Bennett Jones Perspectives économiques de l’automne 2013

04 novembre 2013

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Écrit par David A. Dodge O.C., Richard Dion and John M. Weekes

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Ces Perspectives économiques comportent trois sections. La première porte sur la dynamique récente et les perspectives à court terme de l’économie mondiale. La seconde présente une analyse du contexte et de la conduite de la politique monétaire américaine au cours des dernières années et à court terme. La dernière section passe en revue les statistiques récentes sur le commerce international et les négociations commerciales.

Croissance économique : le chemin à parcourir reste cahoteux

Dynamique récente de l’économie mondiale

La croissance mondiale pour 2013 s’avère un peu plus lente que le taux réel pour 2012 et le taux projeté pour 2013 dans le Bennett Jones Printemps 2013 Perspectives économiques. Jusqu’à présent cette année, la croissance aux États-Unis a été légèrement inférieure à ce que nous avions prévu au printemps dernier, en grande partie parce que le ralentissement budgétaire a été plus important que nous ne le supposions. Comme prévu, l’Europe a continué de se contracter, la croissance chinoise a légèrement baissé en moyenne et la croissance dans d’autres marchés émergents a été terne. Mais il y a maintenant de bonnes indications qu’une certaine reprise durable du rythme de l’activité mondiale pourrait bien avoir commencé. Il proviendrait en grande partie d’une croissance un peu plus rapide dans les économies avancées, car le rythme de progression en Chine et dans d’autres économies émergentes devrait rester inférieur à celui atteint en 2010-12.

Les indicateurs économiques récents indiquent une croissance accélérée au Royaume-Uni et au Japon, une économie de la zone euro qui s’améliore lentement (quoique très fragile) et une croissance relativement robuste du secteur privé aux États-Unis, compensée par un ralentissement budgétaire accru. Le regain d’optimisme quant aux perspectives de croissance aux États-Unis et les attentes selon lesquelles les autorités monétaires américaines stimuleraient bientôt l’économie en « diminuant » les achats d’obligations ont conduit cet été à une hausse abrupte des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis, avec un resserrement conséquent des conditions financières aux États-Unis et dans le reste du monde. en particulier les économies émergentes qui ont d’importants déficits du compte courant et du budget.

C’est dans ce contexte que nous prévoyons qu’une certaine accélération de la croissance économique mondiale se produirait en 2014 et 2015 et qu’une grande partie de l’accélération proviendrait des économies avancées. L’économie mondiale à deux vitesses que nous avons vue en 2011-12 commence lentement à céder la place à une croissance mondiale plus équilibrée avec les marchés émergents et les économies avancées qui connaissent une croissance plus similaire en 2014-15.

Perspectives à court terme: 2013-151

La croissance mondiale en 2013 sera probablement très proche des trois pour cent enregistrés en 2012 et projetés pour 2013 dans le Bennett Jones Spring 2013 Economic Outlook. Toutefois, une contribution un peu plus importante que prévu proviendra des économies avancées et d’une contribution proportionnellement plus faible des économies émergentes. Comme prévu au printemps dernier, la croissance économique mondiale prévue devrait atteindre le taux plus élevé, mais toujours modéré, de 3,5 % en 2014. Nous prévoyons une légère amélioration à 3,6 % en 2015, à mesure que les économies avancées prennent de l’ampleur, en partie en raison d’une réduction de la pression budgétaire et d’une diminution du désendettement du secteur privé. La Chine devrait connaître une croissance un peu plus lente au cours des deux prochaines années, en partie en raison des efforts déployés pour freiner l’expansion du crédit et parvenir à une croissance plus équilibrée. D’autres économies émergentes ne connaîtraient une croissance que modérément plus rapide qu’en 2013 pour diverses raisons, notamment le ralentissement de la croissance chinoise, des prix relativement stables des produits de base et un resserrement des conditions financières induit par l’extérieur. L’expansion des économies émergentes reste suffisamment solide (ainsi que l’amélioration de la croissance dans les économies avancées) pour soutenir les prix du pétrole et des minéraux aux niveaux actuels.

Perspectives à court terme de croissance de la production (%)

  2012 2013 2014 2015
Canada 1.7 (1.8) 1.6 (1.5) 2.1 (2.7) 2.3
États-Unis 2.2 (2.2) 1.5 (1.9) 2.6 (3.0) 3.2
Zone euro -0.5 (-0.5) -0.3 (-0.6) 1.0 (1.0) 1.3
Chine 7.8 (7.8) 7.6 (7.7) 7.4 (7.7) 7.3
Monde 3.0 (3.0) 2.9 (3.0) 3.5 (3.6) 3.6

*Les chiffres entre parenthèses sont tirés des Bennett Jones Spring 2013 Economic Outlook.

La croissance aux États-Unis devrait tomber à 1,5 % en 2013, contre 2,2 % en 2012, en partie en raison d’une croissance plus lente que prévu de la consommation personnelle et de l’investissement des entreprises et de réductions plus importantes des dépenses publiques. En fait, le ralentissement budgétaire mesuré par la variation de l’équilibre budgétaire global passe de 1,4 % du PIB en 2012 à 2,5 % en 2013, en partie à cause des réductions automatiques des dépenses qui ont commencé en mars (ce qu’on appelle le séquestre). La fermeture partielle du gouvernement américain en octobre est supposée réduire la croissance annuelle de la production de 0,1 point de pourcentage en 2013 en raison du resserrement budgétaire induit et de la perte de confiance associée. La croissance du PIB réel s’accélère pour atteindre 2,6 % en 2014 et 3,2 % en 2015, soutenue par plusieurs facteurs :

  1. Un rythme solide de la consommation et une croissance rapide de l’investissement dans le logement, soutenues par des gains dans l’emploi et la richesse personnelle et par le ré-effet de levier des ménages;
  2. La diminution du frein à la croissance de la politique budgétaire, les compressions budgétaires (en pourcentage du PIB) devant être réduites de moitié en 2014; et
  3. Une certaine reprise de l’investissement des entreprises en réponse à de meilleures perspectives de croissance, avec beaucoup de liquidités disponibles pour les dépenses.

La zone euro devrait reprendre sa croissance à un rythme tiède d’environ un pour cent par an au cours des deux prochaines années, après un déclin de l’activité en 2012 et 2013. Le désendettement des ménages et des banques et l’assainissement des finances publiques continuent de peser sur les dépenses globales, mais dans une moindre mesure que les années précédentes (le resserrement budgétaire a réduit de moitié à 0,5 % du PIB en 2014), tandis qu’une reprise de la demande mondiale favorise la croissance des exportations.

La croissance en Chine, en revanche, tombe de l’ordre de 7 à 7,5 % au cours des deux prochaines années, passant de 7,8 % en 2012 à 9,3 % en 2011, car un ralentissement de la croissance de l’investissement et l’effet modérateur de l’appréciation du renminbi ces dernières années sur les exportations nettes ne sont que partiellement compensés par la poursuite de l’urbanisation et un raffermissement progressif de la consommation des ménages. Il est peu probable que les autorités chinoises essaient de contrer un ralentissement modéré de la demande globale, car cela compromettrait la transition vers une croissance plus équilibrée (et durable).

Comme prévu au printemps dernier, la croissance canadienne demeure modérée à 1,6 % en 2013, comparativement à 1,7 % en 2012. Nous prévoyons que la croissance atteindra 2,1 % en 2014 et 2,3 % en 2015, principalement en raison d’un certain renforcement de l’investissement fixe et des exportations des entreprises à mesure que la croissance mondiale s’améliore et que la confiance augmente. En particulier, une croissance plus rapide de la production industrielle américaine devrait soutenir une croissance plus forte des exportations canadiennes de matières premières et de produits semi-finis. Cela dit, le renforcement prévu de l’investissement et des exportations des entreprises serait moins prononcé que dans de nombreuses autres prévisions et, pour cette raison, la croissance globale du Canada dans ces perspectives serait légèrement plus faible que dans une prévision consensuelle. Quoi qu’il en soit, il est considérablement plus lent que prévu au printemps dernier, non seulement en termes absolus, mais par rapport à la croissance américaine. Notre pessimisme relatif à l’égard du Canada reflète en partie nos attentes selon lesquelles la faible compétitivité des coûts continuerait de freiner la croissance des exportations et des investissements étrangers entrants, même si le dollar canadien se négocie dans une fourchette inférieure de 0,91 $US à 0,98 $ US au cours des deux prochaines années. Le manque de compétitivité des coûts touche non seulement le secteur manufacturier, mais aussi de nombreuses industries de services et certaines industries primaires. Les perspectives de gains de compétitivité grâce à une croissance plus rapide de la productivité ou à des augmentations de rémunération plus lentes sont très incertaines. En même temps que le manque de compétitivité des coûts freine la croissance des exportations et de l’investissement, un niveau élevé d’endettement des ménages et des taux d’intérêt hypothécaires plus élevés freinent la croissance des dépenses personnelles.

Avec les taux projetés de croissance du PIB réel à peine plus rapides que les taux de croissance potentiels prévus de la production d’environ deux pour cent au cours des deux prochaines années, les capacités inutilisées de l’économie canadienne ne diminueraient que graduellement. L’économie serait encore dans un état d’offre excédentaire à la fin de 2015. Par conséquent, bien qu’elle augmente progressivement, l’inflation resterait probablement en deçà de la cible de deux pour cent jusqu’à la fin de 2015 et les pressions en ce qui concerne l’augmentation du taux directeur du financement à un jour ne se feraient probablement pas sentir avant la fin de 2015.

Risques pour les perspectives

Les perspectives mondiales et canadiennes pour 2014-15, bien qu’elles se soient améliorées par rapport à 2013, sont un peu moins robustes que ce à quoi on pourrait s’attendre en raison des reprises économiques passées. Le désendettement, en particulier dans le secteur public, continue de freiner la croissance dans les économies avancées, tandis que les déséquilibres structurels ralentissent l’expansion rapide des marchés émergents. Mais même nos perspectives d’une croissance modérée de 31/2 % dans l’économie mondiale sont quelque peu fragiles, car les risques à la baisse de la croissance continuent probablement de dominer les risques à la hausse.

Les risques à la baisse sont principalement liés à :

  1. L’émergence de développements politiques défavorables (p. ex., contrecoup contre l’ajustement, absence de progrès vers l’union bancaire) dans une zone euro qui doit encore faire face à un système financier fragmenté, à une dette publique élevée et à des problèmes structurels;
  2. Une croissance plus faible en Chine si la consommation des ménages ne reprend pas suffisamment alors que l’investissement diminue par rapport au PIB, ce qui a des conséquences négatives sur les prix des produits de base et le commerce mondial; et
  3. Conséquences inattendues du dénouement de la politique monétaire non conventionnelle des États-Unis, qui pourrait entraîner des turbulences sur les marchés financiers et un resserrement excessif des conditions financières dans le monde entier (voir la section suivante, La politique monétaire américaine au cours des dernières années et à l’avenir).

D’un autre côté, la croissance américaine pourrait rebondir plus fortement que prévu, la croissance en Europe et au Japon pourrait surprendre à la hausse, et les perspectives d’expansion du commerce mondial pourraient fournir un certain risque à la hausse (voir la dernière section, Développements du commerce).

Conclusion

La politique monétaire américaine ces dernières années et à l’avenir

Les taux d’intérêt à long terme aux États-Unis, au Canada et dans de nombreux autres pays ont augmenté et ont affiché une volatilité considérable depuis avril dernier, avec d’importants effets collatéraux sur les prix des actions et les taux de change. Cette turbulence est née des réactions du marché aux nouvelles optimistes sur l’emploi aux États-Unis et aux déclarations de politique officielle concernant les perspectives d’ajustement de la politique monétaire américaine via une réduction progressive des achats d’obligations par la Réserve fédérale. Bien que ces réactions du marché aient été exagérées, il n’est guère surprenant que les changements à venir de la politique monétaire américaine attirent beaucoup d’attention dans le monde entier, car ils ne manqueront pas d’avoir des effets importants sur un large éventail de classes d’actifs (par exemple, les obligations, les actions et les devises) et dans toutes les régions du monde, et donc des implications importantes pour les perspectives économiques mondiales. Les questions spécifiques que les marchés et les décideurs politiques du monde entier se posent actuellement en ce qui concerne la politique monétaire américaine sont les suivantes:

Afin d’avoir une perspective appropriée sur ces questions et leurs réponses potentielles, la présente section présente une analyse du contexte et de la conduite de la politique monétaire américaine au cours des dernières années et à court terme. 2

Avant la crise financière, les banques centrales des économies avancées poursuivaient des objectifs de stabilité des prix (comme au Canada) ou d’emploi maximal compatible avec la stabilité des prix (comme aux États-Unis) en s’appuyant sur un outil bien compris : les changements dans les taux directeurs à un jour, que les marchés financiers transmettraient de manière fiable aux taux d’intérêt à long terme. On pourrait compter sur l’évolution des conditions financières qui en résulte, y compris les variations possibles du taux de change, pour aligner les dépenses réelles sur la production potentielle et, par conséquent, aligner progressivement l’inflation réelle sur l’inflation cible. 3 La dernière crise financière, cependant, a grandement exacerbé la gravité de toute baisse typique du cycle économique. Les fortes baisses actuelles et attendues de la production et de l’inflation ont incité les banques centrales à réduire rapidement les taux d’intérêt à court terme à près de zéro, bien que les vitesses précises de réduction varient d’une banque centrale à l’autre. En décembre 2008, la Réserve fédérale américaine avait réduit le taux des fonds fédéraux à près de zéro, donc aussi bas qu’il pouvait aller, mais a jugé que d’autres accommodements monétaires étaient néanmoins nécessaires pour endiguer les risques d’une récession prolongée et d’une déflation des prix qui en résonnait. Avec des taux à court terme bloqués à leur limite zéro, une détente monétaire supplémentaire devrait être fournie par des taux d’intérêt réels à long terme plus bas. Pour parvenir à une réduction maximale des taux à long terme, la Fed s’est appuyée sur deux outils non conventionnels : l’orientation prospective et les achats d’obligations.

L’orientation prospective implique la gestion des attentes du marché à l’égard des taux directeurs futurs. Il a été utilisé avec succès non seulement par la Fed, mais aussi par la Banque du Canada et d’autres banques centrales. Les banques centrales pourraient abaisser les taux d’intérêt réels à long terme en renforçant les attentes selon lesquelles les taux à court terme resteront bas pendant longtemps. La Fed a commencé à utiliser des indications prospectives à la mi-décembre 2008, lorsque le FOMC a déclaré qu’il « anticipe... des niveaux exceptionnellement bas du taux des fonds fédéraux pendant un certain temps. Ce message a été étendu et modifié à plusieurs reprises, mais en décembre 2012, la Fed est passée de l’orientation temporelle à l’orientation conditionnelle afin d’accroître la clarté de son message sur les conditions dans lesquelles elle laisserait son taux directeur près de zéro. Ainsi, le FOMC a déclaré qu’il « prévoit actuellement que cette fourchette exceptionnellement basse pour le taux des fonds fédéraux [0 à 1/4 pour cent] sera appropriée au moins tant que le taux de chômage reste supérieur à 61/2 pour cent, l’inflation entre un et deux ans à l’avance ne devrait pas être plus d’un demi-point de pourcentage au-dessus de l’objectif de deux pour cent à long terme du Comité, et les attentes d’inflation à long terme continuent d’être bien ancrées. Plus récemment, le 1er août 2013, la Banque d’Angleterre a fourni des indications conditionnelles similaires liant les ventes de taux et d’actifs de la Banque à un seuil de chômage de sept pour cent, sous réserve des conditions concernant l’inflation projetée, les attentes d’inflation à moyen terme et la stabilité financière.

Le deuxième outil non conventionnel utilisé par la Fed pour abaisser les taux d’intérêt réels à long terme consiste à élargir son bilan en imprimant de l’argent pour acheter des obligations. 4 Ces opérations font baisser les rendements obligataires à long terme en signalant qu’une banque centrale est prête à faire tout son mieux pour maintenir les taux d’intérêt bas plus longtemps, en réduisant l’offre d’obligations à négocier, augmentant ainsi leurs prix et réduisant leurs rendements, et en incitant les investisseurs à « atteindre le rendement », acceptant ainsi des rendements plus faibles pour les actifs plus risqués (p. ex., obligations de sociétés). À compter de mars 2009, la Fed a mis en œuvre trois séries d’achats d’obligations ou d’assouplissement quantitatif en plus du Programme de prolongation des échéances, qui a vendu à court terme en échange de bons du Trésor à long terme. À l’heure actuelle, la Fed achète 45 milliards de dollars de bons du Trésor et 40 milliards de dollars de titres hypothécaires d’agence chaque mois. Dans l’ensemble, la Fed a actuellement 3 billions de dollars supplémentaires de bons du Trésor et de titres d’agence dans son bilan par rapport au début de 2009.

Les taux d’intérêt à long terme ont suivi une tendance à la baisse pendant la majeure partie de la période allant de la fin de 2008 à l’été 2012. Par exemple, les rendements des obligations du Trésor américain à 10 ans sont généralement passés d’une moyenne de 3,2 % au quatrième trimestre de 2008 à un creux de 1,6 % au troisième trimestre de 2012. Comme le suggèrent des études empiriques, cette baisse reflète en partie les effets combinés de l’orientation prospective et des achats d’obligations. On estime que divers programmes d’achat d’obligations ont réduit les rendements des obligations américaines à 10 ans de 90 à 200 points de base. 5 Les faibles perspectives de croissance ont également fait baisser les taux d’intérêt à long terme en raison des attentes de faibles taux à court terme et d’une faible inflation pour plus longtemps.

Conditionnées par une période prolongée d’accommodements monétaires exceptionnels, les traders ont réagi violemment en mai et juin de cette année aux nouvelles optimistes sur l’emploi, qui ont confirmé des perspectives positives pour l’économie américaine, et aux déclarations de politique suggérant la simple perspective d’une réduction progressive des achats d’obligations par la Fed à partir de l’automne ou du début de l’hiver 2013. Ils se sont probablement également rendu compte que les taux d’intérêt à long terme étaient tombés à des niveaux insoutenablement bas. 6 Ainsi, les traders ont rapidement essayé de vendre des bons du Trésor américain. Une flambée des rendements obligataires américains a éclaté, se répercutant sur toutes les classes d’actifs et les régions du monde. Aux États-Unis, les rendements des bons du Trésor à 10 ans sont passés d’un creux de 1,7 pour cent au début de mai à un sommet de 2,9 pour cent au début de septembre. Cela a entraîné une forte hausse des taux hypothécaires, la crainte que la reprise du marché de l’habitation ne soit avortée et la crainte que le resserrement du crédit aux entreprises ne ralentisse la reprise. Pour atténuer le resserrement des conditions financières qui en a résulté, qu’ils ont jugé prématuré, la Fed, la BCE et la Banque d’Angleterre, entre autres, ont publié des directives prospectives selon lesquelles la politique monétaire resterait très accommodante tant que les conditions macroéconomiques le justifieraient. Néanmoins, ce n’est qu’avec l’annonce inattendue du FOMC le 18 septembre qu’il garderait son programme d’achat d’obligations intact pour le moment, qu’un léger recul des rendements obligataires par rapport à leur sommet précédent s’est produit. Au début d’octobre, les rendements des bons du Trésor à 10 ans et des obligations du Canada à 10 ans étaient encore supérieurs à leur creux de 1,7 % au début de mai, de plus de 90 points de base et de 80 points de base respectivement.

Avec le recul, il semble que les traders et les observateurs de la Fed aient subi un changement soudain et majeur dans leurs attentes concernant les perspectives d’un renversement de la politique monétaire. Leur point focal était les nouvelles optimistes sur l’emploi combinées aux déclarations de la Fed sur les perspectives à court terme d’une réduction progressive plutôt que le modèle fondamental d’intervention de la Fed. Les ajustements continus des attentes ont entraîné une volatilité beaucoup plus grande des rendements obligataires depuis avril dernier.

Le modèle fondamental d’intervention de la Fed est une variante du plan directeur utilisé par les banques centrales qui ont une cible d’inflation, comme la Banque du Canada. En fixant la politique monétaire, la Fed cherche à aligner l’inflation sur son objectif à long terme de deux pour cent et l’emploi en ligne avec les évaluations de son niveau maximum. Ces objectifs sont clairement complémentaires dans la situation actuelle, en ce que les capacités inutilisées considérables de l’économie font actuellement baisser l’inflation et l’emploi en deçà de leurs niveaux cibles. Étant donné que les changements de politique monétaire affectent la quantité de capacités inutilisées dans l’économie et leur impact sur l’inflation et l’emploi avec des retards, la Fed envisagerait de commencer à retirer la détente monétaire lorsque ses perspectives à moyen terme pour l’économie, qui intègrent toutes les données économiques actuelles pertinentes, suggèrent que sur la politique actuelle, il existe des risques importants que l’inflation dépasse sa cible entre un et deux ans à l’avance d’un montant important. Ces conditions ne sont pas susceptibles de se matérialiser avant un certain temps. Pourtant, un rebond des taux d’intérêt à long terme induit par le marché cet été a effectivement resserré les conditions financières C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles la Fed a décidé de ne pas commencer à diminuer progressivement en septembre, contrairement aux attentes du marché. 7

À l’avenir, la Fed devra décider d’une série de deux séries d’événements : premièrement, quand diminuer la stimulation supplémentaire fournie par les achats d’obligations, c’est-à-dire quand commencer à réduire progressivement les achats d’obligations et pour combien de temps, il est tenu compte du fait que l’annonce de la réduction progressive est susceptible d’entraîner une certaine hausse des taux d’intérêt à long terme et donc de resserrer les conditions financières; et deuxièmement, plus tard, quand commencer à normaliser la politique monétaire, c’est-à-dire commencer à relever le taux directeur du financement à un jour dans le but explicite de retirer les mesures de relance.

En ce qui concerne la réduction progressive, les indications prospectives suggèrent que, comme l’économie américaine donne des signes de progrès significatifs et durables dans la réduction des capacités inutilisées sur le marché du travail et l’économie en général, il sera approprié de commencer à réduire les achats d’obligations et, éventuellement, de les arrêter complètement. Sur la base des récentes projections économiques de la Fed, de celles qui viennent d’être publiées par le FMI et des prévisions privées, il semble probable que l’économie américaine donnera des indications d’une amélioration suffisante au premier semestre de l’année prochaine (en supposant qu’il n’y ait pas d’imbroglio budgétaire prolongé) pour justifier une réduction du rythme des achats d’obligations. À mesure que les perspectives d’une croissance plus forte s’enracinent, que la réduction progressive des achats d’obligations devient plus imminente pour les participants au marché et que les attentes d’une hausse des taux directeurs d’ici deux ans deviennent plus fermement maintenues, les taux américains à long terme devraient commencer à augmenter avant toute mesure prise par la Fed. Dans l’ensemble, on pourrait voir les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans atteindre 3-3,5 pour cent d’ici la fin de 2014 et peut-être 3,5-4 pour cent d’ici la fin de 2015, contre environ 2,5-2,6 pour cent en octobre 2013. En se déplaçant à peu près en parallèle, les rendements des obligations canadiennes à 10 ans pourraient passer à plus de trois pour cent d’ici la fin de 2014 et à près de quatre pour cent d’ici la fin de 2015, contre environ 21/2 pour cent en octobre 2013.

Plus tard, à mesure que le chômage baissera et que l’inflation s’approchera de 21/2 %, la politique monétaire devra être normalisée, c’est-à-dire que le taux directeur (le taux cible des fonds fédéraux) devra passer de près de zéro. Compte tenu de l’ampleur substantielle des capacités inutilisées de l’économie américaine à l’heure actuelle et, par conséquent, des perspectives d’inflation modérée pendant plusieurs années, et étant donné que le FOMC a l’intention de maintenir le taux actuel des fonds fédéraux « au moins aussi longtemps que » le chômage reste supérieur à 6,5 pour cent et peut-être un niveau inférieur à celui-ci pour tenir compte d’autres mesures de resserrement du marché du travail, il semble probable que le FOMC ne commencera pas à augmenter le taux des fonds fédéraux avant la fin de 2015. Bien entendu, si, entre-temps, les projections d’inflation de la Fed pour la prochaine année ou les deux prochaines années devaient dépasser sa cible de deux pour cent par une marge significative, alors la politique monétaire serait resserrée plus tôt que prévu par des hausses du taux directeur du financement à un jour, quelles que soient les conditions du marché du travail. Cela semble toutefois peu probable compte tenu de l’ampleur actuelle des capacités inutilisées de l’économie américaine et des perspectives actuelles de croissance à court terme.

Pour conclure, sur la base de nos perspectives de croissance économique, d’emploi et d’inflation aux États-Unis, nous nous attendons à ce que :

  1. La Fed commencera à réduire progressivement les achats d’obligations probablement au cours du premier semestre de 2014 avec de modestes hausses des taux d’intérêt à long terme en 2014 et 2015; et
  2. Il est peu probable que la Fed commence à augmenter son taux directeur (c.-à-d. le taux cible des fonds fédéraux) avant la fin de 2015.

Compte tenu de nos perspectives plus faibles de croissance canadienne en 2014 et en 2015, nous nous attendons à ce que la Banque du Canada suive – et non dirige – les hausses du taux directeur de la Réserve fédérale.

Évolution du commerce

Statistiques du commerce

Conformément aux attentes quelque peu réduites en matière de croissance économique mondiale, les économistes de l’OMC prédisent maintenant que la croissance du commerce mondial en 2013 et 2014 sera probablement plus lente que prévu. Ils estiment que la croissance en 2013 est de 2,5 pour cent (en baisse par rapport aux prévisions de 3,3 pour cent en avril) et de 4,5 pour cent en 2014 (contre 5,0 pour cent), mais ils disent que les conditions d’amélioration du commerce se mettent progressivement en place. 8

L’une des principales raisons en est que la demande d’importations dans les économies en développement se redresse à un rythme plus lent que prévu. Cette performance relativement faible contribue également à cette baisse des importations de l’UE en provenance du reste du monde de deux pour cent au premier semestre de 2013 par rapport à la même période en 2012.

Le Nouveau Directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo, a fait observer ce qui suit: « Bien que le ralentissement du commerce ait été principalement causé par des chocs macroéconomiques défavorables, il y a de fortes indications que le protectionnisme a également joué un rôle et prend maintenant de nouvelles formes qui sont plus difficiles à détecter. »

En juillet, le Directeur général sortant a remis aux Membres de l’OMC son rapport final de suivi du commerce9 couvrant la période allant de la mi-octobre 2012 à la mi-mai 2013. Pesant soigneusement ses paroles, il a conclu:

Dans l’ensemble, ce rapport présente une évaluation rassurante des principales tendances des mesures de termes de l’échange mises en œuvre au cours de la période allant de la mi-octobre 2012 à la mi-mai 2013. Toutefois, bien qu’il n’y ait pas besoin d’annonces alarmistes ou spectaculaires, des mesures restrictives pour le commerce continuent d’être adoptées et le stock de mesures existantes reste élevé. L’histoire nous a appris que les pressions protectionnistes peuvent être générées par des niveaux de chômage obstinément élevés dans de nombreux pays, des déséquilibres mondiaux persistants et des préoccupations macroéconomiques. Et je crains que tout cela ne fasse partie de la réalité économique mondiale à laquelle tous nos pays sont confrontés aujourd’hui.

La situation du commerce de marchandises du Canada pour les huit premiers mois de 2013 ne montre que des gains modestes par rapport à l’année précédente, soit 1,4 % des exportations et 0,7 % des importations. 10 Comme le montre le graphique ci-dessous tiré du Rapport sur la politique monétaire d’octobre 2013 de la Banque du Canada, le volume des exportations non liées aux produits de base n’a pas suivi le rythme de l’activité étrangère au cours des dernières années, ce qui correspond à un effet négatif important des pertes antérieures sur la compétitivité des coûts.

Exclyant l’énergie, les exportations du Canada restent faibles


Source : Banque du Canada

Négociations commerciales

Au cours des derniers mois, on a assisté à une augmentation constante de l’élan pour la négociation de nouveaux accords commerciaux. Les États-Unis et l’UE ont lancé le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) le 17 juin. Le 8 octobre, les dirigeants des pays participant aux négociations du Partenariat transpacifique se sont engagés à conclure rapidement et ambitieusement ces efforts. Le 18 octobre, le Canada et l’UE ont annoncé qu’ils s’étaient mis d’accord de principe sur un accord économique et commercial global ambitieux. Le 30 juillet, le président Obama a publiquement demandé au Congrès d’accélérer la négociation de nouveaux accords commerciaux.

Ces développements et d’autres comme eux contribueront à susciter la confiance que les gouvernements peuvent gérer les défis du commerce au 21ème siècle et devraient également aider les gouvernements à résister aux pressions protectionnistes.

Bien qu’il y ait encore des raisons de s’inquiéter de la situation commerciale actuelle et des pressions protectionnistes continues, le tableau semble plus brillant qu’il y a quelques mois. Le commerce mondial se redresse, quoique plus lentement qu’on ne l’espérait auparavant. Il y a des signes provisoires que les Membres de l’OMC pourraient être en mesure de produire un résultat positif modeste à la Conférence ministérielle de décembre à Bali. Il y a également un élan croissant et des signes de progrès dans les efforts de grande envergure visant à négocier de nouveaux accords commerciaux sur une base régionale ou plurilatérale. En outre, les règles du commerce international ont largement fonctionné dans la crise actuelle en tenant les actions protectionnistes à distance. Le grand défi de l’avenir sera d’essayer d’élargir les disciplines issues des négociations en cours pour en faire des règles d’application mondiale.

L’OMC

Les Membres de l’OMC ont choisi un diplomate brésilien compétent, expérimenté et de haut rang dans le commerce, Roberto Azevêdo, pour remplacer Pascal Lamy au poste de Directeur général de l’OMC le 1er septembre. Azevêdo n’a pas perdu de temps à engager les Membres dans l’effort pour essayer de sauver un résultat utile à la 9ème Conférence ministérielle à Bali en décembre. Cet engagement se fait à tous les niveaux – des dirigeants du G20 à Saint-Pétersbourg aux ambassadeurs de tous les Membres de l’OMC à Genève. Il a déclaré brutalement aux Membres de l’OMC lors d’une réunion du Conseil général le 9 septembre que « l’avenir du système commercial multilatéral est en jeu ».

Parlant de l’incapacité de l’OMC à conclure les négociations de Doha, il a conclu:

... la perception dans le monde est que nous avons oublié comment négocier. La perception est l’inefficacité. La perception est la paralysie. Notre incapacité à remédier à cette paralysie jette une ombre qui va bien au-delà du bras de négociation, et elle couvre toutes les autres parties de notre travail.

Les efforts d’Azevêdo sont fortement soutenus par les membres. En effet, le nouveau Représentant des États-Unis pour les questions commerciales internationales du Président Obama, Michael Froman, s’est rendu à Genève pour prononcer le discours d’ouverture11 lors du récent Forum public de l’OMC. Il a salué les efforts d’Azevêdo et a ajouté son point de vue sur ce qu’une réunion réussie à Bali pourrait signifier:

... permettez-moi de dire à quel point les États-Unis appuient fermement la nouvelle intensification des travaux sous la direction de notre nouveau Directeur général. En quelques semaines à peine, lui et son équipe ont créé et géré un processus qui a donné à cette adhésion une chance de réussir.

Bali a le potentiel d’être une étape vitale vers la création par l’OMC de quelque chose de nouveau, quelque chose qui peut conduire à d’autres nouvelles opportunités – à l’innovation dans notre approche des négociations multilatérales.

Entre-temps, une série de négociations à divers niveaux – plurilatéraux, régionaux et bilatéraux – sont en cours. On trouvera en annexe à la présente section un aperçu de ces négociations.

Programme d’accords commerciaux ambitieux du gouvernement Harper

Le gouvernement canadien a enfin démontré qu’il peut obtenir des résultats concrets dans le cadre de son ambitieux programme de négociations commerciales. L’accord de principe du 18 octobre sur un accord commercial massif avec l’UE est une grande réalisation en soi, mais il ajoutera également à la crédibilité des négociateurs canadiens dans d’autres négociations que le Canada poursuit.

Voici un bref aperçu de l’état d’avancement des principales négociations de libre-échange du gouvernement canadien.

Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne

L’accord de principe avec l’UE semble être un accord plus large et plus profond que même l’ALENA. Il s’agit d’une réalisation majeure. Bien que les décisions politiques clés pour conclure un accord aient été prises des deux côtés, il reste de nombreux détails importants qui doivent encore être achevés avant que les deux parties puissent parepher un accord réel. Les équipes de négociation devront également procéder à un examen juridique du texte et le faire traduire dans 22 langues de l’UE en plus du français.

Les procédures de ratification au Canada feront intervenir le gouvernement fédéral et les provinces. Dans l’UE, l’approbation du Parlement européen est nécessaire ainsi que des parlements des 28 États membres. Toutefois, on s’attend à ce qu’une fois que le Parlement européen aura approuvé l’accord, il entrerait en vigueur à titre provisoire. Il faudra probablement jusqu’à deux ans pour que l’accord entre en vigueur.

Le Canada et l’UE affirment tous deux que cet accord est d’un niveau plus élevé que les autres ALE qu’ils ont conclus jusqu’à présent. L’accord pourrait bien établir une nouvelle norme pour ce qui sera inclus dans les accords ultérieurs, y compris le PTCI et le PTP.

Accord de partenariat économique Canada-Japon (APE)

La quatrième ronde de ces importantes négociations aura lieu à Ottawa à la mi-novembre. Un défi continu pour le Canada sera de garder l’attention du Japon alors qu’il s’engage dans le PTP et d’autres négociations importantes mentionnées ci-dessus.

Partenariat transpacifique (PTP)

Les dirigeants des pays du PTP ont annoncé le 8 octobre que « nos pays sont en voie de terminer les négociations du Partenariat transpacifique ». Le rythme des négociations est intense. Toutefois, étant donné les différentes structures des économies des pays participants et les points de vue très différents sur les principales questions en suspens, nous ne pensons pas qu’un accord final soit probable avant la fin de l’année prochaine au plus tôt. Il s’agit d’une négociation très importante pour le Canada. De toute évidence, l’accord peut ouvrir de nouvelles possibilités dans tout le Pacifique. Ce qui est peut-être encore plus important, c’est que les trois pays nord-américains négocient maintenant entre eux pour la première fois en 20 ans, sur les mêmes questions qui sont déjà intégrées à l’ALENA. Les changements de facto qui peuvent être apportés à l’ALENA mériteront d’être surveillés de près.

ALE Canada-Corée

Ces négociations ont été stimulées lors d’une réunion bilatérale tenue plus tôt ce mois-ci entre le premier ministre Harper et la présidente de la Corée, Park Geun-hye. Les deux dirigeants auraient discuté des moyens novateurs d’achever les négociations dans un proche avenir. Il s’agirait d’une réalisation importante parce que le Canada a pris du retard par les États-Unis et l’UE qui ont déjà conclu des ALE avec la Corée. La discrimination qui en résulte à l’égard des marchandises canadiennes cause des dommages à de nombreux exportateurs pour qui le marché coréen est important.

La Corée a manifesté un nouvel intérêt pour la conclusion d’ALE avec le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Un facteur de motivation ici est le fait que le PTP, dans lequel le Japon est maintenant engagé, ouvrirait les marchés de ces trois pays au Japon et créerait une discrimination de facto contre les entreprises coréennes.

ANNEXE : Résumé global des négociations commerciales sectorielles, régionales et bilatérales

Négociations plurilatérales à Genève

Des négociations sont en cours sur deux accords sectoriels plurilatéraux à Genève qui pourraient apporter d’importantes contributions à la libéralisation du commerce et à l’élaboration de règles.

Accord sur le commerce des services (ACS)

Ces négociations font intervenir un groupe initial de 21 gouvernements Membres de l’OMC qui, ensemble, représentent près des deux tiers du commerce mondial des services. Ces négociations offrent une perspective réelle d’établir de nouvelles disciplines qui iront au-delà de celles de l’Accord sur le commerce des services déjà contenu dans l’OMC. Les participants aimeraient voir d’autres Membres de l’OMC se joindre à l’effort de négociation, mais l’objectif d’obtenir des concessions significatives des principaux pays en développement pourrait rendre cet objectif difficile à atteindre.

Entente sur la technologie de l’information (ATI)

Cet accord entre 70 participants couvre environ 97 pour cent du commerce mondial des produits des technologies de l’information. L’ATI prévoit l’élimination complète des droits sur les produits des TECHNOLOGIES DE L’ENVIRONNEMENT visés par l’Accord.

Lors de leur récente réunion, les ministres de l’APEC ont fait pression pour que ces négociations aboutent rapidement, peut-être même avant la Conférence ministérielle de Bali en décembre.

Les grandes puissances économiques continuent d’aller de l’avant avec un programme massif de libéralisation concurrentielle du commerce. Voici une brève mise à jour sur certaines des plus importantes sur le plan stratégique de ces initiatives.

Négociations régionales

Partenariat transpacifique (PTP)

Dirigées par les États-Unis, ces négociations impliquent 12 pays des deux côtés du Pacifique, y compris le Japon, le Canada et le Mexique. Le 8 octobre, les dirigeants des pays du PTP ont déclaré ce qui suit :

Nous considérons le Partenariat transpacifique, avec sa grande ambition et ses normes pionnières pour les nouvelles disciplines commerciales, comme un modèle pour les futurs accords commerciaux et une voie prometteuse vers notre objectif de l’APEC de bâtir une zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique. Nous sommes encouragés par l’intérêt croissant pour cette importante négociation et nous collaborons avec d’autres pays de l’Asie-Pacifique qui expriment leur intérêt pour le PTP au sujet de leur éventuelle participation future.

Poussés par l’administration Obama, les partenaires du PTP avaient convenu de terminer les négociations d’ici la fin de 2013. Cette date sera manquée. Les efforts pour conclure rapidement peuvent créer des tensions avec ceux qui veulent un résultat ambitieux. En particulier, cela pourrait bien créer des problèmes à l’intérieur des États-Unis. Les grandes entreprises veulent un résultat majeur tandis que l’administration pourrait être tentée par une « victoire » rapide. La cause américaine n’a pas été aidée par le fait que le président Obama ne s’est pas présent aux réunions de l’APEC en raison de la crise budgétaire aux États-Unis.

Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP)

Cet effort bilatéral de grande envergure entre les États-Unis et l’UE a été lancé en juin. La première session de négociation a eu lieu en juillet, mais la deuxième a dû être reportée en raison de la fermeture du gouvernement américain. Il y a eu un certain nombre de réunions de haut niveau pour discuter de la façon de relever certains des défis les plus difficiles dans les négociations, notamment ceux dans le domaine réglementaire.

Partenariat économique régional global (RCEP)

Cette négociation rejoindrait les 10 pays de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et six autres partenaires (Australie, Chine, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande et Corée du Sud) dans un ALE collectif. L’ANASE comprend le Brunéi Darussalam, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam. Le deuxième cycle de négociations a eu lieu en Australie en septembre; le troisième cycle est prévu pour la Malaisie en janvier. Les participants se sont fixé comme objectif d’achever les négociations d’ici la fin de 2015.

Négociations bilatérales

Chine, Japon et Corée du Sud

La deuxième série de négociations en vue d’un accord de libre-échange (ALE) entre ces pays s’est tenue à Shanghai en août. Un troisième tour est attendu au Japon peut-être avant la fin de 2013. Les sceptiques suggèrent que la mise en place d’un accord entre ces partenaires peut être difficile. Hérissant leurs paris, la Corée du Sud et la Chine sont également engagées dans une négociation bilatérale d’ALE, dont une septième série a eu lieu en Chine en septembre.

Le Japon et l’UE

Le Japon et l’UE viennent d’achever le troisième cycle de négociations sur un accord de partenariat économique (APE) entre le Japon et l’UE.

Remarques :

  1. Le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre 2013 de la Banque du Canada expose assez bien les principales caractéristiques des perspectives économiques canadiennes et mondiales à court terme. Le RPM est généralement rédigé dans un langage non technique et contient beaucoup plus de détails que dans cette brève section sur les perspectives. Cela vaut la peine d’être lu.
  2. Cette discussion se concentre sur les politiques visant à réaliser le mandat de la Réserve fédérale d’un maximum d’emplois et de stabilité des prix. Après le début de la crise financière, la Fed a mis en œuvre un certain nombre de programmes conçus pour rétablir le bon fonctionnement des marchés financiers et l’intermédiation. Ceux-ci ne sont pas discutés ici.
  3. Il est important de se rendre compte que la politique monétaire a une incidence sur l’économie réelle et l’inflation avec des retards variables au fil du temps, généralement dans un délai d’un à trois ans.
  4. La Banque d’Angleterre et la Banque du Japon ont également procédé à des achats d’obligations, mais pas la Banque du Canada. Il convient également de noter que les achats d’obligations en soi sont un vieil outil dans l’arsenal des banques centrales. Les achats et les ventes sur le marché libre étaient autrefois l’outil conventionnel utilisé par certaines banques centrales pour affecter les réserves des banques commerciales et les taux d’intérêt à une époque antérieure.
  5. Fonds monétaire international, Politiques monétaires non conventionnelles – Expérience récente et perspectives, 18 avril 2013, p. 15.
  6. On pourrait faire valoir que les rendements obligataires étaient insoutenablement bas au printemps en raison de la prime à terme fortement négative qu’ils ont intégrée. Une grande partie de la hausse des rendements obligataires depuis lors refléterait une augmentation de la prime à terme. En effet, la liquidation des obligations au cours de l’été a principalement modifié les rendements obligataires à long terme, tandis que les rendements des obligations à découvert ont continué d’être ancrés dans la faiblesse persistante des taux directeurs.
  7. De plus, la décision semble avoir été judicieuse à la lumière des événements ultérieurs sur le front budgétaire et du fait que la baisse observée du taux de chômage aux États-Unis surestime probablement l’amélioration du marché du travail.
  8. Communiqué de presse de l’OMC PRESS/694 du 19 septembre 2013
  9. http://www.wto.org/english/news_e/news13_e/trdev_19jul13_e.htm
  10. http://w03.international.gc.ca/Commerce_International/Commerce_Country-Pays.aspx?lang=eng
  11. http://www.ustr.gov/about-us/press-office/speeches/transcripts/2013/september/froman-wto-innovation-global-trade (en anglais
  12. )

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