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La Colombie-Britannique présente des sociétés de bienfaisance

09 juillet 2020

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Écrit par Jonathan McCullough, Dawn Gould and Martin Smith

Le 30 juin 2020, la Colombie-Britannique est devenue la première administration canadienne à permettre l’établissement de « sociétés de bienfaisance » en introduisant des modifications à la Business Corporations Act (Colombie-Britannique).

Qu’est-ce qu’une entreprise de bienfaisance?

Une société de bienfaisance est une société à but lucratif qui s’engage à (a) mener ses activités de manière « responsable et durable » et (b) promouvoir un ou plusieurs « avantages publics ». Mener ses activités de manière responsable et durable signifie prendre en compte le bien-être des personnes touchées par les opérations de l’entreprise et s’efforcer d’utiliser une part juste et proportionnelle des ressources et des capacités environnementales, sociales et économiques disponibles. Un bienfait d’intérêt public est défini dans la Loi comme un effet positif (y compris de nature artistique, caritative, culturelle, économique, éducative, environnementale, littéraire, médicale, religieuse, scientifique ou technologique) au profit de l’environnement ou d’une catégorie de personnes (autres que les actionnaires de la société en leur qualité d’actionnaires), de collectivités ou d’organisations.

Création d’une société d’avantages sociaux

Une société de bienfaisance est constituée en vertu des règles de constitution en société énoncées dans la Loi qui s’appliquent à toutes les sociétés de la Colombie-Britannique. Toutefois, l’avis des statuts d’une société de prestations doit contenir le « relevé d’avantages » suivant:

"Cette société est une société d’avantages sociaux et, en tant que telle, s’engage à mener ses activités de manière responsable et durable et à promouvoir un ou plusieurs avantages publics. »

Les statuts d’une société de bienfaisance doivent également inclure une « disposition d’avantage » qui spécifie les avantages publics que la société doit promouvoir et énonce ses engagements à mener ses activités de manière responsable et durable et à promouvoir ces avantages publics spécifiés.

Une société existante de la Colombie-Britannique peut se convertir en société de bienfaisance en adoptant une résolution spéciale de ses actionnaires modifiant son avis de statuts et de statuts pour inclure le relevé d’avantages et la disposition d’avantages requis. Inversement, une société de bienfaisance peut cesser d’être une société de bienfaisance en modifiant son avis d’articles et d’articles pour supprimer le relevé d’avantages et la disposition d’avantages. Les actionnaires (y compris les actionnaires sans droit de vote) ont des droits de dissidence à l’égard de la résolution spéciale visant à modifier l’avis de statuts ou d’articles de la société pour inclure ou supprimer le relevé d’avantages ou la disposition sur les avantages, et si la résolution spéciale est approuvée, peuvent avoir le droit d’être payés la juste valeur de leurs actions.

Fonctions des administrateurs et des dirigeants des sociétés de bienfaisance

La Loi (et les lois sur les sociétés dans la plupart des autres juridictions canadiennes) prévoit actuellement que les administrateurs et les dirigeants d’une société doivent « agir honnêtement et de bonne foi dans l’intérêt supérieur de la société ». Les tribunaux canadiens, y compris la Cour suprême du Canada, ont décidé que, dans l’ensemble, les meilleurs intérêts d’une société sont primordiaux pour ceux de tout autre intervenant, y compris les actionnaires. Ainsi, même lorsqu’une entreprise s’est engagée à soutenir des préoccupations sociales ou environnementales, le rôle des administrateurs et des dirigeants est de faire passer les intérêts de l’entreprise avant ces préoccupations.

D’autre part, les administrateurs et les dirigeants d’une société de bienfaisance ont également le devoir d'«agir honnêtement et de bonne foi en vue (i) de mener les activités de la société d’une manière responsable et durable, et (ii) de promouvoir les avantages publics spécifiés dans les articles de la société » (le « droit de bénéficier »). De plus, les administrateurs et les dirigeants doivent trouver un équilibre entre l’obligation d’agir honnêtement et de bonne foi en vue de l’intérêt supérieur de la société et l’obligation de prestations (l'« obligation de mise en balance »). Il s’agit d’une évolution importante du droit. 1 Seuls les actionnaires, dans certaines circonstances, peuvent engager une procédure judiciaire contre les administrateurs ou les dirigeants d’une société de bienfaisance relativement à l’obligation de prestations ou à l’obligation de mise en balance, et il est interdit à un tribunal d’ordonner des dommages-intérêts pécuniaires dans de telles procédures judiciaires. La défense de diligence raisonnable dont disposent actuellement les administrateurs est disponible pour les questions liées à l’obligation de prestations et à l’obligation de mise en balance. À l’avenir, nous nous tournerons vers les tribunaux pour nous aider à clarifier l’interprétation et l’application de l’obligation de prestations et de l’obligation de mise en balance, ainsi que le recours dont disposent les actionnaires en cas de manquement présumé à ces obligations.

Obligations en matière de rapports annuels

En plus de se conformer à ses dispositions en matière d’avantages, une société de bienfaisance doit publier un « rapport sur les avantages » annuel en présentant une copie du rapport sur les avantages, tel qu’approuvé par les administrateurs, aux actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle de la société et en en maintenant une copie au bureau des dossiers de la société. L’entreprise doit également afficher le rapport de prestations sur son site Web accessible au public, le cas échéant. Comme c’est le cas pour de nombreux dossiers d’entreprise, un rapport sur les avantages est disponible pour inspection par toute personne.

Les détails sur la préparation et le contenu d’un rapport de prestations sont énoncés à l’article 51.994 de la Loi. En bref, la société doit choisir une norme de tiers pour définir, rendre compte et évaluer le rendement d’une société d’avantages sociaux par rapport aux engagements énoncés dans ses dispositions relatives aux avantages et effectuer une auto-évaluation par rapport à cette norme de tiers. Le rapport d’avantages doit présenter les résultats de l’évaluation ainsi que a) des descriptions de la conduite de l’entreprise pour se conformer à ses obligations en vertu des dispositions sur les avantages; b) des descriptions de tout obstacle rencontré par la société dans l’exécution de ces obligations; et (c) certaines informations sur la norme de tiers. 

Note sur « Certifié B Corps »

Plusieurs États américains ont des lois comme la Colombie-Britannique qui permettent diverses formes de prestations ou de sociétés d’intérêt public lorsque l’exécution de l’avantage fait légalement partie du mandat de l’entreprise.

Il y a aussi des entreprises qui s’appellent « sociétés certifiées B », qui ont généralement été certifiées par l’organisme à but non lucratif « B Lab » après avoir terminé une évaluation. L’une des étapes pour obtenir la certification est de répondre à ce que B Lab appelle « l’exigence légale ». Dans les juridictions où les sociétés de prestations n’existent pas, B Lab exige que les entreprises ajoutent des dispositions à leurs documents de constating permettant à la société d’agir d’une manière qui tient compte de son impact sur la société et l’environnement et protège les administrateurs et les dirigeants de la responsabilité découlant de ces considérations. On peut se demander, en vertu du droit canadien, si l’inclusion de ces dispositions dans les documents constating d’une société qui n’est pas une société de bienfaisance permettrait aux administrateurs et aux dirigeants de la société de poursuivre des activités qui, bien qu’importantes sur le plan social, pourraient avoir une incidence négative sur les intérêts financiers de la société. Les modifications apportées à la Loi pour permettre aux sociétés de prestations résolvent ce problème en Colombie-Britannique.

Il existe des preuves suggérant que les investisseurs sont de plus en plus intéressés à trouver des moyens d’investissement durables et responsables et il est possible que les entreprises de prestations aient un rôle à jouer dans le service de cet intérêt. Il sera intéressant de voir à quel point les entreprises deviennent populaires en Colombie-Britannique et si d’autres administrations canadiennes suivront leur exemple en les créant, comme l’ont fait la majorité des États américains.

Bennett Jones se ferai un plaisir de vous aider à répondre à toute question concernant la création ou la structure d’une société de prestations de la Colombie-Britannique et de déterminer si elle pourrait convenir à votre entreprise.

1. La Colombie-Britannique permet également la création d’entreprises de contribution communautaire (CCC). Les administrateurs et les dirigeants des CCC doivent « agir en vue des objectifs communautaires de la société énoncés dans ses statuts ». Toutefois, cette obligation semble être subordonnée à l’obligation générale d’agir dans l’intérêt supérieur de la société. En outre, les administrateurs et les dirigeants ne sont pas clairement protégés contre la responsabilité si agir en vue de l’objectif communautaire de la société a une incidence négative sur les meilleurs intérêts de la société. Enfin, les CCC sont assujettis à certaines dispositions financières restrictives qui les rendent moins que souhaitables pour les investisseurs.

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