Débat sur le transport d’électricité en Alberta – Mise à jour sur le projet de loi 50

04 janvier 2010

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Écrit par Conor T. Chell

Le 25 novembre 2009, le projet de loi 50, l’Electric Statutes Amendment Act, 2009, a été adopté (tel que modifié) par l’Assemblée législative de l’Alberta. Le projet de loi modifie trois lois existantes : l’Alberta Utilities Commission Act, l’Electric Utilities Act et l’Hydro and Electric Energy Act.

Avec l’adoption du projet de loi 50, le processus d’identification des besoins est éliminé pour les « infrastructures de transport essentielles » telles que désignées par le lieutenant-gouverneur en conseil ou telles qu’elles sont énoncées dans une annexe de la Loi sur les services publics d’électricité (l’annexe ayant été ajoutée à la suite des modifications créées par le projet de loi 50). Le lieutenant-gouverneur en conseil peut maintenant désigner une « infrastructure de transport essentielle » si l’infrastructure est :

Le gouvernement de l’Alberta, plutôt que l’Alberta Utilities Commission (AUC), devient maintenant l’autorité responsable de déterminer si certains projets d’infrastructure de transport sont nécessaires en Alberta. À la suite du projet de loi 50, une série de grands projets de transport d’électricité considérés comme des « infrastructures essentielles » sont exemptés du processus normal de réglementation et d’évaluation des coûts entrepris précédemment par la CUA. Essentiellement, le Cabinet provincial est doté d’un plus grand contrôle sur les lignes électriques qui sont construites et quand, mais la CUA conserve le contrôle sur l’endroit où elles doivent être construites.

L’Alberta Independent Electric System Operator (AESO) avait déjà déterminé le besoin immédiat de cinq projets d’infrastructures essentielles. Le premier projet, un renforcement du réseau sud destiné à ouvrir le réseau à plus d’énergie éolienne, a été approuvé par la CUA le 8 septembre 2009, avec un coût estimé à 2,5 milliards de dollars par le gouvernement de l’Alberta. Avec la mise en œuvre du projet de loi 50, quatre autres projets d’infrastructure proposés seront construits, y compris (les coûts connexes estimés par le gouvernement provincial entre parenthèses) :

Le coût total des cinq projets identifiés par l’AESO a été estimé par le gouvernement provincial à 8,1 milliards de dollars, mais les critiques du projet de loi 50 avaient suggéré que des coûts beaucoup plus élevés seraient impliqués, de l’ordre de 14 à 20 milliards de dollars.

En adoptant le projet de loi 50, le gouvernement a fait valoir que les grands projets de transport s’apparentent aux routes et aux hôpitaux et ne devraient pas nécessiter la participation du public si le projet est essentiel pour la province. À l’appui du projet de loi, la ministre de l’Énergie, Mel Knight, a indiqué que le réseau de transport d’électricité actuel est inefficace, car il n’a pas été modernité depuis plus de 20 ans, ce qui a entraîné une perte d’électricité d’une valeur d’environ 220 millions de dollars en 2008, soit suffisamment pour alimenter environ 350 000 foyers. Le gouvernement a également fait valoir que le système actuel est encombré et limite le raccordement des sources de nouvelle génération. Les promoteurs craignaient que le réseau de lignes électriques en Alberta n’ait pas suivi le rythme de la population croissante de la province, ce qui pourrait entraîner des pénuries d’électricité généralisées. De plus, certains ont laissé entendre qu’une augmentation de la capacité de transport empêcherait les consommateurs d’être bloqués sans électricité et qu’un plus grand nombre de lignes de transmission créeraient de la concurrence sur le marché de l’électricité, ce qui donnerait aux consommateurs plus de choix.

Les détracteurs du projet de loi 50 n’étaient pas d’accord avec l’idée qu’une augmentation du transport augmenterait la concurrence sur le marché, soutenant que la déréglementation de l’industrie de l’électricité en Alberta visait à atteindre cet objectif. Ces parties ont également exprimé des préoccupations au sujet de la transparence et du fait que la consultation publique devait être retirée du processus d’évaluation des besoins. Les critiques ont soutenu que si la CUA participait à la détermination des besoins, une analyse plus approfondie de la capacité du réseau d’électricité et des problèmes de coûts se produirait. Certains ont accusé le gouvernement de proposer le projet de loi 50 avec l’arrière-pensée d’exporter finalement de l’électricité vers les États-Unis, avides d’énergie. Une augmentation du transport renforcerait la dépendance de l’Alberta à l’égard de la production d’électricité à partir du charbon, selon certains. Les centrales électriques alimentées au gaz naturel et l’augmentation du nombre d’installations de production plus près des points de consommation d’électricité ont été identifiées comme des solutions de rechange possibles à la facture.

Le projet de loi 50 a des répercussions potentielles pour plusieurs des acteurs du marché de l’électricité de l’Alberta. Avant l’adoption du projet de loi, ATCO Electric et Altalink avaient été approuvées par le gouvernement pour commencer les plans de conception préliminaires et les évaluations environnementales et de localisation des sites en ce qui concerne les lignes électriques entre Calgary et Edmonton, tandis qu’EPCOR et Altalink avaient commencé des travaux similaires en ce qui concerne les lignes entre Edmonton et l’Industrial Heartland. Enmax Corporation a été, et continue d’être, la plus bruyante dans son opposition au projet de loi 50, préférant l’établissement de la production d’électricité plus près de l’endroit où elle est finalement utilisée, avec des plans pour construire trois installations qui ajouteraient plus de 1 000 MW d’électricité à Calgary et aux régions avoisinantes.

Le 24 novembre 2009, le gouvernement de l’Alberta a modifié le projet de loi 50 avec des modifications axées sur l’intérêt public, l’accès à l’information sur les coûts et l’échelonnement. Les modifications précisaient que l’AUC devait tenir compte de l’intérêt public dans les décisions qu’elle prend sur l’emplacement de l’infrastructure de transport essentielle et prévoyaient la création d’un comité de surveillance, comprenant des membres de l’AESO et des représentants des clients, destiné à donner aux consommateurs un accès régulier et opportun à l’information sur le projet, y compris le coût, la portée et les échéanciers du projet. De plus, des modifications prévoyaient l’organisation du projet d’Edmonton à Calgary et du projet d’Edmonton à Fort McMurray, qui, selon le gouvernement, devrait reporter les dépenses d’environ 2 milliards de dollars.

Bien qu’il ait été adopté le 25 novembre 2009, il n’est pas certain que le projet de loi 50 sera le dernier mot sur le débat sur l’infrastructure de transport en Alberta. Le 19 novembre 2009, un avis de plainte (demande no 1605627, numéro d’instance no 398) a été émis par l’AUC relativement à une réclamation du Groupe régional Lavesta selon laquelle l’AESO avait enfreint le paragraphe 34(1) de la Loi sur les services publics d’électricité. La réclamation de Lavesta allègue que l’AESO n’a pas déposé de document d’identification des besoins (NID) valide en lien avec sa détermination que l’expansion proposée du réseau de transport de l’Alberta est nécessaire pour répondre aux besoins de l’Alberta. Le Lavesta Area Group prétend que l’AESO s’appuie sur un NID qui n’est pas valide à la suite de la décision rendue en novembre 2007 par la Cour d’appel de l’Alberta dans l’affaire Lavesta Area Group and Alberta (Energy and Utilities Board) 2007 ABCA 365, qui traitait de la controverse très médiatisée concernant les installations de transmission proposées de 500 KV entre Calgary et Edmonton. Il n’est pas clair quelle incidence la décision de l’AUC sur la revendication de Lavesta aura sur le débat sur l’infrastructure de transport en Alberta, mais les intervenants se sont maintenant inscrits auprès de l’AUC et une procédure officielle est en cours.

Depuis l’adoption du projet de loi 50, le chef de la direction d’Enmax, Gary Holden, a publiquement dénoncé le gouvernement de l’Alberta en accusant, lors de séances d’information tenues avant l’adoption du projet de loi 50, le gouvernement avait accepté de permettre aux compagnies d’électricité de construire certains projets, quels que soient les besoins ou les exigences réglementaires. Les allégations d’Enmax ont amené le vérificateur général sortant Fred Dunn à dire qu’une enquête est justifiée pour déterminer si le gouvernement était de connivence avec les compagnies d’électricité concernant la construction des divers projets de transport proposés par le projet de loi 50. Les allégations ont également mené à une demande pour que le commissaire à l’éthique Neil Wilkinson, qui se limite normalement à sonder les actions des membres de l’Assemblée législative, examine la question.

Quel que soit le résultat des divers processus qui se déroulent à la suite de l’adoption du projet de loi 50, il est clair que le débat sur la construction d’infrastructures de transport essentielles en Alberta n’a pas encore été résolu.

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