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Le Canada commence à appliquer la loi à la frontière pour les contrefaçons

15 janvier 2015

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Le 1er janvier 2015, le gouvernement du Canada a déclaré en vigueur de nouveaux contrôles frontaliers conçus pour empêcher les marchandises contrefaites et portant atteinte au droit d’auteur d’entrer au Canada et d’en sortir. Les nouveaux contrôles frontaliers habilitent les agents de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) à retenir les marchandises soupçonnées d’être contrefaites et portant atteinte au droit d’auteur afin de faciliter l’application de recours civils par un titulaire de droits. Ces nouvelles modifications constituent un outil puissant pour les titulaires de droits afin d’empêcher l’importation et l’exportation de marchandises contrefaites et portant atteinte au droit d’auteur.

Qu’est-ce qui a motivé les modifications?

Le 31 décembre 2015, le gouvernement a déclaré en vigueur certaines dispositions de la Loi sur la lutte contre les produits contrefaits (LCC) modifiant la Loi sur le droit d’auteur et la Loi sur les marques de commerce afin de mettre en œuvre les obligations en matière de propriété intellectuelle en vertu du chapitre 16 de l’ALECC. Le fait que ces modifications ne faisaient pas partie de la loi de mise en œuvre de l’ALECC (Loi sur la croissance et la prospérité économiques Canada-Corée et ses règlements connexes) ne devrait pas surprendre ceux qui connaissent les préoccupations de longue date exprimées par de nombreux partenaires commerciaux du Canada au sujet de son régime de protection des droits de propriété intellectuelle ou, plus précisément, de son absence. L’ACCP représente un ensemble de réformes de la Loi sur le droit d’auteur et de la Loi sur les marques de commerce qui sont à l’ordre du jour législatif depuis des années.

Un nouveau régime d’application de la PI à la frontière

Auparavant, en vertu de la Loi sur le droit d’auteur, un titulaire de droits devait obtenir une ordonnance d’un tribunal pour empêcher l’importation de marchandises portant atteinte au droit d’auteur. L’ASFC n’avait pas le pouvoir de retenir des marchandises soupçonnées de porter atteinte au droit d’auteur. Avant les modifications apportées à la CCPA, la Loi sur les marques de commerce ne contenait pas de recours pour bloquer les importations de marchandises portant atteinte à une marque de commerce.

Les modifications introduisent des interdictions sur l’importation et l’exportation de marchandises contrefaites et portant atteinte au droit d’auteur et fournissent un mécanisme d’application potentiellement plus efficace aux titulaires de droits par rapport au régime précédent. Le nouveau processus d’exécution de la loi comporte deux caractéristiques principales : (i) les agents de l’ASFC ont maintenant le pouvoir discrétionnaire de retenir des marchandises destinées à l’importation ou à l’exportation qui sont soupçonnées d’être contrefaites ou de porter atteinte au droit d’auteur; et (ii) l’établissement d’un système de demande d’aide (DP) pour permettre à l’ASFC de communiquer des renseignements et des échantillons de marchandises retenues à un titulaire de droits. Cette détention et cette communication par l’ASFC permettent au détenteur des droits d’intenter des recours judiciaires en vertu de la Loi sur le droit d’auteur et de la Loi sur les marques de commerce. Pour participer à ce stratagème, un titulaire de droits doit demander et obtenir un appel de demandes de l’ASFC avant l’importation ou l’exportation de marchandises potentiellement contrefaites ou portant atteinte au droit d’auteur. L’appel de demandes identifie les marques déposées ou les droits d’auteur détenus par le demandeur et doit être renouvelé tous les deux ans.

Demande d’assistance

En vertu du régime d’appel de demandes, l’ASFC peut retenir des marchandises soupçonnées d’être contrefaites ou portant atteinte au droit d’auteur pendant 10 jours (cinq dans le cas de marchandises périssables) à compter de la date à laquelle le titulaire des droits est avisé de la retenue, à moins que le titulaire des droits ne fournisse à l’ASFC un document judiciaire attestant l’ouverture d’une procédure pour obtenir réparation en vertu de la Loi sur le droit d’auteur ou de la Loi sur les marques de commerce. Une fois que le titulaire des droits a entamé une procédure d’exécution, les marchandises sont retenues en attendant que la Cour fédérale se prononce sur la demande de redressement du titulaire des droits. La période de retenue pour les marchandises non périssables peut être prolongée de 10 jours.

Les titulaires de droits qui participent au programme d’appel de demandes sont responsables envers l’ASFC des frais pour l’entreposage et la manutention des marchandises retenues à compter de la date à laquelle l’ASFC avise le titulaire des droits de la retenue. S’il s’avère que les marchandises enfreignent une marque déposée ou un droit d’auteur en vériter, le titulaire des droits doit également payer pour leur destruction. Des garanties sous forme de garantie pour les dépens et les dommages-intérêts sont incluses dans les modifications afin de prévenir l’abus du régime d’appel de demandes par les titulaires de droits.

Calendrier et ressources

Le gouvernement du Canada n’a pas accordé à l’ASFC de ressources ou de budget supplémentaires pour mettre en œuvre son plus récent secteur d’activité. Les titulaires de droits financeront en partie le régime, mais leur responsabilité envers l’ASFC se limite aux frais d’entreposage et de manutention engagés par l’ASFC à compter de la date à laquelle le titulaire des droits reçoit un avis de détention, ainsi que de destruction des marchandises saisies. Compte tenu du manque de ressources supplémentaires de l’ASFC, les titulaires de droits devront être vigilants pour assurer l’efficacité du régime. Pour un titulaire de droits, cela signifie qu’il faut présenter une demande d’appel de demandes, renouveler l’appel de demandes tous les deux ans, prendre des mesures dans le délai de préavis de 10 jours et recueillir activement des renseignements sur les importateurs, les exportateurs et les destinataires des marchandises suspectes à partager avec l’ASFC.

Le déploiement de l’appel de demandes semble être exclusivement axé sur l’importation. La version actuelle du formulaire de demande d’appel de demandes disponible sur le site Web de l’ASFC indique que l’appel de demandes aide : les titulaires de droits à protéger leurs droits contre l’importation prohibée de produits contrefaits, de marques de commerce et de droits d’auteur piratés au Canada. L’appel de demandes tel qu’il est rédigé ne couvre pas les exportations. J’espère qu’il s’agit d’un oubli qui n’empêchera pas un titulaire d’appel de demandes de demander l’aide de l’ASFC pour empêcher l’exportation de marchandises contrefaites ou contrefaites portant atteinte au droit d’auteur. L’heure nous le dira.

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