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Le durcissement de la loi canadienne sur la corruption à l’étranger augmente les enjeux pour les dirigeants et les administrateurs

26 juin 2013

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Le Canada a considérablement renforcé sa Loi sur la corruption d’agents publics étrangers (LCAPE), notamment en ajoutant une nouvelle infraction qui élargira les motifs de responsabilité criminelle des sociétés et de leurs administrateurs, dirigeants et employés.  À la suite des modifications apportées à la LCAPE :

Lorsque les modifications ont été présentées au début de février de cette année dans le projet de loi S-14, nous avons publié une mise à jour décrivant les répercussions de chacune d’entre elles (Canada prend des mesures pour renforcer la législation antico corruption). Les modifications telles qu’adoptées sont inchangées par rapport à celles que nous avons décrites à l’époque.

Du point de vue de la conformité de l’entreprise, les plus importantes des modifications sont la création de l’infraction relative aux livres et registres et l’élimination progressive de l’exception relative aux paiements de facilitation.

Infraction relative aux nouveaux livres et registres

L’infraction relative aux livres et registres canadiens repose sur une approche fondée sur le droit criminel plutôt que sur l’approche du droit administratif et civil adoptée en vertu de la Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) des États-Unis. Cela limitera la souplesse des organismes canadiens d’application de la loi, de la GRC et du Service des poursuites pénales du Canada (SPPC), comparativement à la Securities and Exchange Commission des États-Unis, qui applique les dispositions relatives aux livres et registres de la FCPA. Plus précisément, les enquêteurs et les procureurs canadiens devront établir leur preuve sur le criminel au-delà d’une norme de preuve raisonnable plutôt que sur une norme civile utilisée aux États-Unis. D’un point de vue pratique, cependant, cela ne fera peut-être pas beaucoup de différence pour les conseils d’administration et la direction. Pour la première fois, la responsabilité en vertu de la LCAPE découlera potentiellement de la conduite relative aux dossiers financiers d’une société faite après une infraction de corruption présumée. Les directeurs financiers, les conseils d’administration et les cadres d’entreprise ne seront guère rassurés par le fardeau de preuve criminel plus lourd en vertu de la loi canadienne du point de vue de la conformité quotidienne. On peut plutôt s’attendre à ce qu’ils exigent le même niveau de diligence dans l’enregistrement des transactions, ou face aux signaux d’alarme qui suscitent des préoccupations au sujet de paiements illégaux potentiels ou des efforts pour les dissimuler, comme on s’y attendrait des dirigeants d’entreprise en vertu de la FCPA des États-Unis.

Paiements de facilitation

Conformément aux meilleures pratiques, de nombreuses entreprises interdisent déjà les paiements de facilitation dans leurs politiques de lutte contre la corruption. Cependant, étant donné que ces paiements sont omniprésents dans de grandes parties du monde et ne sont pas actuellement interdits en vertu de la LCAPE et de la FCPA, de nombreuses autres entreprises ne les interdisent pas expressément. Le gouvernement a indiqué que le retard dans la déclaration de l’interdiction des paiements de facilitation en vigueur visait à donner aux entreprises un délai de grâce pour leur permettre d’examiner et de réviser leurs politiques de lutte contre la corruption et de mettre en œuvre des procédures et des programmes de formation pour éliminer les paiements de facilitation. Les entreprises ayant des activités établies dans des régions du monde où l’on s’attend généralement à ce que des paiements de facilitation soient généralement attendus devraient procéder rapidement à un audit interne pour déterminer si et dans quelle mesure ces paiements sont effectués par leur personnel et leurs filiales étrangères et prendre des mesures pour les éliminer.

L’infraction relative aux nouvelles livres et registres et l’élimination de l’exception des paiements de facilitation auront l’incidence la plus directe sur les pratiques de conformité des entreprises. Toutefois, le reste des modifications facilitera les enquêtes et les poursuites relatives aux infractions à la LCAPE et augmentera les enjeux pour les dirigeants et les administrateurs des sociétés. En augmentant la peine maximale pour les particuliers de cinq à 14 ans, le Parlement envoie un signal clair qu’il considère que la corruption transnationale est comparable à certaines des infractions criminelles les plus graves en vertu de la loi canadienne.

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