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L’ARC a une obligation de diligence envers les contribuables

14 juillet 2014

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Écrit par Alison Gray

Bien que les contribuables aient intenté un certain nombre de poursuites civiles contre l’ARC, alléguant tout, de la négligence à la fraude, ces réclamations sont rarement couronnées de succès, car les tribunaux ont traditionnellement été réticents à attribuer une obligation de diligence à l’ARC. Toutefois, la décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique dans Leroux c. Agence du revenu du Canada, 2014 BCSC 720 signale un changement dans la pensée judiciaire et fournit des conseils aux plaideurs potentiels qui cherchent à tenir l’ARC responsable de la conduite négligente.

L’ARC a émis des nouvelles cotisations à Leroux pour la TPS et l’impôt sur le revenu totalisant plus de 600 000 $, après intérêts et pénalités. À la suite d’un appel devant la Cour de l’impôt, de certains paiements effectués par Leroux et d’une demande d’exemption d’intérêts accueillie, Leroux a reçu un remboursement de 25 000 $. Cependant, Leroux a perdu son entreprise et sa maison. Il a poursuivi l’ARC pour mauvaise pratique dans l’exercice d’une charge publique et, en réponse, l’ARC a soutenu qu’elle n’avait aucune obligation de diligence de droit privé envers un contribuable individuel.

Avant la décision rendue dans l’affaire Leroux, les tribunaux ont, pour la plupart, accepté la position de l’ARC et ont conclu qu’elle n’avait aucune obligation de diligence de droit privé envers les contribuables. En l’absence d’une obligation de diligence, il est interdit aux contribuables de poursuivre l’ARC pour négligence.

Dans l’affaire Leroux, la Cour a rejeté la position de l’ARC et a conclu que l’ARC avait une obligation de diligence envers Leroux et, par extension, envers d’autres contribuables. La Cour a également statué que l’ARC avait manqué à l’obligation de diligence envers Leroux en imposant des pénalités pour faute lourde. Ce faisant, la Cour a conclu que le vérificateur avait utilisé la mauvaise norme pour imposer des pénalités et que les pénalités s’appliquaient à l’ensemble du revenu, y compris celles découlant de questions que l’ARC elle-même soutenait être difficiles et complexes. L’ARC ne pourrait pas qualifier les questions de difficiles et complexes et, en même temps, qualifier les positions contraires adoptées par Leroux sur ces questions de négligence grave. La Cour a ensuite conclu que la conduite de l’ARC consistant à qualifier la position de Leroux de négligence grave et à imposer d’énormes pénalités, apparemment dans le but d’éviter un délai de prescription, était « inacceptable et bien en dehors de la norme de diligence attendue des fonctionnaires honorables ou des vérificateurs de l’impôt raisonnablement compétents. Ce qui était répréhensible, de l’avis de la Cour, n’était pas que l’ARC avait tort, ou que le vérificateur avait commis des erreurs de fait et de droit, mais que l’ARC avait mal appliqué et mal appliqué l’expression « négligence grave » et avait procédé à l’établissement de pénalités pouvant aller jusqu’à 900 %.

En fin de compte, Leroux n’a pas eu gain de cause dans sa réclamation contre l’ARC parce qu’il ne pouvait pas prouver que ses pertes avaient été causées par la conduite négligente de l’ARC. Cependant, pour les contribuables canadiens, Leroux est une décision gagnante, car elle renforce la responsabilité de l’ARC dans l’émission des cotisations, la vérification et l’imposition de pénalités. Bien qu’il soit rarement vrai que la conduite de l’ARC peut donner lieu à une action, la décision Leroux fournit une vérification supplémentaire de ce que les employés de l’ARC peuvent et ne peuvent pas faire dans l’exercice de leurs fonctions. Espérons que Leroux sera le premier d’une série d’affaires qui permettront de mieux définir la portée des obligations de l’ARC en matière de droit civil envers les contribuables.

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