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La Cour d’appel augmente l’amende d’entreprise en cas d’accident mortel

06 septembre 2013

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En décembre 2009, quatre travailleurs sont morts alors qu’ils réparaient des balcons dans un complexe d’appartements dans le nord de Toronto. L’accident a été causé par la négligence du superviseur du site (il est décédé dans l’accident). L’entreprise de construction, Metron Construction Corporation, et son président et unique administrateur, Jl Swartz, ont été accusés en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail et du Code criminel sur la base des actions du superviseur du site.

Swartz et Metron ont plaidé coupable. Swartz a été reconnu coupable de quatre chefs d’accusation en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail et a reçu une amende de 90 000 $ (plus la suramende compensatoire de 25 %).  Il s’agit de l’amende la plus élevée jamais imposée à une personne en vertu de la Loi.  Swartz et le ministère public ont présenté un mémoire conjoint sur la détermination de la peine, que le juge qui a prononcé la peine a accepté.

Metron a plaidé coupable à une accusation de négligence criminelle causant la mort en vertu du Code criminel, mais Metron et la Couronne n’étaient pas d’accord sur l’amende. La Couronne a demandé une amende de 1 million de dollars. Metron a plaidé en faveur d’une amende de 100 000 $. Le juge a imposé une amende de 230 000 $, y compris la suramende compensatoire. Le juge a fondé sa décision, en partie, sur le fait qu’une amende de 1 million de dollars « conduirait probablement [Metron] à la faillite ».

Le ministère public a interjeté appel. La Cour d’appel, dans un décision rendue le 4 septembre 2013, a convenu avec la Couronne que l’amende était trop faible et a ordonné à Metron de payer 750 000 $. Pour en arriver à cette conclusion, la Cour d’appel a tenu compte des facteurs pertinents à la détermination de la peine imposée aux sociétés pour décès professionnels :

  1. Le juge qui a prononcé la peine a utilisé les amendes en vertu de la LSST comme point de référence. La Cour d’appel a rejeté cette approche, affirmant que le Code criminel vise à « fournir un moyen de dissuasion supplémentaire pour une conduite moralement répréhensible ».
  2. Bien que le Code criminel prévoie que la capacité de payer est pertinente pour les amendes contre les particuliers, la Cour a conclu que la même condition préalable ne s’applique pas aux sociétés.
  3. La Cour d’appel a statué que la perspective d’une faillite de la société n’est pas sans importance. Bien qu’il s’agisse d’un facteur à prendre en considération, il n’est pas déterminant. En l’espèce, la Cour a conclu qu’il n’y avait pas d’intérêt public évident dans la viabilité continue de Metron (c.-à-d. qu’elle comptait quelques employés et qu’il n’y avait aucune preuve de son importance pour la collectivité ou de sa valeur en tant que source d’approvisionnement ou en tant que participant de l’industrie).
  4. La Cour d’appel a conclu que l’amende de 200 000 $ était tout simplement trop faible, compte tenu de la gravité de l’infraction. Quatre travailleurs sont morts. Deux autres ont été blessés. L’accident était évitable. Comme la Cour l’a conclu, la peine d’une amende de 200 000 $ était « manifestement inapte ».
Metron n’est que la deuxième affaire tranchée en vertu des dispositions du Code criminel relatives à la négligence criminelle et la première où les parties ne se sont pas entendus sur la peine. Étant donné que les cas sont très factuels, il est difficile de savoir quel impact cette décision peut avoir sur les amendes résultant d’accidents du travail. Cela semble indiquer le désir de la Couronne d’imposer des pénalités plus importantes. Il semble clair que la Couronne et les tribunaux sont déterminés à faire en sorte que les employeurs comprennent que, dans certaines circonstances, les accidents de travail, même ceux causés par des employés de niveau intermédiaire, peuvent entraîner des pénalités graves, même si l’amende nuirait financièrement à l’entreprise.

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