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Le ministre des Finances s’engage à établir une Banque canadienne de l’infrastructure

01 novembre 2016

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Écrit par David Dodge and Jane Bird

Dans son énoncé économique de l’automne du 1er novembre, M. Morneau, le ministre fédéral des Finances, a engagé le gouvernement fédéral à verser 81 milliards de dollars supplémentaires entre 2017 et 2027 pour financer les infrastructures publiques en mettant l’accent sur le transport en commun, les infrastructures vertes, sociales et rurales, ainsi que le commerce et le transport. Bien que les détails de ce financement ne seront disponibles que dans son budget du printemps, l’engagement le plus important du ministre est de fournir 15 milliards de dollars de cette initiative (35 milliards de dollars en espèces totales) par l’entremise d’une banque de l’infrastructure du Canada (BIC) nouvellement établie. La présente note décrit les principales caractéristiques de cette institution fédérale novatrice, ses répercussions sur le développement économique du Canada et les possibilités qu’elle offre aux entreprises canadiennes.

La banque a quatre objectifs principaux:

  1. structurer, négocier et fournir un soutien fédéral pour les projets d’infrastructure ayant un potentiel de génération de revenus;
  2. attirer des capitaux du secteur privé pour des projets d’infrastructure nationaux et régionaux clés. Pour ce faire, la Banque aura le pouvoir et la flexibilité d’utiliser des outils financiers novateurs, y compris la dette (y compris les garanties de prêts), les capitaux propres et le financement hybride;
  3. servir de point de contact unique pour les propositions spontanées du secteur privé, et c’est très important;
  4. fournir des conseils fondés sur des données probantes aux gouvernements (fédéral, provinciaux et peut-être municipaux) sur la conception, la structure et la négociation de projets générateurs de revenus.

Cette annonce est conforme aux recommandations d’octobre sur l’infrastructure du Conseil consultatif de la croissance économique.

Sur les 35 milliards de dollars d’autorisations disponibles, il est prévu que jusqu’à 15 milliards de dollars soient disponibles sous forme de subvention directe ou implicite à des projets générateurs de revenus qui entraîneraient une dépense budgétaire.

Le nom « Banque » est un peu mal nommé pour cette nouvelle agence, car son mandat va bien au-delà de la simple fourniture de prêts pour de nouveaux projets. Il fournira un amalgame de conseils aux gouvernements, de services bancaires d’investissement, de services de capital-investissement et de services de gestion de contrats. La BIC renforcerait les capacités nécessaires à l’exécution de multiples projets régionaux ou nationaux de grande envergure.

La BIC aura un degré important d’indépendance opérationnelle, mais les gouvernements prendront des décisions stratégiques importantes, bien qu’à ce stade, on ne sait pas exactement quel rôle les provinces joueront et la structure du conseil d’administration de la Banque n’est pas entièrement définie. On espère que la banque élaborera une « vérification » des besoins en infrastructure publique, soit directement elle-même, soit peut-être par l’entremise d’un organisme d’analyse fédéral-provincial connexe dont la structure est semblable à celle de l’Institut canadien d’information sur la santé.

Bien que la nature précise des projets que la BIC pourrait appuyer ne soit pas précisée, le gouvernement a clairement indiqué que les types suivants de projets générateurs de revenus pourraient être appuyés en fonction du mérite :

La Banque se concentrera sur l’infrastructure génératrice de revenus qui, dans la pratique, devrait être en mesure d’attirer des titres de créance et des capitaux propres privés en plus des capitaux propres de la BIC et de la dette et des contributions provinciales. Il est prévu que le coût des opérations courantes des projets, le service de la dette et le rendement des capitaux propres privés et de la BIC seraient payés à même les frais d’utilisation. Cependant, lorsqu’un projet de valeur n’offre pas au départ un rendement viable aux actionnaires, il est envisagé que la BIC (et les provinces ou les grandes municipalités) pourrait faire une subvention d’immobilisations pour rendre le projet attrayant pour les participants au capital-investissement. Par ailleurs, la BIC pourrait fournir une garantie de prêt ou une remise concessionnelle pour attirer la dette privée.

D’une manière générale, la BIC dispose d’une marge de manœuvre considérable pour mettre au point des formes créatives de financement afin d’appuyer l’infrastructure qui améliore la productivité tout au long de son cycle de vie. Toutefois, ces projets doivent générer des revenus directs et/ou dédiés qui seront soutenus par la BIC.

Le gouvernement espère que le secteur privé (en particulier les grandes caisses de retraite) financera jusqu’à 80 pour cent du coût du cycle de vie des projets. Les projets d’infrastructure sociale et les petits projets municipaux continueront d’être appuyés de façon traditionnelle par le gouvernement du Canada, qui contribue jusqu’au tiers des coûts en capital. Les provinces et les municipalités fourniraient les deux autres tiers du coût en capital sur le soutien continu complet au fonctionnement et à l’entretien.

L’établissement de la BIC indique que le gouvernement fédéral, par l’entremise de ce nouvel organisme relativement indépendant et professionnellement compétent, jouera un rôle plus actif dans la sélection et l’exécution des projets d’infrastructure d’importance nationale. Cela indique également que le gouvernement fédéral met beaucoup plus l’accent sur les frais d’utilisation plutôt que sur l’impôt général pour payer les infrastructures à usage public.

Possibilités d’affaires

L’engagement continu à l’égard de l’infrastructure, en particulier l’accent mis sur l’attraction d’investissements du secteur privé dans des projets générateurs de revenus, représente une opportunité pour les clients de Bennett Jones : pour ceux qui investissent dans l’infrastructure, le domaine vient de s’agrandir.

Le mandat de la BIC « de fournir des conseils au gouvernement, aux services bancaires et aux services de capital-investissement » signifiera, espérons-le, que plusieurs grands projets seront mis en œuvre rapidement et qu’ils seront bien structurés. Ceux qui sont expérimentés et préparés auront un avantage. Bien que les détails ne soient pas clairs à ce stade précoce, le signal que le gouvernement sera réceptif aux soumissions non sollicitées représente une nouvelle opportunité pour ceux qui ont de l’expérience dans l’élaboration de projets. Nous pensons que les domaines du transport d’énergie, de l’eau, des eaux usées et du transport sont bien adaptés à cette initiative.

La décennie à venir

La création de la BIC a d’importantes répercussions sur le développement économique du Canada au cours de la décennie à venir. D’abord et avant tout, il démontre un engagement fédéral à ce que l’infrastructure publique soit en partie soutenue par des frais d’utilisation plutôt que par la fiscalité, comme c’était la coutume du passé. L’engagement de se fier au moins en partie aux frais d’utilisation a trois conséquences importantes. Premièrement, cela signifie qu’au moins une partie du coût initial en capital et de tous les coûts de fonctionnement peuvent provenir du secteur privé plutôt que du budget du gouvernement. Deuxièmement, cela signifie que les projets ayant un rendement économique réel et qui améliorent la productivité globale sont les premiers à être financés; l’efficacité économique l’emportera sur l’opportunisme politique. Enfin, cela signifie que la planification et l’exécution des grands projets d’immobilisations seront effectuées efficacement par une institution quasi autonome indépendante. Ces trois facteurs devraient, au fil du temps, générer une croissance économique plus élevée tout en préservant de saines finances publiques.

Nous n’insisterons jamais assez sur l’accent mis sur les projets ayant une source de revenus et sur le passage de l’assiette fiscale générale aux frais d’utilisation pour financer des projets. Ceux qui sont créatifs dans l’identification d’une source de revenus, la structuration des projets tout au long du cycle de vie et la clairion sur le rôle d’un investissement fédéral auront des opportunités importantes.

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