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L’interdiction du vaporisateur monte dans la fumée (de la marijuana médicale)?

27 novembre 2015

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Le 13 novembre 2015, le gouvernement de l’Ontario a publié son projet de règlement (le Règlement E-Cig) en vertu de la Loi sur la cigarette électronique (la Loi E-Cig et, avec le Règlement E-Cig, la Loi E-Cig) régissant la promotion, la vente et l’utilisation des cigarettes électroniques en Ontario. La forme actuelle proposée de la loi E-Cig contient de larges restrictions sur la vente et l’utilisation de cigarettes électroniques, mais prévoit certaines exemptions de ces restrictions pour les patients de marijuana médicale.

Si elle entre en vigueur dans sa forme actuelle, la loi E-Cig sera la première loi de l’Ontario qui contient une exemption expresse au profit des patients de marijuana médicale. L’annonce de l’E-Cig Regs a naturellement été accueillie par des applaudissements largement répandus de la communauté de la marijuana médicale et un degré d’inquiétude / confusion d’autres parties prenantes de la communauté qui ne savent pas comment les E-Cig Regs auront un impact sur eux. En réponse à ces préoccupations et à cette confusion, le gouvernement de l’Ontario a annoncé qu’il réexaminera l’exemption pour les patients atteints de marijuana à des fins médicales créée par le Règlement E-Cig avant l’entrée en vigueur de la Loi E-Cig. Cette annonce a laissé les patients et les défenseurs de la marijuana médicale se demander ce qui motive l’hésitation du gouvernement de l’Ontario et ce que l’avenir réserve aux exemptions de marijuana médicale en vertu du Règlement E-Cig.

La loi E-Cig utilise une définition large de « cigarette électronique » pour capturer essentiellement tout vaporisateur. L’un des objectifs fondamentaux de la loi E-Cig est de restreindre la façon dont les vaporisateurs peuvent être vendus (y compris une restriction sur la vente aux mineurs) et utilisés. Plus particulièrement, la loi E-Cig interdit l’utilisation d’un vaporisateur dans tout endroit ou bâtiment qui est couvert par un toit et auquel le public est habituellement invité ou autorisé à accéder, ainsi que dans d’autres endroits prescrits tels que les restaurants, les terrasses de bar, les écoles, les aires communes des bâtiments et les zones à proximité des hôpitaux. Afin de s’assurer que ces restrictions n’empêchent pas les patients de marijuana à des fins médicales d’avoir un accès raisonnable à leurs médicaments, le Règlement E-Cig exempte les personnes qui sont autorisées à posséder et à utiliser de la marijuana à des fins médicales des interdictions générales sur l’utilisation de vaporisateurs créées en vertu de la Loi E-Cig. En théorie, si vous êtes une personne autorisée à consommer de la marijuana à des fins médicales, vous pouvez continuer à vaporiser votre médicament dans les endroits où il est interdit à d’autres personnes d’utiliser un vaporisateur. Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment, et pourquoi le gouvernement de l’Ontario a-t-il des doutes? Voici trois brefs points à retenir.

1. La loi E-Cig n’accorde pas un droit absolu de vaporiser de la marijuana n’importe où

Sans doute, la question la plus importante, et la question qui cause le plus d’inquiétude et de confusion, est de savoir si les exemptions créées en vertu de l’E-Cig Regs donnent aux patients de marijuana médicale le droit absolu de vaporiser leurs médicaments où ils le souhaitent. Après l’annonce des E-Cig Regs, il y a eu une large couverture médiatique exprimant des points de vue divergents sur la question de savoir si les patients de marijuana médicale pouvaient maintenant vaporiser de la marijuana dans les restaurants et les bars. Certains propriétaires d’entreprise étaient à juste titre confus quant à l’incidence d’un tel droit sur leurs entreprises et leur capacité de se conformer à leurs obligations légales existantes.

À notre avis, les exemptions proposées pour les patients atteints de marijuana à des fins médicales créées par les E-Cig Regs ne donnent pas aux patients un droit absolu de vaporiser la marijuana où ils veulent et elles ne rendent pas les propriétaires d’entreprise impuissants à imposer des restrictions sur l’utilisation de vaporisateurs par les patients de marijuana médicale dans leurs établissements. Les patients qui sont validement autorisés à posséder et à utiliser de la marijuana à des fins médicales sont exemptés des interdictions de possession et d’utilisation de la marijuana en vertu du droit criminel, mais doivent tout de même se conformer à toutes les autres lois applicables. Les propriétaires sont généralement libres d’imposer des restrictions à la conduite dans leurs locaux (à condition que ces restrictions ne soient pas discriminatoires ou en violation des droits de l’homme) et, dans certains cas, sont tenus d’interdire certains comportements. Par exemple, les établissements qui servent de l’alcool doivent, comme condition de leur permis d’alcool, interdire la possession et la consommation d’une substance désignée (y compris la marijuana) dans leurs locaux. Il existe une jurisprudence ontarienne qui laisse entendre que l’interdiction de la consommation de marijuana à des fins médicales dans un établissement servant de l’alcool n’est pas contraire aux droits de la personne et qu’un tel établissement a l’obligation d’assurer le respect des conditions de son permis d’alcool.

2. Les questions d’emploi doivent être prises en compte

La loi E-Cig interdit à un employeur de prendre certaines mesures contre un employé qui a agi conformément à la législation ou qui a demandé l’application de la législation. Les employeurs ont répondu en se demandant comment ces restrictions s’inscrivent dans leur obligation générale d’accommoder les employés handicapés ou ayant des problèmes de santé. À notre avis, la loi E-Cig peut être interprétée comme renforçant l’obligation d’accommodement de l’employeur en ce qui a trait à l’utilisation par un employé d’un vaporisateur pour la marijuana à des fins médicales, mais elle n’a pas préséance sur le principe selon lequel l’obligation d’accommodement ne donne pas à un employé le droit d’avoir les facultés affaiblies au travail ou dans l’exercice de ses fonctions. Pour une discussion plus large sur l’impact du Règlement sur la marihuana à des fins médicales (RMFM) en milieu de travail, veuillez consulter notre article précédent - Médité médicale en milieu de travail : ce que les employeurs doivent savoir.

3. Application de la loi

La loi E-Cig prévoit une amende pour première infraction pouvant aller jusqu’à 1 000 $ pour l’utilisation d’un vaporisateur dans une zone interdite. Afin d’éviter une amende, les patients doivent démontrer aux autorités compétentes qu’ils sont autorisés à posséder et à utiliser de la marijuana à des fins médicales. Les patients doivent comprendre que les autorités chargées de l’application de la loi ne sont peut-être pas au courant de ce qui constitue une preuve valide d’être un patient de marijuana à des fins médicales. Si l’on tient compte du double régime de marijuana à des fins médicales (RMFM et Règlement sur l’accès à la marihuana à des fins médicales (RAMM)) qui existent actuellement au Canada, et de la myriade de pseudo-autorisations qui sont accordées en fonction de ces régimes (par exemple, une adhésion à un dispensaire accordée en s’appuyant sur une autorisation de possession du RAMM), le gouvernement de l’Ontario devra s’assurer qu’il sensibilise adéquatement les autorités chargées de l’application de la loi à ce qui constitue une autorisation valide de possession et d’utilisation la marijuana médicale aux fins de l’E-Cig Regs.

Nous serions surpris si le gouvernement de l’Ontario ne tienne pas compte de certaines ou de toutes ces questions lors de la rédaction du Règlement E-Cig, mais face à la confusion du public sur l’impact des exemptions de marijuana médicale créées en vertu du Règlement E-Cig, il a réagi en annonçant qu’il a besoin de plus de temps pour examiner l’interaction entre le Règlement E-Cig et la législation existante.

La mise à jour ci-dessus donne un bref aperçu de certaines des questions à examiner dans le cadre de la législation E-Cig. Cependant, il est important de se rappeler que la loi sur la marijuana médicale est complexe et évolue rapidement. Chez Bennett Jones, nous avons une équipe de conseillers professionnels qui peuvent fournir des conseils alors que l’industrie canadienne de la marijuana médicale continue de progresser.

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