active imposé au taux général des sociétés le plus élevé soit distribué sous forme de dividendes déterminés qui sont imposables pour un bénéficiaire à un taux inférieur, et en exigeant que le revenu tiré d’une entreprise active imposé au taux préférentiel des petites entreprises soit distribué sous forme de dividendes non déterminés; imposable pour le bénéficiaire à un taux plus élevé.

Afin d’éliminer tout avantage de report découlant de l’obtention d’un revenu de placement dans une société privée, le système prélève un impôt remboursable supplémentaire sur ce revenu. Une partie de l’impôt des sociétés à payer est remboursable au moyen du compte d'« impôt en main remboursable au titre de dividendes » (IMTD), qui offre à la société un remboursement d’impôt lorsque des dividendes sont versés aux actionnaires. Habituellement, le revenu de placement serait distribué sous forme de dividende non déterminé, imposable pour le bénéficiaire à un taux supérieur à celui d’un dividende déterminé. Toutefois, une société qui gagne un revenu d’entreprise active imposé au taux général de la société peut verser des dividendes déterminés et recevoir un remboursement d’IMTD. Dans ces circonstances, il y a un modeste avantage de report d’impôt, puisque la société reçoit un remboursement d’IMTD et que l’actionnaire qui reçoit le dividende déterminé est imposé à des taux inférieurs.

La deuxième mesure cible cet avantage de report en prévoyant que l’IMTDI généré par le revenu de placement ne peut être remboursé que si un dividende non déterminé est versé. L’objectif de la mesure est de « mieux harmoniser le remboursement de l’impôt payé sur le revenu passif avec le paiement de dividendes provenant d’un revenu passif ». Le budget propose la création d’un compte d’IMTRP déterminé, qui comprendra l’impôt remboursable payé sur les dividendes déterminés reçus par une société et qui sera remboursable sur le paiement d’un dividende déterminé. Le compte actuel d’IMTD deviendra un compte d’IMTRP non déterminé et comprendra les impôts remboursables payés sur le revenu de placements autres que les dividendes déterminés.

Selon les propositions, une SPCC ne peut obtenir un remboursement de son compte d’IMTDR non déterminé qu’en versant un dividende non déterminé. En revanche, une SPCC peut obtenir un remboursement de son « IMTDR déterminé » en versant tout dividende imposable (déterminé ou non déterminé). Toutefois, tout dividende non déterminé doit d’abord obtenir un remboursement de l’IMDR non déterminé.

En vertu des règles transitoires, une SPCC aura un compte d’ouverture « IMTD admissible » égal au moindre de son compte d’IMTD existant ou de 38,33 % de son « compte de revenus à taux général », représentant le revenu imposé au taux général des sociétés le plus élevé. Le solde de son IMTDR existant sera inclus dans son compte d’IMTDR non admissible. Par conséquent, les SPCC peuvent généralement continuer de recevoir un remboursement de l’impôt payé sur le revenu de placement gagné avant 2019 au moyen de la distribution de dividendes déterminés. La période de transition avant l’entrée en vigueur du nouveau régime peut offrir des possibilités de planification.

Les propositions fiscales du gouvernement touchant les sociétés privées continuent d’évoluer. Veuillez communiquer avec n’importe quel membre du groupe Bennett Jones Tax si vous souhaitez discuter de la façon dont les dernières annonces peuvent vous affecter ou affecter votre entreprise.

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