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ExxonMobil remporte la bataille des titres du changement climatique contre New York, mais la guerre continue

16 décembre 2019

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Écrit par Michael Theroux, John Piasta, Laura Gill and Ryan Moore

Plus de quatre ans de litiges ont pris fin ce mois-ci lorsque la Cour suprême de l’État de New York a rendu son jugement dans l’affaire People of the State of New York v Exxon Mobil Corporation. La Cour s’est prononcé massivement contre le procureur général de New York (le « procureur général »), exonérant ExxonMobil Corporation (« Exxon ») des allégations selon lesquelles elle s’était livrée à « un stratagème frauduleux de longue date » pour frauder les investisseurs sur la gestion des risques commerciaux posés par la réglementation sur le changement climatique. 

La poursuite découlait de deux publications d’Exxon de 2014 intitulées « Energy and Carbon – Managing the Risks » et « Energy and Climate ». Le procureur général a allégué qu’Exxon avait induit les investisseurs en erreur en déclarant qu’un « coût indirect » du carbone était universellement utilisé pour évaluer l’effet de la réglementation environnementale sur les projets énergétiques, alors qu’en fait Exxon utilisait une variable différente « coût des GES » pour évaluer les projets en interne. Le procureur général a allégué que les investissements en capital d’Exxon étaient donc plus risqués que les investisseurs n’avaient été amenés à le croire, que les investisseurs avaient pris des décisions basées sur le coût de remplacement et que les titres étaient surévalués et gonflés artificiellement. 

La cause du procureur général était fondée sur deux allégations de fausses déclarations. Premièrement, les accusations de fausses déclarations en common law, qui exigeaient que le procureur général prouve l’intention d’Exxon de tromper, le recours à la fausse déclaration et les dommages-intérêts. Deuxièmement, les fausses déclarations prévues par la loi Martin, qui est une loi propre à New York. Ces accusations ont une norme de preuve inférieure à celle des fausses déclarations de common law et exigeaient que le procureur général prouve seulement qu’une fausse déclaration avait eu lieu et que la fausse déclaration était importante dans la vente de titres. Le procureur général n’avait pas à prouver l’intention, la confiance ou les dommages-intérêts. 

Le procès ne s’est pas bien passé pour le procureur général. Malgré une enquête de quatre ans, le procureur général n’a produit aucun élément de preuve provenant d’un investisseur qui prétendait avoir été induit en erreur par une divulgation, même si le procureur général avait précédemment déclaré qu’il convoquerait ces témoins au procès. Dans sa déclaration finale, le procureur général a retiré les accusations de fausses déclarations en common law. 

Dans sa décision écrite, la Cour a jugé que les réclamations du procureur général contre Exxon n’étaient pas fondées. La Cour a accepté l’explication d’Exxon selon laquelle elle avait utilisé le coût indirect des coûts du carbone et des GES à des fins différentes et a jugé qu’Exxon n’avait jamais déformé ce fait. En particulier, Exxon a utilisé le coût indirect du carbone pour créer une projection applicable à ses opérations mondiales de l’effet de la baisse de la demande d’énergie résultant des politiques environnementales et pour prévoir les prix futurs du pétrole et du gaz. D’autre part, Exxon a utilisé le coût des GES de manière plus étroite afin d’évaluer le coût de la conformité à la réglementation spécifique à la juridiction sur des projets spécifiques. Le cours de l’action d’Exxon n’a pas été affecté par la pratique, car le procureur général n’a présenté aucune preuve pour montrer que le coût indirect du carbone ou des GES d’Exxon a modifié les décisions d’investissement des investisseurs ou des analystes.

La Cour a utilisé un langage fort pour critiquer les allégations du procureur général, qualifiant la plainte initiale d'« hyperbolique » et notant les « déclarations politiquement motivées » de l’ancien procureur général avant le procès. En revanche, la Cour a déclaré que les politiques internes d’Exxon étaient appliquées de manière professionnelle et que les cadres et les employés étaient « uniformément engagés à s’acquitter rigoureusement de leurs fonctions de la manière la plus complète et la plus méticuleuse possible ». La Cour a noté que pas un seul employé d’Exxon n’était au courant d’un stratagème visant à induire les investisseurs en erreur sur la façon dont Exxon fait face au risque climatique. 

En conséquence, la Cour a conclu que les allégations de fausse déclaration du procureur général contre Exxon n’étaient pas fondées et a rejeté l’affaire avec préjudice, ce qui signifie que la même question ne peut pas être jugée à nouveau sur les mêmes faits dans l’État de New York. Cependant, la bataille juridique n’est pas terminée pour Exxon, car le procureur général du Massachusetts a déposé une plainte le deuxième jour du procès qui imite la demande du procureur général, mais allègue également une campagne de désinformation « de style tabac » vers la science du climat. 

Étant donné qu’il subsiste une incertitude importante quant à la probabilité, au moment, aux effets des tendances et des événements climatiques et à l’importance relative des risques liés aux changements climatiques, il est probable que la divulgation liée aux changements climatiques continuera de faire l’objet d’une attention et d’un examen accrus. Alors que les risques liés au changement climatique deviennent de plus en plus importants à l’échelle mondiale, les investisseurs rechercheront des informations sur son impact sur leurs investissements, collectivement à court, moyen et long terme. Les émetteurs sont encouragés à examiner leurs informations dans ce contexte et à évaluer leurs processus de gouvernance, d’évaluation des risques et d’information connexes. Lorsque l’information sur les changements climatiques est requise en vertu des lois sur les valeurs mobilières applicables, les émetteurs doivent s’assurer que cette information est qualifiée de façon appropriée, que les limites qui s’y trouvent sont déterminées et que les facteurs ou hypothèses importants utilisés pour élaborer une telle information sont communiqués efficacement aux investisseurs. Bien que l’affaire de New York indique qu’il y aura des obstacles importants à la justification des allégations de fausses déclarations devant les tribunaux, il reste à voir si la lutte contre le changement climatique par le biais de litiges en droit des valeurs mobilières est une option viable pour les activistes.

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