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La Première Nation de Blueberry River et le gouvernement de la Colombie-Britannique concluent une entente provisoire historique

19 novembre 2021

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Écrit par Mikayla Hill, David Bursey, Shawn Munro, Marie Buchinski and Sharon Singh

Le 7 octobre 2021, la Première Nation de Blueberry River (BRFN) et la province de la Colombie-Britannique (province) ont conclu une entente initiale en réponse à la récente décision de la cour dans Yahey c. Colombie-Britannique [Yahey]. L’entente initiale fait progresser la conciliation des intérêts autochtones et publics de la BRFN et clarifie les répercussions sur certains projets de développement dans la région qui ont fait face à l’incertitude créée par la décision de la Cour.

L’affaire Yahey, qui a créé un précédent, a été la première au Canada à reconnaître une violation des droits issus de traités résultant des effets cumulatifs de divers projets approuvés pendant de nombreuses années et du régime de réglementation provincial lui-même , plutôt que des effets d’un projet particulier. La Cour a décidé que les effets cumulatifs du développement industriel portaient atteinte aux droits garantis par le Traité 8 de la PNRB et a déclaré que la province ne peut pas continuer d’autoriser des activités qui contribuent à ces effets cumulatifs. Notre récent blogue, Réseaux récents en droit autochtone : effets cumulatifs, rémunération équitable et obligation de consultersiscusse l’arrêt Yahey et les conclusions de la Cour concernant les effets cumulatifs et la violation des droits de la BRFN en vertu du Traité no 8.

L’entente initiale est la première étape pour répondre à la déclaration de la Cour suprême de la Colombie-Britannique dans l’affaire Yahey, avec d’autres étapes à suivre.

Contexte de l’affaire Yahey

Le territoire du Traité no 8 s’étend du nord-est de la Colombie-Britannique au nord-ouest de la Saskatchewan et aux Territoires du Nord-Ouest. Le territoire traditionnel de brfn est situé dans le nord-est de la Colombie-Britannique et englobe les zones entourant Fort St. John et Dawson Creek.

En mars 2015, la BRFN a intenté une poursuite contre la province alléguant que les effets cumulatifs du développement industriel sur le territoire traditionnel de la BRFN constituaient une violation injustifiable des droits issus de traités de la BRFN, dont d’autres détails sont décrits dans notre blog précédent, BC Supreme Court to Consider Cumulative Impacts of Resource Development on Treaty Rights.

Au cours d’un long procès, la Cour a examiné la nature et la portée des promesses enchâssées dans le Traité no 8. La Cour a conclu qu’une partie intégrante du Traité était l’assurance écrite et orale donnée par la Couronne au début du Traité que la BRFN serait en mesure de poursuivre son « mode de vie ». La Cour a souligné qu’inhérent à cette promesse est la compréhension que la Couronne n’affecterait pas ou ne détruirait pas de manière significative les éléments nécessaires pour maintenir le « mode de vie » de la PNRB, y compris le droit de chasser, de piéger et de pêcher sur le territoire traditionnel de la PNRB.

Après avoir examiné les effets cumulatifs du développement industriel et les preuves de perturbation des terres, d’impacts sur la faune et des effets qui en découlent sur la capacité des membres de la BRFN d’exercer leurs droits issus de traités, la Cour a conclu que la capacité des membres de la BRFN de chasser, de pêcher et de piéger dans le cadre de leur « mode de vie » avait été considérablement réduite. À tel point qu’il avait atteint un « point de basculement » et que les droits du Traité BRFN avaient été violés.

Le 29 juin 2021, la Cour a déclaré que les effets cumulatifs des années de développement autorisées par la province portaient atteinte de façon injustifiable aux droits issus de traités de la BRFN. La Cour a également conclu que la province avait manqué à ses obligations fiduciaires en vertu du Traité en ne tenant pas compte adéquatement des effets cumulatifs de l’autorisation de diverses activités associées au pétrole et au gaz, à la foresterie, à l’exploitation minière, à l’agriculture et à l’hydroélectricité.

Pour prévenir d’autres atteintes, la Cour a déclaré que la province « ne peut continuer d’autoriser des activités qui contreviennent aux promesses contenues dans le Traité ... ou qui portent atteinte de façon injustifiable à l’exercice [par la PNRB] de ses droits issus de traités » (paragr. 1888 et 1894). La Cour a suspendu cette déclaration pendant six mois pour permettre à la BRFN et à la province de travailler ensemble pour modifier le régime d’autorisation réglementaire afin de reconnaître et de respecter les droits issus de traités de la BRFN.

La province n’a pas interjeté appel de la décision Yahey et a commencé à négocier une solution avec la PNRB. La province a appointé un négociateur en chef et un conseiller spécial pour appuyer la participation des Nations signataires du Traité no 8, des gouvernements et de l’industrie aux négociations, qui sont axées sur l’élaboration de « solutions à long terme pour la prise de décisions collaboratives qui protègent les droits issus de traités et gèrent les effets cumulatifs du développement industriel ».

L’accord initial

Le 7 octobre 2021, brfn et la province announced un accord initial qui « commence à soutenir la guérison de la terre, et aide à fournir la stabilité et la certitude pour les titulaires de permis forestiers et pétroliers et gaziers dans le territoire traditionnel de BRFN à court terme. »

Comme il est indiqué dans les annonces publiques de la province, elle fournira un financement de 65 millions de dollars à la PNRB dans le cadre de deux séries d’initiatives :

  1. Un fonds de 35 millions de dollars pour la BRFN pour entreprendre des activités visant à guérir le terrain, à créer des emplois pour les membres de la BRFN et des entreprises pour les fournisseurs de services dans la région du Nord-Est, notamment :
    • la restauration des terres, des routes et des séismes;
    • la restauration des rivières, des cours d’eau et des milieux humides;
    • la connectivité de l’habitat;
    • les projets de semences indigènes et de pépinières; et
    • formation pour les activités de restauration.

      La PNRB décidera des priorités de restauration et de la façon d’allouer les fonds. La province aidera dans un rôle non décisionnel pour coordonner les activités de restauration.
  2. 30 millions de dollars en financement pour des activités visant à aider la PNRB à protéger son mode de vie autochtone, notamment :
    • travailler sur les aires culturelles, les lignes de piégeage, les cabanes et les sentiers;
    • des activités et du matériel éducatifs, y compris l’enseignement des compétences et de la langue traditionnelles;
    • l’expansion des ressources et de la capacité de gestion des terres de la rivière Blueberry; et
    • le rétablissement de la santé de la faune par la gestion de la faune, l’amélioration de l’habitat, y compris le brûlage dirigé, et la recherche.

      Ces fonds appuieront des programmes et des projets, comme la reconstruction de lignes de piégeage et de cabanes de chasse, la construction de sentiers, l’embauche de personnel du Service des terres de la PNRB, le contrôle des prédateurs et l’amélioration de l’habitat.

L’accord initial confirme que 195 projets forestiers, pétroliers et gaziers qui ont été autorisés avant la décision Yahey iront de l’avant. Vingt autres projets qui avaient également été approuvés, y compris huit permis forestiers et douze permis pétroliers et gaziers, sont toujours en attente d’une négociation et d’un accord plus poussés de la BRFN parce que ces projets sont situés dans des zones de grande importance culturelle pour le BRFN. Bien que les détails de ces permis ne soient pas accessibles au public, la province a fourni un avis aux titulaires de permis respectifs.

Les permis relatifs aux projets hydroélectriques ne faisaient pas partie de l’entente initiale. Toutefois, en raison du calendrier de construction, la province et la PNRB ont convenu de discuter du projet de barrage C du site C de BC Hydro sur la rivière de la Paix, qui chevauche le territoire traditionnel de la PNRB.

Prochaines étapes et implications

L’entente initiale n’est que la première étape de la conciliation du régime provincial d’approbation réglementaire avec les intérêts de la PNRB, particulièrement en ce qui a trait à la gestion des effets cumulatifs négatifs du développement industriel sur les droits issus de traités de la PNRB. Un examen et une restructuration complets des aspects pertinents du régime d’approbation réglementaire sont une entreprise complexe qui touche de nombreux intérêts dans la région, et pas seulement ceux de la province et de la PNRBR.

La province et la PNRB mettent la dernière main à une approche provisoire pour examiner les nouvelles demandes de mise en valeur des ressources et les activités visant à équilibrer les droits issus de traités de la PNRBR, l’économie et l’environnement. La province cherche également à collaborer avec d’autres Premières Nations signataires du Traité no 8, y compris les Premières Nations de Doig River, de Fort Nelson, de Halfway River, de McLeod Lake, de Prophet River, de Saulteau et de West Moberly, afin que chacune de ces Premières Nations visées par le Traité no 8 soit incluse dans l’élaboration du nouveau processus de délivrance de permis et d’autorisation et, en réponse aux préoccupations détaillées de six Premières Nations visées par le Traité no 8, aurait récemment approuvé une « orientation régionale » pour régler les problèmes.

L’objectif est d’établir un système de collaboration qui protège les droits du Traité no 8 dans le processus d’approbation réglementaire, tout en soutenant la durabilité de l’environnement, la stabilité de l’activité économique et l’emploi.

Alors que les négociations se poursuivent en vue de l’élaboration d’un cadre de demande qui évalue les effets cumulatifs des nouvelles demandes et leur incidence sur les droits issus de traités de la BRFN, BRFN et la province ont priorisé l’examen des demandes pour décision « fondée sur des raisons d’urgence, de protection de l’environnement et de sécurité publique ».

La province et la BRFN se sont également engagées à fournir « des mises à jour régulières aux membres de Blueberry, à l’industrie, aux gouvernements locaux et aux résidents du Nord-Est et à solliciter leurs commentaires à mesure que les négociations progressent ».

Ces négociations innovent et auront une incidence sur la façon dont les projets industriels et de ressources sont approuvés sur l’ensemble du territoire du Traité no 8. La certitude entourant le processus d’approbation réglementaire est essentielle pour attirer le développement durable que la province et la PNRBR recherchent.

Bennett Jones possède une vaste expertise en matière de développement de projets, de processus de délivrance de permis et de consultation des Autochtones. Si vous avez des questions concernant la décision Yahey, comment vos projets peuvent être touchés par l’accord initial, ou comment les négociations en cours peuvent affecter les intérêts de votre organisation, veuillez contacter un membre du groupe Bennett Jones Aboriginal Law group.

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