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Une atteinte potentielle à la vie privée entraîne la certification conditionnelle d’un recours collectif

24 août 2015

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Le 27 juillet 2015, la Cour fédérale a autorisé conditionnellement un recours collectif relativement à une atteinte présumée à la vie privée découlant de l’administration par le gouvernement fédéral du Programme d’accès à la marihuana à des fins médicales (le Programme). Dans l’affaire D c. Sa Majesté la Reine, 2015 CF 916, les demandeurs allèguent que Santé Canada les a publiquement identifiés comme membres du Programme en envoyant par la poste des enveloppes surdimensionnées dont l’adresse de retour du « Programme d’accès à la marihuana à des fins médicales » était visible à l’extérieur. La classe certifiée pourrait inclure les quelque 40 000 personnes qui ont reçu ces enveloppes entre le 12 et le 15 novembre 2013. Les demandeurs affirment que ces enveloppes ont eu des effets négatifs sur leur vie, notamment le fait que leurs voisins et leurs employeurs découvrent qu’ils participent au Programme et qu’ils causent des problèmes de sécurité, en ce sens que la divulgation pourrait en faire les cibles d’un crime. Les demandeurs allèguent un certain nombre de causes d’action, y compris la négligence, la rupture de contrat, le délit d’intrusion dans l’isolement, ainsi que le délit « vraiment nouveau » de publicité donnée à la vie privée (qui est établi lorsque la publicité est donnée à une question concernant la vie privée d’autrui, et l’affaire rendue publique est d’un type qui: (i) serait très offensant pour une personne raisonnable; et (ii) n’est pas d’une préoccupation légitime pour le public).

Test pour la certification de classe

La Cour a déclaré que les dispositions relatives aux recours collectifs dans les Règles des Cours fédérales devraient être interprétées généreusement pour atteindre les objectifs suivants : (i) économie jurisprudentiquée; ii) l’accès à la justice; et (ii) la modification du comportement (en dissuadant les malfaiteurs de « préjudices mineurs mais généralisés »).

Le juge Phelan a conclu que les demandeurs avaient satisfait à chacune des cinq exigences relatives à la certification collective, sous réserve de quelques modifications à la déclaration.

Premièrement, les six demandes des demandeurs ont été suffisamment plaidées pour révéler une cause d’action raisonnable. La Cour a conclu qu’il n’était pas clair et évident que les actions ne pouvaient pas être accueillies comme il a été plaidé (même le délit potentiellement nouveau de publicité donnée à la vie privée) et, à ce titre, n’a radié aucun des six.

Ensuite, la Cour a conclu qu’il y avait suffisamment de questions communes de droit et de fait pour faire avancer le litige. Le fait que les questions restantes de responsabilité et de dommages-intérêts devraient être tranchées individuellement après le procès n’a pas empêché le respect de l’exigence de communité. De même, la Cour a conclu qu’un recours collectif était la procédure préférable, puisque l’accès à la justice serait amélioré par la résolution des questions communes et qu’il y avait peu de solutions de rechange pratiques. Les arguments du gouvernement fédéral selon lesquels plusieurs milliers de réclamations individuelles pèseraient sur le recours collectif appuyaient en fait la préférence pour la certification, par rapport à l’alternative d’une multitude d’actions individuelles. Il n’y a eu aucun différend au sujet des exigences d’une catégorie identifiable ou d’un plan de litige.

La Cour a contesté la proposition des demandeurs d’avoir un représentant anonyme, mais l’avocat du demandeur a indiqué qu’il pourrait y avoir une personne disposée à être identifiée publiquement comme un représentant du groupe, et à ce titre, la Cour a permis aux demandeurs de modifier la déclaration pour identifier un représentant, si possible.

Regard vers l’avenir

La Cour a accordé l’ordonnance sous réserve des modifications mentionnées ci-dessus, et les demandeurs procéderont probablement en tant que catégorie certifiée. Il reste à voir si le Gouvernement fédéral fera appel, mais pour l’instant, un autre obstacle majeur au succès de cette affaire a été surmonté. Les observateurs continueront de surveiller de près la façon dont les tribunaux traiteront les nouveaux délits relatifs à la vie privée et les réclamations fondées sur la Charte. L’issue de cette affaire pourrait avoir une incidence durable sur la loi canadienne sur la protection des renseignements personnels et sur les obligations imposées au gouvernement fédéral.

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