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Proposition du gouvernement canadien de réformer le régime canadien d’évaluation environnementale et de réglementation

04 juillet 2017

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Écrit par Brad Gilmour, David Bursey and Nick Bryanskiy

Le 29 juin 2017, le gouvernement fédéral a publié un document de travail intitulé "Examens environnementaux et réglementaires » (« Document de travail »), qui propose de vastes changements à l’évaluation environnementale fédérale et au régime de réglementation, y compris « une série complète de changements » à la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (2012) (« LCEE 2012 »), Loi sur l’Office national de l’énergie, Loi sur les pêches et Loi sur la protection de la navigation qui seront rédigées à l’automne 2107.

Ces modifications législatives font suite à de vastes consultations gouvernementales et à deux rapports d’experts, dont "Building Common Ground: A New Vision for Impact Assessment in Canada » (« Common Grounds ») publié en avril 2017, et "Forward, Together Enabling Canada’s Clean, Safe and Secure Energy Future » (« Rapport sur la modernisation de l’ONE ») publié en mai 2017. Comme il est mentionné ci-dessous, le document de travail a répondu à certaines des préoccupations soulevées par plusieurs recommandations controversées énoncées dans les deux rapports d’experts et offre une approche plus équilibrée des changements législatifs et politiques requis pour mettre à jour le cadre environnemental et réglementaire fédéral. Malgré la réduction de la portée des changements recommandés dans les rapports d’experts, la proposition actuelle ajoutera néanmoins des complications, du temps et des coûts importants à l’examen des projets.

Pendant que le gouvernement fédéral rédige son ensemble de mesures législatives, il sera guidé par les principes interim annoncés en janvier 2016. Le document de travail appel des commentaires d’ici le 28 août 2017.

Nous avons résumé les principaux changements qui auraient une incidence sur le processus d’approbation, les exigences en matière de permis et les échéanciers pour les projets de ressources naturelles proposés.

A. Évaluation de l’impact du projet

Le document de travail souligne que certains éléments du système actuel d’évaluation environnementale fonctionnent et devraient continuer, notamment :

Dans le cadre du nouveau processus d’évaluation d’impact, le gouvernement fédéral :

Évaluation unique et évaluations conjointes

Le gouvernement fédéral propose d’établir une agence unique d’évaluation d’impact pour mener des évaluations d’impact (de façon indépendante ou conjointe avec des organismes de réglementation experts sur le transport d’énergie, les projets pétroliers et gaziers nucléaires et extracôtiers) et coordonner les consultations avec les peuples autochtones pour les projets désignés par le gouvernement fédéral. L’évaluation comprendra non seulement les questions environnementales, mais aussi les questions économiques, sociales et de santé ainsi que les répercussions sur les peuples autochtones. Le succès de cette approche dépend de la capacité des organismes d’évaluer les autres dimensions d’un projet, en particulier les avantages économiques et autres avantages positifs.

Exigence légale de planification et de mobilisation précoces

Le document de travail indique que le processus de planification et de mobilisation précoces sera « dirigé par des promoteurs avec une orientation claire du gouvernement » et comprendra, entre autres, une mobilisation directe entre la Couronne et les peuples autochtones, et la recherche de commentaires du public sur la liste initiale des questions à prendre en compte dans une évaluation. L’objectif est d’aider les promoteurs à planifier ce qui sera évalué et la façon dont ils devraient intégrer « les intérêts de multiples intervenants et tenir compte des droits et des intérêts des Autochtones ». Cette planification et cette mobilisation précoces devraient également aider à établir les attentes du public à l’égard de ce qui sera évalué et de la façon dont il le sera.

Consultation auprès des peuples autochtones

La réconciliation des intérêts des peuples autochtones et de la Couronne est un objectif primordial des réformes législatives. L’approche du gouvernement fédéral à l’égard de la consultation des peuples autochtones sera plus complète, structurée et comprendra la participation directe des peuples autochtones à l’évaluation d’impact des projets.

Le document de travail souligne également l’importance de clarifier les rôles des organismes de la Couronne en matière de consultation et d’accommodement, ce qui était un sujet de préoccupation à la suite du rapport d’expert sur les terrains communs. Il explique que la nouvelle Agence d’évaluation d’impact sera responsable de la coordination de la consultation et de l’accommodement pour les projets désignés par le gouvernement fédéral , une approche similaire au Bureau de consultation des Autochtones créé par le gouvernement de l’Alberta en 2013.

La Couronne devra collaborer directement avec les gouvernements autochtones dès les premières étapes de la planification du processus. Le processus d’évaluation d’impact répondra et, dans certains cas, sera fondé sur les connaissances, la prise de décisions, la compétence et les droits autochtones. Les gouvernements autochtones peuvent diriger et mener leurs propres évaluations et partager les pouvoirs administratifs et la responsabilité de gestion du gouvernement fédéral (p. ex., nommer leurs propres contrôleurs environnementaux). Dans certains cas, le processus fédéral d’évaluation d’impact s’en remettra aux processus d’évaluation créés par les gouvernements autochtones ou sera harmonisé avec ceux-là. En même temps, le document de travail reconnaît qu’un consensus pourrait ne pas être réalisable et que les peuples autochtones n’auront pas de droit de veto sur les projets.

Participation du public

Le document de travail indique que la participation du public sera améliorée par l’amélioration des programmes d’aide financière aux participants afin de « simplifier les demandes et d’élargir les activités admissibles ». L’expérience de l’aide financière aux participants dans d’autres situations réglementaires donne à penser que le programme de financement nécessite une conception et une administration minutieuses pour atteindre ses objectifs. Compte tenu de l’intention d’assouplir le critère de la partie intéressée (voir ci-dessous), la question de l’aide financière aux participants augmente en importance.

Parmi les autres changements proposés dans la participation du public, mentionnons l’accès convivial du public à l’information sur les projets, des exigences de transparence plus claires, des raisons claires à l’appui des décisions et des explications sur la façon dont les commentaires des intervenants ont été pris en compte, ainsi que des activités inclusives de surveillance et de conformité.

Évaluations stratégiques et régionales pour tenir compte des effets cumulatifs

Le document de travail suggère qu’une évaluation significative de l’impact d’un projet individuel nécessite une compréhension de la « vue d’ensemble » de l’état de l’environnement à l’échelle régionale et nationale, y compris les effets cumulatifs du développement. Pour atteindre cet objectif, la nouvelle approche permettra des évaluations stratégiques et régionales. Le gouvernement : élaborera et renforcera également des cadres nationaux (Cadre pancanadien pour une croissance propre et les changements climatiques et Système de gestion de la qualité de l’air); et effectuer des évaluations stratégiques, en commençant par une évaluation pour les changements climatiques, et des évaluations environnementales régionales (AER) en mettant l’accent sur les effets cumulatifs et les impacts sur les peuples autochtones. En tant qu’outil d’évaluation environnementale, les AER ont déjà été mises en œuvre par le gouvernement fédéral dans le contexte extracôtier de l’Arctique (p. ex. l’AER de la mer de Beaufort incluse dans le budget fédéral de 2016).

La collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux sera essentielle à l’élaboration d’approches efficaces et efficientes en matière d’évaluation des effets cumulatifs.

Collaboration avec les administrations provinciales et autochtones

Conformément au principe « un projet, une évaluation » et à l’accent mis sur un processus unique et intégré d’évaluation d’impact, le gouvernement fédéral indique qu’il travaillera avec les gouvernements provinciaux et autochtones pour :

B. Loi sur l’Office national de l’énergie

Les modifications proposées à la Loi sur l’Office national de l’énergie mettent l’accent sur le pouvoir législatif de l’Office et sa structure. Les modifications législatives proposées habiliteraient expressément l’ONÉ à évaluer les questions liées à l’environnement, à la sécurité, à la société et à la santé dans le cadre de son mandat « d’intérêt public » existant et à réglementer les projets d’énergie renouvelable extracôtière relevant de la compétence fédérale. Le document de travail propose que le conseil d’administration : sépare son chef de la direction et son président; créer un conseil d’administration de type corporatif; nommer des commissaires à l’audience distincts et accroître la diversité, y compris la participation des Autochtones; et que l’ONÉ devrait être maintenu à Calgary (le rapport sur la modernisation de l’ONÉ recommandait le déménagement de l’Office à Ottawa). À l’inseille du processus d’évaluation d’impact, le cadre de l’ONÉ accroîtra la participation du public et des peuples autochtones, et comprendra l’amélioration des programmes de financement et le renforcement des capacités des intervenantes, les défenseurs des droits des propriétaires fonciers, les modes alternatifs de règlement des différends, la surveillance des pipelines par les peuples autochtones et d’autres infrastructures énergétiques.

De plus, le document de travail propose l’élimination du « critère permanent » bien établi utilisé par la Commission. Ces changements élargiraient et compliqueraient probablement les procédures et les audiences en incluant de multiples groupes d’activistes ou des personnes dont les intérêts se chevauchent ou qui sont contradictoires et qui ne sont pas directement touchés par le projet à l’étude.

C. Loi sur la protection de la navigation

Le projet de loi : élaborera des critères et un processus clairs pour l’ajout d’eaux navigables à l’annexe des eaux navigables protégées; réglementer les obstacles et certaines catégories d’ouvrages sur ces eaux, et élaborer un mécanisme de plainte pour toute préoccupation liée aux eaux navigables non prévues. Les critères de l'« essai routier aqueux » seront clarifiés, et les promoteurs devront aviser et consulter les intervenants avant de construire tout ouvrage sur les eaux navigables.

De plus, les modifications intégreront les connaissances et la prise de décisions autochtones et permettront aux peuples autochtones de participer à la prise de décisions, à la surveillance et aux activités d’application de la loi en matière d’eaux navigables. Le gouvernement détermine actuellement les eaux navigables prioritaires à ajouter immédiatement à l’annexe (c.-à-d. avant les modifications législatives proposées).

D. Loi sur les pêches

Dans le cadre des modifications proposées à la Loi sur les pêches, le gouvernement :

D’autres modifications législatives et stratégiques seront axées sur le partenariat avec les peuples autochtones, l’approche de planification et de gestion intégrée, le partenariat et la collaboration, et la prestation d’une rétroaction significative et opportune aux Canadiens.

Si vous avez des questions concernant ces changements ou si vous avez besoin d’aide pour préparer vos commentaires sur le document de travail avant le 28 août 2017, veuillez communiquer avec Brad Gilmour ou Nick Bryanskiy à Calgary, ou David Bursey à Vancouver.

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