La Cour d’appel autorise une demande d’accréditation syndicale en cas d’insolvabilité Suspension des procédures

03 mai 2017

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Écrit par Sean Zweig and Preet K. Bell

La Cour d’appel de l’Ontario a récemment rendu une décision accueillant une demande d’accréditation d’un syndicat pour aller de l’avant face à une mise sous séquestre de l’employeur. La décision a suscité une forte dissidence de la part du juge Lauwers, laissant entendre que la décision de la majorité « entraînerait un changement radical dans le droit de l’insolvabilité ».

L’affaire Romspen Investment Corporation v Courtice Auto Wreckers Ltd., 2017 ONCA 301, implique une autre intersection entre le droit fédéral de l’insolvabilité et le droit du travail provincial, une question qui a donné lieu à un examen judiciaire assez important au cours des dernières années. Le 19 octobre 2015, un séquestre a été nommé pour plusieurs sociétés, y compris l’employeur, et un sursis était en vigueur prévoyant qu’aucune procédure ne pouvait être intentée contre le séquestre ou les débiteurs, sauf avec le consentement du séquestre ou la permission de la Cour. Le 9 décembre 2015, le syndicat a présenté une demande d’accréditation à la Commission des relations de travail de l’Ontario (CRTO) afin de représenter une unité de négociation de six employés. Le syndicat a affirmé que deux jours plus tard, le séquestre avait congédié quatre des six employés et embauché de nouveaux travailleurs de remplacement; par conséquent, le 18 décembre, le syndicat a également déposé une plainte pour pratique déloyale de travail auprès de la CRTO à l’égard des actions du séquestre. La CRTO a suspendu la demande du syndicat à la lumière de la suspension en vertu de l’ordonnance de mise sous séquestre, de sorte que le syndicat a demandé à la Cour l’autorisation d’aller de l’avant avec ses demandes. Le juge saisi de la requête a refusé l’autorisation.

Les juges majoritaires de la Cour d’appel, dans une décision rédigée par le juge MacPherson, ont infirmé la décision du juge saisi de la requête et accordé l’autorisation, n’étant pas d’accord avec tous les motifs du juge saisi de la requête :

À la lumière de ce qui précède, la Cour d’appel a examiné à nouveau si le syndicat devrait être autorisé à aller de l’avant avec sa demande d’accréditation. Les juges majoritaires ont conclu qu’il y avait eu un préjudice important pour le syndicat et les employés en ne levant pas de la suspension, et peu de préjudice important pour le séquestre et les créanciers, et ont donc accordé l’autorisation. La juge MacPherson a souligné que « [l]es droits professionnels ne cessent pas lorsque les procédures d’insolvabilité commencent ». 

En ce qui concerne la plainte de pratique déloyale de travail déposée par le syndicat contre le séquestre, le juge MacPherson a également accordé l’autorisation d’aller de l’avant, déclarant que le seuil d’octroi d’un congé contre un séquestre n’est pas élevé et qu’en l’espèce, compte tenu du moment des congédiements, la plainte était clairement fondée à première vue.

Le juge Lauwers a rédigé une dissidence assez longue et forte, abordant les arguments précis soulevés par les deux parties, mais mettant également en garde contre les effets potentiels plus larges de la décision de la majorité. Le juge Lauwers a mis l’accent sur certains principes directeurs du droit de l’insolvabilité, notamment les suivants:

Ces principes directeurs, combinés à d’autres arguments constitutionnels et législatifs, ont amené le juge Lauwers à être fortement en désaccord avec la majorité et à émettre des mises en garde, notamment :

« À mon avis, donner carte blanche aux syndicats pour commencer les efforts de certification des entreprises insolvables après la date de la nomination d’un fiduciaire ou d’un séquestre ou la date d’une ordonnance en vertu de la LACC entraînerait un changement radical dans le droit de l’insolvabilité; elle modifierait profondément la dynamique économique de l’insolvabilité et la question de savoir si la voie de la LACC est préférable à la faillite pure et simple.

Bien que cette affaire puisse être plus étroitement applicable en fonction de ses faits, les commentaires du juge Lauwers mettent en évidence certaines préoccupations plus larges potentiellement importantes. Les pouvoirs d’un syndicat et les droits de négociation collective dans le cadre d’une procédure d’insolvabilité peuvent être importants. Le principe général d’une procédure de mise sous séquestre ou de la LACC est qu’il y a un maintien automatique du statu quo sous réserve d’exceptions extraordinaires étroites. Cette affaire prévoit ce qui pourrait être une exception assez importante — l’accréditation potentielle d’un syndicat (avec tous ses droits et recours correspondants) — à l’égard d’une entreprise que le séquestre tente activement de vendre à un moment où elle fait l’objet d’un arrêt des procédures ordonné par le tribunal. L’impact potentiel de la levée de la suspension dans ces circonstances pourrait être important et, à tout le moins, pourrait fournir aux employés un niveau de pouvoir de négociation qu’ils n’avaient pas lorsque la mise sous séquestre a commencé.

L’autorisation d’interjeter appel de cette décision devant la Cour suprême du Canada n’a pas encore été demandée. Si l’autorisation est demandée, la Cour suprême pourrait se prononcer sur cette occasion pour se prononcer davantage sur l’intersection de l’insolvabilité fédérale et des lois provinciales du travail.

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