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La Cour suprême du Canada rejette les procès devant jury pour des infractions à la Loi sur les valeurs mobilières

28 février 2017

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Écrit par Justin R. Lambert, Michael D. Mysak and William Katz

Dans deux décisions récentes, R c Peers, 2017 CSC 13 et R c Aitkens, 2017 CSC 14, la Cour suprême du Canada (CSC) a statué que les personnes accusées d’infractions au droit des valeurs mobilières n’ont pas droit à un procès devant jury.

Historique

Les deux appelants ont été accusés de plusieurs infractions à la Loi sur les valeurs mobilières. Les deux hommes font face à des accusations d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans moins un jour et d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 millions de dollars. L’alinéa 11f) de la Charte canadienne des droits et libertés accorde le droit à un procès devant jury « lorsque la peine maximale pour l’infraction est l’emprisonnement de cinq ans ou une peine plus sévère » [non souligné dans l’original].

Les appelants ont fait valoir que la peine potentielle de cinq ans moins un jour, plus une amende de 5 millions de dollars, équivalait à une [traduction] « peine plus sévère » déclenchant leur droit à un procès devant jury. Les appelants ont soulevé la question de savoir « combien vaut une nuit de prison pour un Canadien raisonnable? Si une nuit en prison vaut 5 millions de dollars ou moins, alors l’appel doit avoir gain de cause.

Cour d’appel

Les juges majoritaires de la Cour d’appel ont interprété l’expression « peine plus sévère » comme engageant la privation de liberté inhérente à la peine maximale d’emprisonnement imposée par la loi. Cette interprétation établit une distinction appropriée entre les crimes suffisamment graves pour justifier un procès devant jury et ceux qui ne le sont pas. Une peine maximale de « cinq ans moins un jour » ne devient pas une « peine plus sévère » simplement en raison d’une conséquence négative collatérale (comme une amende, aussi grave soit-elle).

Bien qu’elle ne soit pas liée par les décisions des tribunaux inférieurs, la décision de la Cour d’appel était conforme aux quelques décisions antérieures sur le sujet : R v Bondy, 2013 ONCJ 268 aux para 41-43; R v Gibbs, 2001 BCPC 361 au para 33.

Cour suprême du Canada

L’appel du jugement de Peers ABCA a été entendu le 14 février 2017. Le 24 février 2017, la CSC a rendu son jugement, statuant dans les deux cas seulement que :

L’appel est rejeté. Nous concluons que l’appelant n’avait pas droit à un procès devant jury, essentiellement pour les motifs de la majorité de la Cour d’appel ...

Points à retenir

N’ayant fourni aucun motif à l’appui de leur décision, la CSC nous a laissé spéculer sur leur raisonnement. Il s’agissait probablement d’une décision motivée par des politiques visant à se protéger contre un afflux de procès devant jury dans un système déjà rare en ressources. Toute autre décision aurait jeté les bases de procès devant jury dans diverses infractions qui ne sont pas actuellement accordées à ce droit garanti par la Charte.

Pour ce qui est de l’avenir, la Commission des valeurs mobilières de l’Alberta continuera de poursuivre les infractions graves à la Loi sur les valeurs mobilières devant la Cour provinciale par le biais du processus de déclaration de culpabilité par procédure sommaire devant un juge seul. Quant aux appelants, le procès de M. Aitkens est prévu pour avril 2018, tandis que M. Peers a plaidé coupable en février 2016.

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