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Journée de mise en œuvre de l’Accord sur le nucléaire iranien P5+1 : ce qu’il signifie pour les entreprises canadiennes et internationales

18 janvier 2016

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Le 16 janvier 2016 marquait la « Journée de mise en œuvre » du Plan d’action global conjoint (PAGC), l’accord historique de non-prolifération nucléaire et de réduction des sanctions conclu entre les pays « P5+1 » (Les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie, la France et l’Allemagne), l’Union européenne (UE) et le gouvernement de l’Iran le 14 juillet 2015. Le Canada n’était pas partie à l’accord du JCPOA.

Dans le cadre du JCPOA, l’Iran a promis de réduire son programme nucléaire en échange de la levée de certaines sanctions économiques contre le pays. Samedi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a officiellement vérifié que l’Iran avait respecté ses engagements au titre de l’accord, déclenchant les engagements de réduction des sanctions des autres parties. Bien que le JCPOA marque un changement positif dans les relations diplomatiques avec l’Iran, un large éventail de sanctions internationales contre l’Iran restent en place. Il s’agit notamment de toutes les sanctions unilatérales « primaires » imposées par les États-Unis qui s’appliquent aux activités des personnes des États-Unis et au commerce des produits des États-Unis.

Le gouvernement libéral nouvellement élu a laissé entendre qu’il prévoyait rouvrir les relations diplomatiques avec l’Iran et revoir les sanctions globales imposées par le gouvernement précédent. Ces signaux ont été publiquement réitérés hier par le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion, soulignant les conséquences négatives pour les entreprises canadiennes du maintien de sanctions générales contre l’Iran alors que les sanctions d’autres pays sont assouplies.

La levée progressive des sanctions du JCPOA réduira considérablement les contraintes sur la capacité des entreprises iraniennes à faire des affaires à l’échelle internationale, en particulier en Europe. On estime qu’à la suite de l’assouplissement des sanctions, l’Iran aura accès à plus de 100 milliards de dollars américains d’avoirs précédemment gelés à l’étranger, et il sera en mesure de recommencer à vendre du pétrole sur les marchés internationaux et à utiliser le système financier international pour faciliter le commerce.

Les changements pourraient représenter de nouvelles opportunités d’affaires importantes en Iran pour les entreprises qui peuvent réussir à naviguer dans la mosaïque de restrictions restantes. On peut s’attendre à ce que le gouvernement canadien modifie rapidement son programme de sanctions contre l’Iran à la lumière de ces développements afin d’uniformiser les règles du jeu pour les entreprises canadiennes en concurrence avec les entreprises étrangères pour ces nouvelles opportunités.

Levée des sanctions de l’ONU, de l’UE et des États-Unis

Les sanctions levées à la suite de la journée de mise en œuvre du PAGC comprennent notamment ce qui suit :

Le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin à ses résolutions qui avaient imposé des sanctions liées au nucléaire à l’Iran et les membres de l’ONU, y compris le Canada, devront modifier ou abroger leur loi de mise en œuvre nationale de ces sanctions. Cependant, l’ONU conservera certaines restrictions spécifiques, y compris des restrictions concernant le transfert de marchandises sensibles à la prolifération. Les sanctions seront également réimposées si des inspections ultérieures de l’AIEA font état d’une non-exécution importante par l’Iran de ses engagements en matière de JCPOA.

Les réductions des sanctions de l’Union européenne représentent le changement le plus important qui aura une incidence sur les affaires avec l’Iran. L’UE a mis fin à toutes les sanctions économiques et financières liées au nucléaire contenues dans le règlement (UE) n° 267/2012 du Conseil et la décision 2010/413/PESC du Conseil connexe, y compris le gel des avoirs et les restrictions d’interdiction de voyager pour les personnes désignées, les restrictions sur les services financiers (tels que les virements bancaires, les services de correspondant bancaire, le crédit à l’exportation, les garanties commerciales et les assurances, les subventions et l’aide financière, entre autres), les importations et le transport de pétrole, de pétrole, de gaz et de produits pétrochimiques iraniens, les exportations d’équipements et de technologies clés pour les secteurs pétrolier, gazier et pétrochimique iraniens et les investissements dans ces secteurs, les exportations d’or, de métaux précieux, de diamants, de graphite et de métaux semi-finis, les exportations de logiciels intégrant des processus industriels, les restrictions navales, aéronautiques et de transport, et divers services connexes.

Les États-Unis ont supprimé les sanctions « secondaires » économiques et financières liées au nucléaire, c’est-à-dire les sanctions dirigées contre des personnes non américaines pour un comportement spécifié (couvrant des activités similaires à celles décrites dans la section de l’UE ci-dessus) impliquant l’Iran qui se produit entièrement à l’extérieur des États-Unis et n’implique pas de personnes des États-Unis. Les États-Unis ont également retiré plus de 400 personnes et entités de leurs listes restreintes de partis. Plus important encore, les États-Unis ont pris des mesures pour i) autoriser les exportations vers l’Iran en provenance des États-Unis d’aéronefs commerciaux de passagers et de pièces et services connexes, ii) concéder des licences à l’extérieur des États-Unis. les entités qui appartiennent à une personne des États-Unis ou qui sont contrôlées par elle pour reprendre le commerce avec l’Iran dans la mesure où leurs activités sont conformes au JCPOA (plus de données à ce sujet ci-dessous), et (iii) autoriser l’importation aux États-Unis de certains tapis et produits alimentaires d’origine iranienne tels que les pistaches et le caviar. (Parallèlement, cependant, les États-Unis ont ajouté 11 personnes et entreprises à leurs listes restreintes de partis en raison de leurs liens avec le programme de missiles balistiques de l’Iran. Il est interdit aux ressortissants des États-Unis et aux ressortissants étrangers, dans certaines circonstances, de faire affaire avec ces personnes désignées.)

Toutes les autres sanctions américaines contre l’Iran applicables aux personnes des États-Unis demeurent en place, y compris l’embargo commercial intérieur des États-Unis sur l’Iran et le gel des avoirs contre le gouvernement iranien et les institutions financières iraniennes. Il continue également d’être interdit aux personnes qui ne sont pas des États-Unis de se livrer sciemment à un comportement qui vise à échapper ou à contourner les sanctions américaines (comme l’exportation de biens ou de services d’origine américaine vers l’Iran, directement ou indirectement). Il continue également d’être interdit aux institutions financières non américaines de compenser les transactions libellées en dollars américains impliquant l’Iran par l’intermédiaire d’institutions financières américaines.

Levée des restrictions sur les filiales étrangères de sociétés américaines

D’une importance potentielle pour les entreprises canadiennes est Général License H délivré par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor des États-Unis, qui autorise « Certaines transactions relatives à des entités étrangères détenues ou contrôlées par une personne des États-Unis ». En vertu des sanctions américaines antérieures contre l’Iran, toute entité étrangère détenue ou contrôlée par une personne des États-Unis était également pleinement assujettie aux sanctions américaines. Cela comprenait toute entité étrangère dans laquelle une personne des États-Unis détient un intérêt de 50% ou plus par vote ou valeur d’action, détient une majorité au conseil d’administration ou contrôle autrement les actions, les politiques et les décisions de l’entité. Cette nouvelle licence générale signifie que les filiales canadiennes de sociétés mères américaines ne seront plus assujetties de façon extraterritoriale aux restrictions imposées par les États-Unis à l’Iran (bien qu’elles continueront d’être assujetties à toutes les sanctions canadiennes qui demeurent en place).

Réponse du Canada

Historiquement, le Canada n’a imposé des sanctions économiques qu’à la suite d’actions multilatérales comme les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Le gouvernement conservateur précédent s’est écarté de cette tradition en imposant des sanctions unilatérales contre l’Iran et plusieurs autres pays (dont la Russie). Les Canadiens peuvent s’attendre à ce que le gouvernement libéral actuel revienne à une approche plus multilatérale à l’égard des sanctions économiques.

Une réponse opportune du gouvernement canadien est essentielle pour plusieurs secteurs d’activité canadiens, notamment les services pétroliers et gaziers, l’ingénierie et la construction, les services financiers, les pièces d’automobile et l’aviation civile. Avant l’imposition de sanctions canadiennes en 2010, les sociétés pétrolières et gazières, d’ingénierie et de construction canadiennes avaient des assises concurrentielles bien établies en Iran. Les entreprises canadiennes de ces secteurs sont bien placées pour réintégré rapidement le marché iranien.

D’autres secteurs, y compris les services financiers, les pièces d’automobile et l’aviation civile, ont également un avantage concurrentiel potentiel à condition que le gouvernement canadien aligne rapidement ses sanctions sur celles de l’UE et d’autres partenaires commerciaux. Les entreprises européennes et même américaines se sont activement positionnant pour réintérir le marché iranien en établissant des contacts avec des partenaires commerciaux potentiels. Il est à noter que les États-Unis prendront immédiatement des mesures pour libéraliser les exportations américaines d’aéronefs civils en réponse directe à l’intention déclarée de l’Iran d’acheter plus de 300 avions de passagers au cours des prochaines années. Le secteur automobile iranien a également besoin d’investissements majeurs et d’une expansion de sa chaîne d’approvisionnement internationale. Les entreprises canadiennes sont sur le point de devenir des acteurs importants sur ces marchés, à condition que le gouvernement du Canada prenne rapidement des mesures. Cet avantage concurrentiel s’évaporera rapidement si le gouvernement retarde l’action.

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