Mise à jour sur les recours collectifs liés à la COVID-19 au Canada

22 avril 2022

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Écrit par Gannon Beaulne and Rabita Sharfuddin

Près de 2 ans après le lancement de plus de 30 recours collectifs proposés découlant de la pandémie de COVID-19 ont bouleversé le paysage canadien des recours collectifs, le risque de recours collectifs lié à la pandémie et les litiges en cours semblent être entrés dans une nouvelle phase.

Après l’explosion initiale des réclamations en 2020, les plaignants ont commencé moins de nouveaux recours collectifs COVID-19 en 2021. Certaines responsabilités potentielles ont été réglées ou légiférées, d’autres questions semblent se diriger vers une détermination du bien-fondé, et de nouveaux champs de bataille peuvent émerger, tels que ceux associés au « convoi de la liberté » qui a fait les manchettes internationales au début de 2022 ou d’autres manifestations liées à la pandémie, y compris la façon dont ces manifestations sont financées et les réponses gouvernementales.

Les développements notables en 2021 nous donnent un aperçu de ce à quoi nous pouvons nous attendre pour les recours collectifs COVID-19 au Canada pour le reste de 2022.

Négligence dans les foyers de soins de longue durée

Plusieurs recours collectifs allèguent que les propriétaires et les exploitants d’établissements de soins de longue durée et de retraite (LTC) n’ont pas pris les mesures de santé et de sécurité appropriées pour protéger leurs résidents contre la COVID-19.

Dans une décision rendue en 2021 dans l’affaire Nisbet c. Ontario, le juge Belobaba de la Cour supérieure de justice de l’Ontario a fait référence à des rapports très médiatisés de la vérificatrice générale de l’Ontario et de la Commission des soins de longue durée de l’Ontario sur la COVID-19 critiquant la réponse du gouvernement et la gestion de la COVID-19 dans les LTC. Nous nous attendons à ce que ces types de rapports publics soient essentiels aux litiges en SLD, en 2022 et au-delà, en particulier dans les discussions de règlement, les analyses de certification et toute détermination du bien-fondé.

D’autre part, un certain nombre de gouvernements provinciaux ont adopté des lois limitant la responsabilité potentielle des propriétaires et des exploitants de SLD. Par exemple, en vertu de la Loi de 2020 favorisant le recouvrement de l’Ontario, les demandeurs doivent démontrer que ceux qui exploitent des LTC ont fait preuve de négligence grave pour éviter la protection légale de la responsabilité, une norme plus élevée que celle qui s’applique aux réclamations ordinaires pour négligence. Les tribunaux n’ont pas encore examiné le sens de la négligence grave en vertu de cette nouvelle loi, mais l’expression a été définie dans la jurisprudence de la Cour suprême du Canada depuis 80 ans (voir Cowper c Studer et McCullough c Murray) comme un écart très marqué par rapport à la norme de diligence requise ou une très grande négligence.

Bien que certaines demandes de SLD semblent destinées à être jugées (bien qu’aucune n’ait encore été certifiée ou inscrite pour être jugée), le règlement d’autres demandes se profile à l’horizon. Dans une décision rendue en 2021 au Québec dans l’affaire Schneider (Succession de Schneider) c Centre d’hébergement et de soins de longue durée Herron inc., la Cour supérieure a approuvé un règlement de 5,5 millions de dollars pour les successions et les conjoints survivants et les enfants de résidents de SLD décédés.

Réclamations d’assurance contre les pertes d’exploitation

Au cours des deux dernières années, les titulaires de police ont entamé une série de réclamations contre les assureurs, y compris des recours collectifs proposés, demandant une couverture d’assurance pour les pertes présumées d’interruption des activités découlant de la pandémie de COVID-19.

Les assureurs défendent ces réclamations en s’appuyant sur un libellé de police qui établit un lien entre l’existence d’une couverture pour les pertes liées à l’interruption des activités et la perte physique ou les dommages matériels, ainsi que sur des clauses d’exclusion liées aux virus et aux fermetures imposées par le gouvernement, entre autres moyens de défense.

Bien que l’on s’attende à ce que les questions de couverture soient âprement disputées, les décisions d’interruption des activités liées à la COVID-19 ont été publiées dans d’autres juridictions, y compris les États-Unis et l’Angleterre, favorisant généralement les assureurs défendeurs.

Au Canada, les assureurs et les assurés surveilleront de près la publication de la première décision sur le fond qui porte directement sur la question de l’interprétation des polices au cœur de ces réclamations, qui se produira probablement au cours de la prochaine année.

Actions d’annulation et de remboursement

L’industrie du transport aérien a été durement touchée par la pandémie de COVID-19. Les fermetures gouvernementales et la fermeture des frontières ont entraîné l’annulation d’innombrables vols au cours des deux dernières années. Au début, de nombreuses compagnies aériennes ont refusé de rembourser les vols annulés, offrant plutôt aux consommateurs des crédits de voyage à utiliser à l’avenir. Après que plusieurs recours collectifs ont été lancés pour obtenir des remboursements, de nombreuses compagnies aériennes ont changé de vitesse et ont mis en œuvre des politiques de remboursement intégral.

En 2021, dans l’affaire Lachaine c Air Transat AT inc. la Cour supérieure du Québec a accueilli un recours collectif contre Sunwing Airlines et son voyagiste, Sunwing Vacations, mais a rejeté l’action contre d’autres compagnies aériennes qui avaient mis en place des programmes de remboursement. En octobre 2021, Sunwing a également fait part de sa décision de mettre en œuvre une politique de remboursement intégral pour les clients touchés. La Cour a ensuite annulé la certification du recours collectif contre Sunwing parce qu’il n’y avait plus de fondement pour les réclamations du demandeur. Les compagnies aériennes désireuses de « rendre leurs clients entiers » de manière proactive peuvent ainsi éviter des recours collectifs potentiellement longs et coûteux, bien que la décision Sunwing fasse l’objet d’un appel.

L’année à venir

Bien que le rythme des nouveaux recours collectifs liés à la COVID-19 ait ralenti en 2021, de nouvelles réclamations pourraient être déposées en 2022 à mesure que davantage de pertes se cristallisent, que les délais de prescription pour l’approche des réclamations liées à la pandémie et les nouveaux développements, tels que le « convoi de la liberté » ou d’autres manifestations et de nouvelles mesures gouvernementales qui s’y rapportent, génèrent inévitablement des différends.

Pendant ce temps, les recours collectifs covid-19 en cours, y compris ceux alléguant la négligence de LTC, les pertes d’interruption d’activité et le droit à des remboursements pour les vols annulés, continueront de progresser vers les déterminations du bien-fondé. Les entreprises peuvent également faire face à des réclamations liées à des épidémies de COVID-19 dans leurs locaux, car de nouvelles variantes potentiellement plus infectieuses du coronavirus circulent.

En 2022, les entreprises ayant des activités au Canada continueront de faire face à un risque de recours collectif lié à la COVID-19. Malgré la fatigue pandémique, les entreprises doivent donc rester vigilantes lorsqu’il s’agit de questions liées à la pandémie et envisager les mesures qui pourraient être disponibles dans leur situation pour gérer le risque de recours collectif, y compris en adoptant et en examinant de manière proactive les protocoles et les politiques de santé et de sécurité liés à la COVID-19, entre autres étapes.

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