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L’argument de la double incrimination échoue dans la fraude à la Ponzi

18 janvier 2018

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Écrit par Jim Schmidt and Michael S. Sestito

Dans R. v. Samji, 2017 BCCA 415 [Samji], la Cour d’appel de la Colombie-Britannique a décidé qu’une sanction administrative pécuniaire (SAP) de 33 millions de dollars imposée par la Commission des valeurs mobilières de la province contre une personne qui avait dirigé un stratagème massif de Ponzi n’était pas une « véritable conséquence pénale ». Par conséquent, la Cour a statué qu’une poursuite criminelle parallèle n’exposait pas la personne à une double incrimination en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.

La personne impliquée est Rashida Samji, une ancienne notaire publique autorisée dans la région de Vancouver. Mme Samji a exploité un système de Ponzi à grande échelle, impliquant au moins 100 millions de dollars, d’environ 2003 à 2012.

Après la découverte du stratagème, Mme Samji a fait l’objet d’une procédure devant la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique. La Commission a conclu qu’elle avait commis une fraude en vertu de la Loi sur les valeurs mobilières de la province. Il a émis une ordonnance de restitution d’un peu plus de 10 millions de dollars et a évalué une SAP de 33 millions de dollars. Sa décision n’a jamais fait l’objet d’un appel.

Mme Samji a également été accusée de plusieurs chefs de vol et de fraude en vertu du Code criminel.

Lors de son procès criminel, qui a eu lieu après les procédures de la Commission, Mme Samji a demandé un sursis en vertu de la Charte.

Mme Samji a soutenu que la SAP évaluée par la Commission était une véritable conséquence pénale et que les procédures criminelles étaient interdites par la protection de la Charte contre la double incrimination.

Le juge du procès a rejeté son argument et l’a déclarée coupable. Elle a été condamnée à six ans d’emprisonnement.

La Cour d’appel de la Colombie-Britannique a rejeté son appel.

Les juges majoritaires ont conclu que la SAP imposée n’était pas une véritable conséquence pénale et que la protection de la Charte ne s’applique pas. Bien que l’AMP ait été substantielle, elle n’était pas punitive , mais plutôt une ordonnance de protection visant à dissuader une conduite similaire et à ne pas dénoncer une culpabilité morale similaire.

La Cour a également conclu que la Loi sur les valeurs mobilières ne permettait pas à la Commission de rendre une ordonnance ayant une conséquence pénale. Comme il n’y a pas eu d’appel de la décision de la Commission, celle-ci a suscité une présomption de validité, c’est-à-dire qu’elle n’avait aucune conséquence pénale. En d’autres termes, la seule façon pour que la décision de la Commission ait été contestée en tant que véritable conséquence pénale aurait été que Mme Samji interjette appel de la décision au moyen des mécanismes établis dans la Loi sur les valeurs mobilières.

Un jugement concordant a adopté une approche analytique différente, suggérant que la question de savoir si Mme Samji a été accusée d’une infraction, dans le cadre des procédures de la Commission, devait être évaluée en tenant compte des dispositions importantes de la Loi sur les valeurs mobilières. Si ces dispositions sont de nature criminelle ou permettent de véritables conséquences pénales, la Charte s’applique; si ce n’est pas le cas, la Charte ne s’applique pas. Selon cette analyse, la pénalité effectivement imposée n’est pas pertinente.

Alléguant une double incrimination à l’avenir

L’arrêt Samji est intéressant à plusieurs niveaux, notamment que la Cour n’a pas été dissuadée par la taille de la SAP. Mais un point pratique évident à retenir est que si une personne souhaite alléguer qu’une procédure réglementaire ou administrative donne lieu à une véritable conséquence pénale, elle doit interjeter appel de toute décision défavorable dans une telle procédure. Attendre pour soulever la question dans une procédure criminelle ultérieure sera attendre trop longtemps.

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