Blogue

Le congédiement est le seul résultat acceptable pour un employé qui appelle un malade pour jouer au baseball

24 juin 2014

Close

Dans les motifs publiés le 19 juin 2014, la Cour d’appel de l’Alberta a confirmé une décision d’un tribunal inférieur annulant une sentence arbitrale en matière de travail (Telus Communications Inc v Telecommunications Workers Union, 2014 ABCA 199). L’affaire impliquait un employé de TELUS Communications Inc. qui avait demandé un jour de congé pour participer à un tournoi de balle-molle (ce qui a été refusé) seulement pour appeler malade le jour en question. Soupçonnant qu’il n’était pas réellement malade, le gestionnaire du requérant s’était rendu sur les terrains de balle où il avait vu le requérant jouer au baseball. Lorsqu’il a été confronté, le requérant a déclaré qu’il souffrait d’un cas grave de diarrhée le jour en question et qu’il ne jouait pas au baseball. Le requérant a admis plus tard qu’il était aux terrains de baseball lorsqu’il a été confronté au fait que quelqu’un l’avait vu là-bas; cependant, il a déclaré qu’il ne faisait que regarder. Le requérant a par la suite admis avoir joué, mais a minimisé son implication au motif qu’il « ne faisait que lancer ». TELUS a congédié le requérant pour un motif valable.

L’arbitre a réintégré le requérant et a substitué une suspension d’un mois au congédiement. Selon l’arbitre, TELUS n’avait aucune preuve directe que le requérant n’était pas malade comme il le prétendait et que son explication concernant son absence était [traduction] « plausible ».

TELUS a demandé le contrôle judiciaire de la décision de l’arbitre. Elle a fait valoir que l’arbitre n’avait pas tenu compte du poids global de sa preuve circonstancielle, qui soulignait irréfutablement le fait que le requérant avait menti au sujet de sa maladie. Elle a également soutenu que la décision de l’arbitre laissait entendre qu’un employé pourrait être trop malade pour travailler, mais suffisamment bien pour jouer au baseball, et une interprétation déraisonnable des dispositions sur les congés de maladie contenues dans la convention collective de la partie. TELUS a soutenu que la résiliation était le seul résultat raisonnable à partir de la preuve et que, par conséquent, la décision de l’arbitre devrait être annulée sans renvoyer l’affaire pour une nouvelle audience.

La Cour d’appel de l’Alberta a déterminé que l’arbitre avait agi de façon déraisonnable en exigeant de TELUS qu’elle démontre directement que le requérant n’était pas malade, une norme impossible. L’arbitre devait soupeser la preuve circonstancielle par rapport au témoignage du requérant afin de déterminer si le requérant avait menti au sujet de sa maladie. Étant donné que le poids écrasant de la preuve soulignait le fait que le requérant avait menti au sujet de sa maladie, la conclusion de l’arbitre était par ailleurs déraisonnable. Après avoir annulé la sentence, la Cour a refusé de renvoyer l’affaire à l’arbitre pour audition. La seule inférence raisonnable à tirer de la preuve était que le requérant avait menti au sujet d’être malade, puis avait menti à plusieurs reprises à son employeur après le fait et à l’arbitrage. La Cour a conclu que la résiliation était la seule issue raisonnable sur la preuve et que renvoyer l’affaire à l’arbitrage serait inutile.

En rendant son jugement, la Cour était consciente du fait que les arbitres du travail ont droit à une grande déférence. Toutefois, la Cour a pris note de sa règle de surveillance visant à protéger les plaideurs et les régimes administratifs contre les décisions déraisonnables. La décision du juge siégeant en cabinet de confirmer le congédiement était « conforme à la jurisprudence existante, aux politiques publiques et au rôle de supervision des tribunaux dans le processus administratif » (par. 39).

La décision de la Cour laisse entendre que, bien que très large, le pouvoir discrétionnaire d’un arbitre n’est pas illimité. La réintégration d’un employé qui a menti sur le fait d’être malade afin de jouer au baseball et a menti à ce sujet à nouveau lorsqu’il a été confronté, puis a menti à l’arbitrage était tout simplement un pont trop loin. Les employeurs doivent être en mesure de prendre des mesures disciplinaires à l’égard des employés pour abus flagrants de congés de maladie afin de gérer efficacement leur milieu de travail. Les tribunaux maintiennent une règle de surveillance lorsque les organismes administratifs ne tiennent pas compte des circonstances les plus pertinentes et interfèrent de façon déraisonnable avec ces droits.

Bennett Jones S.E.N.C.R.L., s.r.l. a été conseiller juridique de TELUS devant la Cour d’appel et dans les instances d’instance inférieure.

Author

Liens connexes



View Full Mobile Experience