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Êtes-vous responsable des impôts fédéraux ou provinciaux impayés d’une autre personne?

17 avril 2020

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Écrit par Ed Kroft, Q.C.

Que se passe-t-il si vous ou vos organisations commerciales ne pouvez pas payer vos impôts fédéraux ou provinciaux? Les lois fiscales fédérales et provinciales canadiennes imposent à autrui une obligation d’autrui pour certains impôts canadiens impayés. En règle générale, ces taxes sont celles perçues pour le compte d’autrui; par exemple, le RPC, l’AE, la TPS, la TVH, les retenues d’impôt sur le revenu des employés et les retenues d’impôt des non-résidents. Toutefois, les autorités fiscales canadiennes peuvent également avoir le droit, dans certaines circonstances, de poursuivre les administrateurs (y compris les administrateurs de facto) pour certains impôts sur les sociétés impayés. Les actionnaires d’une société à peu d’actionnaires peuvent être tenus responsables de certains impôts sur les sociétés dans la mesure des distributions effectuées par la société. Les bénéficiaires de biens (y compris en espèces) peuvent être tenus de payer les obligations fiscales insatisfaites d’autres personnes qui leur transfèrent la propriété. Par exemple, les enfants qui reçoivent des cadeaux ou dont les frais de scolarité sont payés peuvent être responsables des impôts impayés d’un parent. Les époux ou conjoints de fait, y compris les ex-époux ou conjoints de fait, peuvent être tenus responsables de l’impôt impayé de l’autre partie dans certaines circonstances. 

Quand devriez-vous vous préoccuper d’une responsabilité d’autrui pour les impôts de quelqu’un d’autre? Les circonstances typiques se présentent lorsqu’une personne est en difficulté financière et transfère des biens à des personnes d’un groupe social ou économique lié afin que les biens ne se trouvent pas à la portée des créanciers. Cependant, la législation fiscale n’exige pas que le cédant soit même au courant d’une obligation fiscale impayée au moment de tout transfert de propriété. Il n’est pas nécessaire qu’un administrateur d’une société ait connaissance d’une obligation de retenue d’impôt d’une société pour être responsable de ces impôts impayés. 

Que pouvez-vous alors faire pour éviter les problèmes? Renseignez-vous auprès de ceux qui vous transfèrent gratuitement des biens au sujet de tout impôt impayé ou de tout passif éventuel pour les impôts impayés. Si vous êtes administrateur, demandez aux responsables des versements d’impôt prévus par la loi de s’assurer que tous les montants ont été payés. Renseignez-vous également sur les obligations éventuelles au titre de l’impôt sur les sociétés. Par exemple, que se passe-t-il si la société a de nombreux entrepreneurs indépendants sur la liste de paie et que l’Agence du revenu du Canada détermine plus tard que ces entrepreneurs étaient en fait des employés de la société, en particulier si ces employés commencent à demander des prestations d’assurance-emploi pendant le ralentissement économique? L’Agence du revenu du Canada se tournera d’abord vers la société pour les retenues impayées, puis, en fin de compte, vers un administrateur si la société ne peut pas payer.

Il existe un certain nombre de moyens de défense à la disposition de ceux qui sont confrontés à l’évaluation potentielle ou réelle de montants (impôts, intérêts et pénalités) représentant les passifs d’autres contribuables. Ces moyens de défense comprennent l’argument selon lequel le débiteur fiscal principal n’avait aucune obligation fiscale. Il y a eu un certain débat dans la jurisprudence sur la question de savoir si la personne qui a évalué la responsabilité du fait d’autrui peut contester l’obligation sous-jacente du débiteur fiscal principal. Une décision récente de 2020 de la Cour d’appel fédérale, Duque c. la Reine, a confirmé que cette défense est autorisée. En pratique, ce moyen de défense peut s’avérer difficile à moins que la personne faisant face à la responsabilité du fait d’autrui n’ait accès aux renseignements requis, y compris les dossiers et les documents, pour contester l’obligation fiscale du débiteur principal.

Voici quelques mots généraux d’avertissement :

  1. Tout bénéficiaire d’un don de biens, y compris en espèces, d’un membre de la famille devrait déterminer si le parent est responsable de l’impôt canadien impayé.
  2. Les actionnaires des sociétés privées qui reçoivent du capital ou des dividendes imposables doivent se préoccuper des obligations fiscales réelles ou conditionnelles des sociétés.
  3. Les administrateurs de toute société ou société devraient régulièrement demander, lors des réunions du conseil d’administration, si tous les impôts sur la masse salariale, la TPS/TVH et les retenues d’impôt des non-résidents ont été déduits, perçus et versés.
  4. Toute personne évaluée pour l’obligation fiscale du fait d’autrui devrait prendre les mesures appropriées pour faire valoir ses moyens de défense. Il peut s’agir de présenter des observations aux autorités fiscales, de déposer en temps opportun les avis de contestation ou les oppositions ou même de faire les déclarations appropriées auprès des tribunaux canadiens pertinents, le plus souvent la Cour canadienne de l’impôt.

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