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Le Canada s’oppose aux tarifs douaniers américains par des mesures qui lui sont propres

30 juin 2018

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Écrit par Darrel H. Pearson, Sabrina A. Bandali, and Jessica B. Horwitz

Le gouvernement du Canada a publié sa liste mise à jour des produits américains qui seront assujettis à une surtaxe lorsqu’ils seront importés au Canada à compter du 1er juillet 2018. La liste finale vise des marchandises d’une valeur d’environ 16,6 milliards de dollars en réponse aux tarifs imposés par les États-Unis en vertu de l’article 232 sur les produits canadiens en acier et en aluminium. Une surtaxe de 25 % s’applique aux importations de produits d’acier énumérés et une surtaxe de 10 % s’applique à l’aluminium et aux autres marchandises inscrites.

Portée des contre-mesures

La plupart des produits énumérés sont les mêmes que l’ébauche de la liste du 31 mai discutée dans notre présente billet de blog sur cette question. Un certain nombre d’éléments ont été retirés de la liste provisoire en réponse aux consultations auprès des intervenants tenues tout au long du mois de juin : fûts de bière, moutarde préparée et purées de noix et de fruits. Le gouvernement a également réduit la portée de certains produits, en ciblant les marchandises sur la base d’une classification plus spécifique, comme dans le cas des grilles en fonte, des réfrigérateurs-congélateurs et des oreillers.

La surtaxe ne s’applique qu’aux marchandises originaires des États-Unis, c’est-à-dire celles qui sont marquées comme des marchandises des États-Unis conformément au Règlement sur les Détermination du pays d’origine aux fins du marquage des marchandises (pays ALÉNA). Toutes les importations, qu’elles soient personnelles ou commerciales, seront assujetties à la surtaxe appliquée en pourcentage de la valeur en douane du produit importé, et la surtaxe s’appliquera nonobstant tout droit à des taux de droits préférentiels en vertu des accords de libre-échange.

Allègement et lignes directrices à l’intention des importateurs

Le duty relief and < a rel="noopener noreferrer » href="https://www.cbsa-asfc.gc.ca/import/ddr-red/drawback-eng.html » target="_blank">duty drawback programs continuera de s’appliquer et pourrait offrir un certain allègement aux importateurs dans des circonstances limitées. Ces programmes sont des incitatifs commerciaux qui permettent aux importateurs d’éviter de payer ou d’être remboursés des droits de douane, des droits antidumping ou compensateurs tant que les marchandises importées sont destinées à l’exportation ou sont éventuellement réexportées.

Le gouvernement a également publié deux documents de politique pour guider les importateurs et les entreprises touchés par le tarif : Customs Notice 18-08 et Memorandum D-16-1-1. La présente ligne directrice fournit des détails sur la façon dont la surtaxe sera appliquée et sur la bonne façon de rendre en détail les marchandises assujetties à la surtaxe.

Mesures de protection à l’horizon

Bien que les contre-mesures auront une incidence importante sur le commerce entre le Canada et les États-Unis, le gouvernement canadien a signalé que sa réponse est loin d’être terminée, annonçant une variété de mécanismes de financement et d’autres mécanismes pour atténuer l’impact des mesures américaines sur les industries canadiennes de l’acier, de l’aluminium et de la fabrication. Alors que la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, aurait dit « Nous ne dégénérerons pas et nous ne reculerons pas »,Le communiqué de presse laisse présager des mesures énergiques à l’horizon, y compris des mesures de sauvegarde potentielles pour protéger les produits tubulaires énergétiques, les tôles d’acier et les barres d’armature fabriqués au Canada.

Les mesures de sauvegarde sont des restrictions temporaires à l’importation de marchandises spécifiques. Compte tenu de l’engagement du Canada à l’égard du système commercial international fondé sur des règles, si des mesures de sauvegarde sont imposées, elles seraient fondées sur le GATT de 1994 et l’Accord de l’OMC sur les sauvegardes. Cela signifie que le Canada ne serait autorisé à appliquer des sauvegardes que pour une période limitée, et seulement s’il peut démontrer que les importations de marchandises particulières causent ou menacent de causer un dommage grave. Les règles de l’OMC exigent également que des sauvegardes soient imposées à l’échelle mondiale, c’est-à-dire qu’elles ne visent pas des pays particuliers, bien qu’il existe des possibilités d’exemptions pour les partenaires dans le cadre d’accords de libre-échange dans certaines circonstances. La détermination du dommage est rendue par le Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE), qui mènera une enquête de sauvegarde conformément à la CITT Act, CITT Regulations et CITT Rules. Dans le cours normal des activités, une enquête sur les mesures de sauvegarde peut prendre de 180 à 270 jours à compter de l’ouverture de la procédure pour que le TCCE puisse faire rapport et faire des recommandations au gouvernement.

Si l’enquête du TCCE conclut qu’un dommage grave se produit ou est menacé, il a la capacité de recommander diverses mesures de sauvegarde, y compris des surtaxes à l’importation ou d’autres restrictions telles que des contingents d’importation ou des contingents tarifaires. Toutefois, en vertu de l’article 8 de l’Accord sur les sauvegardes, un pays qui impose des mesures de sauvegarde doit équilibrer leurs effets en indemnisant leurs partenaires commerciaux au moyen de concessions ou d’autres obligations. Si les deux partenaires commerciaux ne parviennent pas à s’entendre sur l’indemnisation appropriée dans les 30 jours, l’autre pays peut prendre des mesures de rétorsion en imposant à tour de rôle des contre-mesures.

Bien que les sauvegardes soient conçues pour protéger les fabricants nationaux contre l’afflux de biens concurrents bon marché, elles ont pour effet collatéral de restreindre les sources d’approvisionnement disponibles pour les produits visés. Cela peut entraîner des répercussions imprévues sur les consommateurs et les entreprises qui dépendent des importations pour leur propre fabrication, comme des augmentations de coûts ou de la difficulté à obtenir les matériaux nécessaires si les stocks nationaux sont limités.

Conclusion

De toute évidence, le gouvernement canadien fait de son mieux pour mettre en place une réponse proportionnelle aux tarifs américains qui minimise les effets négatifs sur l’économie canadienne. Les guerres commerciales, comme tout conflit, ne peuvent être menées sans au moins quelques dommages aux deux parties. Les entreprises qui s’intéressent au commerce international canadien devraient surveiller de près l’évolution de la situation et en évaluer l’incidence sur leurs activités, notamment en examinant le classement tarifaire et l’origine des marchandises potentiellement touchées. Par ailleurs, les importateurs et les exportateurs canadiens peuvent saisir les occasions offertes par les accords de libre-échange du Canada avec des pays autres que les États-Unis. les marchés. Les chaînes d’approvisionnement peuvent également passer à la source des pays à faible coût. Les entreprises touchées par les contre-mesures ont diverses façons de participer aux procédures commerciales et de faire entendre leur voix, et devraient consulter un conseiller juridique pour explorer ces options.

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