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Les enjeux sont élevés dans le commerce mondial, et le Canada devrait aider

15 mai 2020

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Écrit par Darrel Pearson, John Weekes and Valerie Hughes

Alors que l’économie mondiale est secouée par les retombées de la crise de la COVID-19, les prédictions de ce que cela signifie pour l’avenir abondent. Certains soutiennent que la réglementation du commerce mondial, y compris de ses institutions, nécessite un changement de paradigme. D’autres soutiennent que le changement doit être soigneusement mesuré et ne pas négliger les intentions bienveillantes de la libéralisation du commerce, ni abandonner les avantages durement gagnés. En tant que pays qui dépend du commerce international pour notre prospérité, les enjeux pour le Canada sont alarmants.

En avril, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a indiqué que « le commerce mondial des marchandises devrait chuter de 13 à 32% en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 ». À la fin d’avril, quelque 76 pays avaient mis en place 118 mesures pour restreindre les exportations de divers produits médicaux et de nombreux pays avaient restreint l’exportation de produits agricoles et alimentaires malgré l’absence de signes de pénuries alimentaires imminentes.

Le Canada et ses partenaires commerciaux font face aux mêmes défis : retourner leurs citoyens au travail, rétablir les niveaux de production, permettre la constitution et la distribution de stocks (probablement excédentaires) et déterminer quand et quels contrôles doivent être exercés sur les exportations dans l’intérêt national. Ces conditions fausseront inévitablement la concurrence en faveur de certains secteurs ou producteurs, étrangers et nationaux.

Dans le même temps, les gouvernements dépensent des sommes énormes pour aider les citoyens à faire face à la perte de revenus résultant des confinements et encore plus de fonds seront nécessaires pour stimuler l’économie une fois que les confinements seront levés, dont une grande partie sous la forme de subventions gouvernementales. La lutte contre ces répercussions amènera les producteurs à demander aux gouvernements un allègement des recours commerciaux en vertu des lois nationales enracinées dans les traités internationaux auxquels le Canada est partie. La façon dont tout cet appui exceptionnel sera progressivement éliminé fera également l’objet d’une attention internationale intense.

Bien que certains dénoncent ce qu’ils perçoivent comme un manque de réponse de la part des organisations internationales, nous avons en fait été témoins d’une certaine coopération internationale. Au cours des dernières semaines, le G20 a convenu de travailler « pour assurer la circulation des fournitures médicales vitales, des produits agricoles essentiels et d’autres biens et services à travers les frontières » et « pour résoudre les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, pour soutenir la santé et le bien-être de tous », et poursuit ses efforts pour identifier « des actions à plus long terme ... pour soutenir le système commercial multilatéral et accélérer la reprise économique ».

Le Canada, de concert avec Singapour, l’Australie et d’autres, s’est engagé à maintenir les chaînes d’approvisionnement ouvertes, et plusieurs pays ont récemment détaillé des plans pour faciliter la circulation des biens et des services ainsi que la circulation essentielle des personnes. Vingt-quatre Membres de l’OMC ont publié une déclaration commune pour renforcer la coopération internationale dans le domaine du commerce des produits agricoles et alimentaires, et quarante-deux Ministres Membres se sont engagés à faire preuve de retenue et à coopérer dans le cadre du commerce international en général. De plus, plusieurs gouvernements ont participé à la Conférence mondiale pour les annonces de contributions afin de recueillir des fonds pour développer et déployer des diagnostics, des traitements et un vaccin efficaces et de veiller à ce qu’ils soient universellement abordables et disponibles. L’UE a lancé un effort de collaboration pour éliminer progressivement le financement d’urgence extraordinaire que les gouvernements ont déployé afin de minimiser les distorsions sur les règles du jeu du commerce international.

La perturbation et les distorsions de l’ordre commercial mondial, au sens large, ne sont pas encore au premier plan des esprits. On peut s’attendre à ce que les différends commerciaux internationaux prolifèrent si les gouvernements n’orientent pas leur attention vers l’horizon et si les économies sont autorisées à se redresser de manière décousue et non collaborative. Mais il est beaucoup trop tôt pour envisager de radier le système commercial. En effet, la crise de la COVID-19 pourrait même stimuler un processus de réforme qui aurait pu être impossible à réaliser en l’absence d’un événement catalytique majeur. Il est vrai que certains acteurs importants ne jouent pas un rôle central, du moins à ce stade, mais d’autres n’ont pas été dissuadés.

Alors, que devrait faire le Canada?

Le Canada devrait se préparer à un paysage de concurrence internationale contrairement à celui qui a précédé la pandémie. Aussi dépendants que jamais du commerce international, nous devons continuer à promouvoir la coopération internationale et le multilatéralisme. Nous devrions continuer de mettre l’accent sur la réforme de l’OMC et d’autres organisations internationales afin de les renforcer, notamment en améliorant leur réactivité à un nouvel ordre commercial mondial. Dans l’intérêt des Canadiens, le Canada doit jouer un rôle de leadership affirmé dans l’effort multilatéral visant à résoudre les problèmes mondiaux avec des solutions mondiales. 

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