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Les 5 principales tendances en matière de droit canadien de la propriété intellectuelle pour 2015

03 mars 2015

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L’an dernier, on promettait d’importants changements au droit canadien de la PI, dont certains seront réalisés en 2015. Alors que le premier trimestre tire à sa fin, les tendances de cette année en matière de droit de la PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE se dessinent. Les négociations commerciales internationales du Canada auront une incidence majeure sur le droit des marques de commerce, le droit d’auteur et le droit des brevets. L’accent mis sur l’interaction entre le droit de la concurrence et les accords de règlement en matière de propriété intellectuelle s’accentue. Les litiges pharmaceutiques entrent dans une nouvelle ère biologique. Le prix des médicaments, qui est toujours un problème au Canada, pourrait faire l’objet d’un examen plus minutieux. Nous considérons ce qui suit comme les cinq principales tendances émergentes.

1. Changements apportés à la pratique des marques de commerce en raison du commerce

En réponse aux négociations commerciales entre le Canada et l’Union européenne, le gouvernement fédéral a apporté d’importantes modifications à la Loi sur les marques de commerce du Canada. Ces modifications devraient entrer en vigueur à la fin de 2015 ou au début de 2016. Parmi ces modifications, la plus importante est probablement la suppression de l’exigence dans une demande d’enregistrement de marque de commerce selon laquelle le demandeur doit indiquer si sa marque a été employée au Canada ou si l’utilisation est proposée. Les modifications n’élimineront pas l’exigence selon laquelle une marque de commerce doit être utilisée pour maintenir un enregistrement, mais le changement est néanmoins spectaculaire. Nous prévoyons que les propriétaires de marques de commerce devront intensifier leurs efforts de maintien de l’ordre et nous pourrions voir une augmentation des procédures d’opposition et d’annulation pour dégager la voie des marques qui ne sont pas en fait utilisées.

Ces changements font suite à des modifications apportées à la Loi sur les marques de commerce, à la Loi sur le droit d’auteur et à la Loi sur les douanes afin de créer de nouvelles mesures d’application de la loi à la frontière pour aider à lutter contre l’importation ou l’exportation de produits contrefaits à l’intérieur ou à l’extérieur du Canada. Édictées en vertu de la Loi sur la lutte contre les produits contrefaits (LPCP), ces modifications visent à remplir les obligations du Canada en vertu de l’Accord de libre-échange Canada-Corée. L’ACCP a lancé un programme de demande d’aide qui permet aux titulaires de droits d’auteur et de marques de commerce de demander officiellement l’aide de l’Agence des services frontaliers du Canada pour faire respecter leurs droits. L’utilisation de ce programme est une tendance à surveiller.

2. D’autres ont pris note : Régime d’avis et d’avis de droit d’auteur

Pour décourager la violation du droit d’auteur en ligne, un régime d’avis et d’avis est entré en vigueur le 2 janvier 2015, en vertu de la Loi sur le droit d’auteur. Ce régime permet aux titulaires de droits d’auteur d’envoyer des avis de violation présumée du droit d’auteur aux utilisateurs d’Internet par l’intermédiaire de fournisseurs de services Internet (FSI) et d’hôtes de sites Web. Ce régime est considérablement différent de son homologue américain, le système de notification et de retrait. En vertu de l’American Digital Millennium Copyright Act, un fournisseur de services en ligne doit supprimer ou désactiver l’accès au matériel prétendument contrefait. L’approche canadienne plus douce n’exige pas que les FSI, les hébergeurs de sites Web ou les fournisseurs de moteurs de recherche suppriment le contenu contrefait.

Cette limitation n’est pas passée inaperçue par l’allocation internationale de propriété intellectuelle (IIPA). L’IIPA est une coalition du secteur privé qui soumet des rapports au Représentant des États-Unis pour les questions commerciales internationales, y compris le rapport spécial 301 qui identifie les pays qui ne protègent pas adéquatement et efficacement les droits de propriété intellectuelle. Le Canada demeure sur la liste de surveillance spéciale 301 en 2015. L’IIPA a noté que le régime du Canada ne traite pas adéquatement de la question de la violation du droit d’auteur.

Dans le contexte des négociations commerciales internationales en cours au Canada, il pourrait y avoir un mouvement vers le renforcement de la loi canadienne sur le droit d’auteur contre les contrefacteurs en ligne.

3. Troublant : Examen des ententes pharmaceutiques par le Bureau de la concurrence

En septembre 2014, le Bureau de la concurrence a publié le livre blanc intitulé « Patent Litigation Settlement Agreements: A Canadian Perspective ». Il documente l’intérêt du Bureau à empêcher les ententes de règlement des litiges en matière de brevets, comme les règlements de « paiement pour retard » ou de « paiement inversé » entre les fabricants de produits de marque et de produits génériques qui retarderaient indûment l’entrée des fabricants de médicaments génériques sur le marché canadien. Le Bureau considère que de tels règlements sont plus qu’un simple exercice d’un droit de brevet et peuvent faire l’objet d’un examen en vertu des dispositions civiles et criminelles de la Loi sur la concurrence.

La publication du livre blanc rappelle à l’industrie que les titulaires de PI doivent être attentifs aux questions de concurrence canadienne lorsqu’ils concluent des ententes de règlement concernant leurs droits de propriété intellectuelle. Compte tenu de l’intérêt accru du Bureau de la concurrence pour les règlements en matière de propriété intellectuelle, nous prévoyons que les questions de concurrence seront de plus en plus au centre des préoccupations lors de la négociation des ententes de règlement.

4. La bio-dominance: les lignes floues et la nouvelle vague de litiges pharmaceutiques

Au cours des dernières années, les brevets couvrant de nombreux produits pharmaceutiques à petites molécules de médicaments majeurs ont expiré. Les sociétés pharmaceutiques se sont préparées et ont réagi en diversifiant leurs portefeuilles et en développant de nouveaux produits, comme des produits biologiques et biosimilaires ou, comme on les appelle au Canada, des produits biologiques subséquents (PBU). Par conséquent, nous prévoyons une augmentation des litiges concernant ces produits.

Un produit biologique est une thérapie à base de protéines qui est dérivée d’un organisme vivant ou produite à l’aide de celui-ci. Les produits biologiques sont utilisés pour traiter une gamme de conditions et de maladies telles que le cancer, la polyarthrite rhumatoïde, les troubles sanguins rares, la sclérose en plaques, le diabète et le VIH /SIDA. Bien que les médicaments biologiques soient fréquemment utilisés au Canada, ils ont rarement fait l’objet de litiges en matière de brevets.

La seule affaire au cours des 15 dernières années qui a fait l’objet d’un litige en vue d’une décision (maintenant annulée et qui ne sera plus jamais entendue) est Abbvie Corp c. Janssen Inc, 2014 CF 55 rev’d 2014 CAF 242. Abbvie détient un brevet relatif aux anticorps humains et à leur utilisation dans le traitement des maladies auto-immunes. Janssen produit un anticorps monoclonal humain commercialisé au Canada pour traiter les symptômes du psoriasis. Le juge de première instance a conclu que le brevet d’Abbott était valide et contrefait par le produit de Janssen. Cette décision a été infirmée par la Cour d’appel fédérale et renvoyée au juge de première instance pour une nouvelle décision. Bien que cette affaire ait été réglée à l’amiable et qu’aucune autre décision sur le fond ne soit rendue, elle demeure le signe avant-coureur de l’avenir des litiges pharmaceutiques.

La décision rendue dans l’affaire Abbvie c. Janssen illustre également l’estompement de la distinction traditionnelle entre les fabricants de marques et les fabricants de médicaments génériques dans les litiges biologiques. Ce phénomène est également observé dans le contexte des PBU. Les PBU sont des médicaments biologiques qui entrent sur le marché canadien avec une similitude démontrée avec un médicament biologique de référence. Les fabricants de PBU sont considérés comme des deuxièmes personnes en vertu du Règlement sur les médicaments brevetés (avis de conformité). Cependant, les PBU ne sont pas considérées comme identiques aux médicaments biologiques et les présentations à Santé Canada pour les PBU s’apparentent à des présentations de drogue nouvelle, nécessitant des renseignements plus détaillés que ce qui est généralement requis pour les génériques à petites molécules.

Comme un certain nombre de brevets couvrant les médicaments biologiques doivent expirer au cours des prochaines années, nous prévoyons une augmentation des litiges sur les produits biologiques au Canada.

5. Examen accéléré des prix par le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés

Le 22 janvier 2015, le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) a publié un avis d’audience alléguant qu’Alexion Pharmaceuticals Inc. a fixé un prix excessif pour son médicament breveté Soliris (éculzumab) au Canada. Soliris (eculizumab), un produit biologique, est le premier et le seul traitement pour les patients atteints d’hémoglobia paroxystique nocturne (HPN), une maladie sanguine rare et potentiellement mortelle, et du syndrome hémolytique urémique atypique (SHUa), une maladie génétique rare et potentiellement mortelle. Le CEPMB allègue que le coût annuel du traitement de ce médicament au Canada est excessif et plus élevé qu’aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Italie, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni. Alexion réfute toutes les allégations dans leur intégralité.

Une décision dans ce cas sera digne de mention. Il s’agit de la première cause intentée par le CEPMB depuis 2012 alléguant un prix excessif d’un médicament breveté. Si un comité d’arbitrage conclut que le prix est excessif lors d’une audience qui aura lieu au plus tard le 6 mars 2015, il pourrait ordonner que le coût de Soliris (éculzumab) soit réduit et qu’Alexion rembourse un revenu excédentaire.

Conclusion

Comme le droit de la propriété intellectuelle protège l’innovation et la créativité, il devrait évoluer avec le temps. En 2015, il pourrait le faire à un rythme accéléré. Bien qu’il soit impossible de prédire avec précision comment tout se déroulera, 2015 tend vers une année mouvementée.

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