Ordres de Norwich

11 août 2011

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Une partie ne dispose pas toujours de tous les renseignements nécessaires pour prendre une décision éclairée d’intenter une poursuite. Cela peut se produire lorsque des courriels anonymes et diffamatoires ont été envoyés, lorsqu’un appareil qui pourrait enfreindre un brevet n’est pas accessible au public, ou lorsque les documents financiers qui démontrent la nature et l’étendue d’une fraude sont exclusivement entre les mains d’une banque.

Les tribunaux ont mis au point un mécanisme pour obliger des tiers innocents à fournir des documents et des renseignements à un demandeur potentiel dans le but d’intenter une poursuite. Ce recours est disponible lorsque le demandeur croit qu’il a été lésé et a besoin de l’aide du tiers pour déterminer comment exercer ses recours juridiques.

Communément appelée ordonnance de Norwich, cette procédure est un outil précieux dans les litiges où des renseignements essentiels sont inconnus et est nécessaire pour examiner correctement si un litige devrait être intenté.

Prenant son nom de Norwich Pharmacal Co. v. Commissioners of Customs & Excise,1 l’ordonnance originale de Norwich permettait à une société pharmaceutique d’obtenir l’identité d’une partie important secrètement le médicament de la société, qui était protégé par un brevet, des autorités douanières. En exigeant des autorités douanières tierces qu’elles divulguent l’identité du trafiquant de drogue inconnu, la Chambre des lords a déclaré : « Une personne qui se mêle aux actes délictuels d’autrui afin de faciliter son méfait ... peut n’encourir aucune responsabilité personnelle, mais il a l’obligation d’aider la personne qui a été lésée en lui donnant tous les renseignements et en divulguant l’identité des malfaiteurs.

Les tribunaux canadiens ont importé l’ordonnance de Norwich. Lorsqu’il est confronté à une demande d’ordonnance de Norwich, le tribunal examinera si :

a) le demandeur a démontré qu’il s’agit d’une demande valide, de bonne foi ou raisonnable;

b) le demandeur a établi que le tiers à qui les renseignements sont demandés est d’une façon ou d’une autre impliqué dans les actes faisant l’objet de la plainte;

c) le tiers est la seule source d’information possible; et

d) l’intérêt de la justice favorise l’obtention de la divulgation du tiers.

Les ordonnances de Norwich ont souvent été accordées lorsqu’une banque reçoit des fonds qui auraient été obtenus par fraude. Dans une telle affaire, la Cour a statué que la banque est impliquée dans l’affaire parce que, sans sa participation, la réception illicite et le transfert possible de fonds n’auraient pas pu se produire. Ce sont les renseignements confidentiels que possède la banque qui mèneront le demandeur aux renseignements requis pour déterminer si une procédure judiciaire est appropriée.

Des ordonnances de Norwich ont également été accordées pour obtenir l’identité de personnes utilisant Gmail, le service de courrier électronique internet gratuit de Google, pour envoyer des courriels anonymes et diffamatoires. Comme dans le cas des banques, on ne prétend pas que Google ou le fournisseur de services Internet sont complices de l’acte répréhensible, mais plutôt que la facilitation des communications anonymes équivaut à une implication au-delà du simple fait d’être un simple témoin. Particulièrement dans des cas comme celui-ci, il est peu probable que le demandeur puisse jamais connaître l’identité du défendeur potentiel par d’autres moyens que la divulgation de Google et/ou du fournisseur de services Internet.

Les ordonnances de Norwich ne sont pas accordées à la légère. Le tribunal est tenu de trouver un équilibre entre l’avantage pour le demandeur de révéler les renseignements souhaités et le préjudice causé à l’auteur présumé de l’erreur dans la divulgation des renseignements. La Cour tiendra compte de la nature des renseignements demandés, du degré de confidentialité accordé aux renseignements par la partie contre laquelle l’ordonnance est demandée et de la mesure dans laquelle l’ordonnance demandée limite l’utilisation des renseignements. Les tribunaux examineront également les questions constitutionnelles, comme la liberté d’expression, lorsqu’ils seront saisis d’une telle requête.

Les avocats de Bennett Jones ont une expérience considérable dans l’obtention d’ordonnances norwich dans un large éventail de questions.


Remarques :
  1. [1974] A.C. 133 (H.L.) à la p. 175

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