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Le Groupe de travail sur la modernisation des marchés financiers publie le rapport de consultation initial

05 août 2020

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Écrit par Will Osler, Christopher Doucet and Matthew Cunningham

En février 2020, le gouvernement de l’Ontario a mis sur pied le Groupe de travail sur la modernisation des marchés des capitaux afin d’examiner et de moderniser les marchés financiers de l’Ontario. Compte tenu des événements qui se sont produits depuis le dernier examen en 2003, y compris la Grande Récession et la pandémie de COVID-19 en cours, il s’agit d’une entreprise bien nécessaire. Le groupe de travail a publié son rapport de consultation initial le 7 juillet, discutant de 47 des questions stratégiques les plus urgentes soulevées par les intervenants au cours du processus de consultation.

Il y a deux thèmes généraux de ces questions de politique. Premièrement, pour compléter la fonction de maintien de l’ordre de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO). Deuxièmement, faire croître les marchés financiers de l’Ontario. Le rapport propose quelques changements importants, et un certain nombre d’entre eux sont examinés plus en détail ci-dessous. Un certain nombre de propositions auraient une incidence sur les politiques dans plusieurs provinces, et leur mise en œuvre nécessiterait une coopération dans le cadre d’une approche harmonisée.

1. Simplifier le calendrier de divulgation

À l’heure actuelle, les sociétés ouvertes canadiennes sont tenues de fournir une divulgation trimestrielle de leurs résultats financiers intermédiaires et du rapport de gestion qui l’accompagne. Les intervenants consultés par le groupe de travail ont fait remarquer qu’il peut s’agir d’un processus onéreux, en particulier pour les petits émetteurs. Pour atténuer ce problème, le rapport recommande de passer de l’information trimestrielle à l’information semestrielle à la discrétion de l’émetteur. Cela réduirait les dépenses des émetteurs et devrait présenter une meilleure proposition de valeur pour les émetteurs dont les finances ne changent pas de façon significative d’un trimestre à l’autre.

2. Introduire un modèle d’offre alternatif pour les émetteurs déclarants

Le groupe de travail propose un autre modèle d’offre qui reposerait sur le dossier d’information continue d’un émetteur au lieu d’un prospectus. En vertu de ce modèle, les émetteurs qui se conforment aux exigences d’information continue et qui remplissent certaines autres conditions seraient en mesure d’offrir au public des titres cotés en bourse jusqu’à concurrence d’un certain montant maximal en dollars. L’émetteur devrait également déposer un court document d’information dans le cadre du placement.

3. Création d’un modèle de diffusion de l’information « l’accès égal à la prestation »

Cette proposition permettrait aux entreprises de divulguer des documents aux investisseurs et aux intervenants en format électronique, y compris en les affichant sur des sites Web, au lieu d’avoir à fournir des versions imprimées. Cela cadrerait avec le projet SEDAR+ des Autorités canadiennes en valeurs mobilières et aiderait à fournir aux investisseurs et aux organismes de réglementation une divulgation plus rapide. De plus, cela devrait atténuer les efforts et les coûts que les émetteurs consacrent actuellement à l’information ainsi que les répercussions sur l’environnement. Les documents visés par cette proposition comprendraient des états financiers annuels et intermédiaires, des rapports de gestion et des rapports de gestion sur le rendement des fonds, ce qui pourrait s’étendre à d’autres types d’information.

4. Permettre aux courtiers du marché dispensé de participer à des placements de prospectus et à des prises de contrôle inversées

Les courtiers du marché dispensé (EMD) offrent un soutien aux entreprises en démarrage et aux petits émetteurs qui cherchent à mobiliser des capitaux avant de s’engager dans un premier appel public à l’épargne. Toutefois, les DME sont souvent incapables de continuer à soutenir ces entités lorsqu’elles entreprennent par la suite des placements de prospectus. Le rapport propose de permettre aux DME de participer à des placements de prospectus en tant que membres du groupe vendeur, ce qui leur permettrait d’entretenir des relations avec les émetteurs et d’ouvrir des canaux de financement supplémentaires. En outre, le rapport recommande que les DME soient autorisés à agir en tant que sponsors dans les transactions de prise de contrôle inversée.

5. Consolidation des exigences en matière de rapports et de réglementation

Le rapport recommande de simplifier les exigences en matière de rapports et de réglementation, y compris la combinaison des exigences relatives aux formulaires de rapport de gestion, aux notices annuelles et aux états financiers. La proposition prévoit également la suppression de certaines exigences en matière de déclaration lorsque l’information est disponible au moyen d’autres divulgations.

6. Suppression de la période de retenue de quatre mois sur les titres dispensés

Le groupe de travail propose de supprimer la période de retenue de quatre mois actuellement en place pour les titres émis par un émetteur exempté en vertu de la dispense accordée aux investisseurs accrédités. La proposition permettrait les transactions secondaires immédiatement lorsque l’émetteur a été un émetteur déclarant pendant quatre mois avant l’échange. Toutefois, les émetteurs et tous les courtiers seraient tenus de prendre des mesures pour s’assurer que l’investisseur accrédité achète des titres pour son propre compte et non pour les distribuer, afin d’éviter les souscriptions indirectes à des investisseurs non accrédités. Cela pourrait nécessiter des représentations et des garanties élargies dans les contrats d’abonnement, si cette proposition est adoptée.

7. Élaboration d’un modèle d’émetteur chevronné bien connu

Le modèle d’émetteur chevronné bien connu (WKSI), actuellement utilisé aux États-Unis, permet aux émetteurs d’entreprendre un processus d’enregistrement de référence moins lourd. Les exigences de wksi en vertu du modèle américain comprennent que l’émetteur maintient un certain flottant public ou qu’il a émis un certain nombre de titres de créance dans une période de temps spécifiée tout en maintenant un dossier de divulgation approprié. Le groupe de travail recommande une modification à la Loi sur les valeurs mobilières (Ontario) afin de permettre l’élaboration d’un modèle WKSI au Canada. Cela permettrait aux grands émetteurs de mobiliser des capitaux de manière plus rentable et de réduire au minimum le fardeau réglementaire.

8. Interdire la vente à découvert dans le cadre d’offres de prospectus et de placements privés

Les intervenants consultés par le groupe de travail ont fait remarquer que la vente à découvert dans le cadre des placements de prospectus est un problème croissant avec le système actuel, en particulier en ce qui concerne les prises fermes. Entre autres problèmes, la vente à découvert entrave la tarification et l’exécution des offres. Le rapport propose que la CVMO adopte une règle interdisant aux participants au marché qui ont déjà vendu à découvert des titres du même type offerts en vertu d’un prospectus d’acquérir des titres dans le cadre d’un tel prospectus ou placement privé.

9. Introduire d’autres catégories accréditées

L’exemption pour les investisseurs qualifiés s’applique aux personnes qui respectent certains seuils de revenu et d’actif, entre autres exigences. Le groupe de travail propose d’élargir cette exemption pour inclure les personnes ayant des compétences pertinentes, comme celles qui ont rempli la Charte de la FCA.

10. Diversité au sein du conseil d’administration; Limites du mandat des administrateurs

Depuis 2014, les sociétés inscrites à la Bourse de Toronto sont tenues de divulguer leurs approches en matière d’amélioration de la diversité des genres. Toutefois, de l’avis du groupe de travail, le développement de la diversité a été lent. Cela peut être attribuable au modèle actuel de « conformité ou d’explication » selon lequel les entreprises ne sont pas nécessairement tenues de suivre des règles conçues pour améliorer la diversité. Le rapport propose que la législation sur les valeurs mobilières s’éloigne de ce modèle au profit de l’établissement de cibles et exige des émetteurs qu’ils fournissent des données sur la représentation de la diversité au sein des conseils d’administration et des postes de dirigeants. D’autres modifications imposeraient également un mandat maximal de 10 ans aux administrateurs, à quelques exceptions près, afin d’augmenter le renouvellement du conseil d’administration. De plus, le groupe de travail recommande que la CVMO s’impose des cibles semblables afin d’assurer une représentation semblable à celle des entreprises qu’elle réglemente.

11. Instaurer un cadre réglementaire pour les agences de conseil en vote

Le groupe de travail propose que la CVMO commence à réglementer les agences de conseil en vote (PAC). Cela comprendrait l’exigence que les clients institutionnels des F PAF soient fournis avec le point de vue de l’émetteur avec le rapport du PAF, l’introduction d’un droit statutaire pour un émetteur de réfuter les rapports PAF et la mise en œuvre d’un cadre de conflit d’intérêts pour s’assurer que les F PAF ne sont pas simultanément fournir des services de consultation aux émetteurs et des recommandations de vote aux clients à l’égard de ces mêmes émetteurs. Il convient de noter que la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis a récemment adopté de nouvelles règles sur les conseils de vote par procuration. Les nouvelles règles de la SEC comprennent l’obligation pour les PAC de fournir des informations sur les conflits d’intérêts et de donner aux sociétés qui font l’objet de conseils de vote par procuration l’accès à ces conseils avant ou lorsque le PAF fournit les conseils à ses clients.

12. Réduire le seuil d’alerte précoce de 10 % à 5 %

À l’heure actuelle, les actionnaires sont tenus de fournir une information préliminaire concernant leur contrôle, leur direction ou leur propriété effective des titres d’un émetteur lorsqu’ils exercent un tel contrôle ou une telle direction sur 10 % des titres avec droit de vote ou de participation d’un émetteur. Cependant, les actionnaires peuvent souvent demander une assemblée des actionnaires tout en ne détenant que 5% de ces titres. Avec la montée de l’activisme des investisseurs, le groupe de travail propose de réduire l’exigence de divulgation d’alerte précoce à 5%. Cela refléterait mieux les règles d’autres juridictions, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, et s’harmoniserait avec la capacité de convoquer des assemblées d’actionnaires.

13. Exiger un vote annuel des actionnaires sur la rémunération

Le groupe de travail propose d’exiger que les émetteurs inscrits à la Bourse de Toronto procèdent périodiquement à un vote obligatoire des actionnaires sur leur propre approche à l’égard de la rémunération de la haute direction. Cela fournirait aux conseils d’administration des commentaires utiles et encouragerait l’engagement des actionnaires. De plus, cela s’harmoniserait avec les développements au Canada et dans d’autres administrations, comme les récentes modifications à la Loi canadienne sur les sociétés par actions qui exigent des crédits consultatifs sur la rémunération. Cependant, le rapport s’abstient de recommander que de tels votes soient contraignants, afin de préserver les processus décisionnels des conseils.

14. Exiger une divulgation accrue des informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG)

Pour refléter l’intérêt accru des investisseurs pour l’information ESG, le groupe de travail recommande l’adoption d’un cadre normalisé permettant de divulguer ces informations. Il existe actuellement deux cadres courants, le Sustainability Accounting Standards Board et le Taskforce on Climate-Related Financial Disclosures. Le rapport recommande d’adopter l’un des cadres et de l’utiliser pour mettre en œuvre progressivement la divulgation obligatoire des informations ESG au fil du temps.

15. Exiger des exigences et des directives supplémentaires pour les administrateurs indépendants en matière de conflits d’intérêts

Tel qu’il est rédigé, le Règlement 61-101 sur la protection des porteurs minoritaires de valeurs mobilières lors d’opérations spéciales (Règlement 61-101) ne couvre pas entièrement le rôle des comités d’administrateurs indépendants dans l’examen des opérations de conflit d’intérêts et les conseils à ce sujet. Le groupe de travail recommande la codification des pratiques exemplaires pour ces comités, actuellement divisées entre l’Avis 61-302 du personnel multilatéral examen du personnel et les Commentaires sur le Règlement 61-101 et les décisions de la CVMO, en un seul document. Cela améliorerait l’accès à ces pratiques exemplaires et augmenterait la confiance des actionnaires minoritaires dans le cas où un émetteur s’engage dans des opérations réglementées par le Règlement 61-101.

16. Fournir à la CVMO d’autres recours concernant les questions de fusions et réponses

Le groupe de travail fait remarquer que, bien que la CVMO soit chargée de réglementer de nombreux aspects des questions de fusions et services, les recours dont elle dispose actuellement à cet égard sont inadéquates. Suivant les traces de la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique, le rapport propose d’accorder à la CVMO des recours supplémentaires, y compris le pouvoir d’annuler les opérations et d’exiger des personnes qu’elles disposent de titres acquis dans le cadre d’une opération de fusions et acquisitions.

17. Éliminer les catégories de propriétaires véritables sans opposition et de propriétaires véritables objectants

Au Canada, les émetteurs correspondent généralement avec les propriétaires véritables de leurs titres par l’entremise d’un intermédiaire. Cela signifie que c’est l’intermédiaire, et non l’émetteur, qui a une vision claire de la personne qui détient les titres de l’émetteur. De plus, il incombe à ces intermédiaires de déterminer si un tel propriétaire souhaite être un bénéficiaire effectif non objectant (NOBO) ou un bénéficiaire effectif objectant (OBO). Le groupe de travail recommande de supprimer les catégories NOBO et OBO et de donner aux émetteurs un accès direct à la liste de tous les propriétaires réels de leurs titres. La suppression des catégories permettra aux émetteurs de communiquer avec tous les propriétaires véritables de leurs titres et, avec l’élimination des catégories NOBO et OBO, permettra la sollicitation d’instructions de vote directement auprès de ces propriétaires.

Le reste des propositions contenues dans le rapport couvrent un large éventail de domaines, y compris le mandat de la CVMO, un cadre de gouvernance et de surveillance pour les organismes d’autoréglementation, des activités de mobilisation de capitaux pour les émetteurs déclarants et l’accès au capital pour les entreprises en démarrage et les entrepreneurs. Dans l’ensemble, si elles étaient mises en œuvre, les propositions représenteraient un changement important pour les sociétés ouvertes au Canada.

Le groupe de travail sollicite d’autres observations sur ces propositions. Les soumissions doivent être reçues au plus avant le 7 septembre 2020. Si vous avez d’autres questions concernant les propositions ci-dessus ou l’une des autres propositions du rapport, veuillez contacter l’un des auteurs.

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