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BEPS Tail ne devrait pas remuer le chien de l’investissement mondial

17 novembre 2014

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J’ai récemment pris la parole lors d’un panel à Tokyo sur l’avenir de la planification fiscale internationale après le BEPS (le plan d’action de la CD et du G20 pour lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices). La table ronde comprenait également un haut fonctionnaire de la Conférence et des praticiens des États-Unis, du Japon, de l’Allemagne, de la France, de l’Irlande et des Pays-Bas.

Il était rafraîchissant d’entendre le responsable de la Conférence reconnaître que la planification fiscale internationale des entreprises ciblée par BEPS constitue des arrangements et des transactions juridiques et non une évasion fiscale illégale. De plus, elle a également reconnu que dans le domaine du chalandage fiscal, les gouvernements eux-mêmes doivent assumer une certaine responsabilité dans la création de possibilités de chalandage fiscal et d’arbitrage par la négociation de conventions incompatibles, par exemple avec des taux de retenue d’impôt différents sur les intérêts, les dividendes ou les redevances ou des exemptions de gains en capital qui sont plus larges dans certaines conventions que dans d’autres. Cela dit, la CD est clairement déterminée à contrer les pratiques de planification fiscale des sociétés précédemment acceptées qui réduisent les taux effectifs de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises multinationales.

En septembre, le CD a publié un certain nombre d’ébauches d’instruments et de rapports sur les principales mesures de suivi du projet BEPS, y compris la documentation sur les prix de transfert, les ententes de non-concordance hybride, les mesures anti-chalandage fiscal et l’économie numérique. Ces rapports doivent être finalisés et les autres mesures de suivi doivent faire l’objet d’un rapport d’ici l’automne 2015, ce qui signifie que nous pouvons nous attendre à ce que l’année prochaine soit occupée. Certaines ébauches de consultation sur les autres mesures de suivi, notamment les Établissements permanents et les Lignes directrices sur les prix de transfert sur les services intra-groupe de faible valeur, ont déjà été publiées.

Bien que les gouvernements membres de la Conférence appuient largement les objectifs généraux du beps, il semble y avoir des différences importantes entre eux dans la façon dont ces objectifs devraient être atteints, en particulier en ce qui concerne les modifications à la législation ou aux conventions fiscales nationales qui sont justifiées et souhaitables. Par conséquent, il subsiste une incertitude considérable quant à la part du programme BEPS qui sera mise en œuvre et à la façon dont elle le sera. Il y a une réelle préoccupation que la politique fiscale faite dans un bocal de poisson sous la pression politique sera mauvaise politique fiscale, mais il y a aussi une préoccupation importante que l’échec du processus BEPS conduira à des actions unilatérales inconciliables de la part des gouvernements sous pression pour « faire quelque chose », entraînant une double imposition et encore une plus grande complexité à la fois de la part des multinationales dans la conformité fiscale et les autorités fiscales dans l’administration. Dollar pour dollar, l’impôt des sociétés est déjà l’un des impôts les plus coûteux à payer et à percevoir, et le Plan d’action BEPS devrait examiner attentivement comment réduire ce fardeau pour les gouvernements et les contribuables, et non l’augmenter.

Un signe positif en termes de coordination internationale est l’expérience récente du Canada en matière de lutte contre le chalandage fiscal : 18 mois après avoir lancé son propre plan pour une dérogation aux conventions nationales afin de lutter contre le chalandage fiscal, le gouvernement canadien a annoncé à la fin du mois d’août la suspension de cette initiative nationale en attendant la publication du projet d’instrument de la DC dans le cadre de l’action 6 sur l’abus des traités, qui a eu lieu en septembre.

Dans une perspective plus large, il sera important que la Conférence et les membres du G-20 soient conscients de la situation dans son ensemble, qui est celle d’une reprise économique mondiale bancale avec une faible croissance dans de nombreux pays qui nécessitera des investissements importants et soutenus dans « l’économie réelle ». Une grande partie de cet investissement sera nécessairement transfrontalier, et l’industrie et les gouvernements ont un intérêt commun à rechercher un cadre fiscal international qui soit efficace pour se conformer et appliquer. En fin de compte, nous devons faire attention à ne pas laisser le BEPS remuer le chien de l’investissement mondial.

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