Blogue

Le gouvernement de l’Alberta fournit une orientation stratégique mise à jour pour le développement des énergies renouvelables

04 mars 2024

Close

Écrit par Martin Ignasiak, Jessica Kennedy, David Macaulay, Larissa Lees and Nathan Green

L’Alberta va mettre en œuvre de nouvelles politiques pour le développement des énergies renouvelables

La pause de l’Alberta dans la délivrance des approbations pour les projets d’énergie renouvelable (Pause) a pris fin le 29 février 2024. Immédiatement avant, le gouvernement de l’Alberta avait publié un communiqué de presse avec des directives stratégiques mises à jour sur le développement de projets d’énergie renouvelable en Alberta. La présente orientation stratégique porte sur les questions liées à l’utilisation des terres agricoles, à la sécurité de la remise en état, aux répercussions sur le paysage de vision, aux terres de la Couronne et à la mobilisation des municipalités qui ont été prises en compte pendant la pause. 1

Les nouvelles politiques doivent s’appliquer aux nouveaux projets d’énergie renouvelable à compter du 1er mars 2024, y compris tous les projets actuellement proposés qui ont fait une demande, mais qui n’ont pas encore reçu l’approbation réglementaire de l’Alberta Utilities Commission (AUC). Ils peuvent également avoir des implications pour d’autres projets énergétiques et développements industriels.

Les lignes directrices ont été publiées à la suite de l’examen d’un rapport de la CUA qui n’a pas encore été rendu public à la suite du module A de son enquête sur le développement économique, ordonné et efficace de la production d’électricité en cours en Alberta (enquête) et de la pause connexe, que nous avons abordée dans nos articles de blog précédents : Alberta sur les projets renouvelables : ce que nous savons jusqu’à présent, Mis à jour sur les énergies renouvelables de l’Alberta Pause : Enquête de l’AUC et exigences provisoires et Mise à jour sur les énergies renouvelables de l’Alberta Pause : Recommandations d’experts fournies sur les questions d’impact sur les terres du module A.

Le gouvernement de l’Alberta a également signalé que des directives stratégiques supplémentaires seront envoyées à la CUA une fois qu’il aura examiné le deuxième rapport de la CUA (module B) en ce qui concerne l’enquête, indiquant que « [l]es projets réalisables devraient s’attendre à des changements dans la façon dont les coûts de transport sont attribués ».

Terres agricoles

Le gouvernement a demandé à la CUA d’adopter une approche « l’agriculture d’abord » lors de l’évaluation de la meilleure utilisation des terres proposées pour le développement renouvelable. Cela s’harmonise avec l’approche adoptée dans les rapports commandés par la CUA dans le module A de l’enquête, qui a formulé des recommandations sur l’utilisation des terres agricoles fondées sur la mise en œuvre d’une approche « l’agriculture d’abord » pour atténuer les impacts.

L’Alberta n’autorisera plus les projets de production d’énergie renouvelable sur les terres de classe 1 et 2, classées par l’Alberta Land Suitability Rating System (LSRS), « à moins que le promoteur ne puisse démontrer la capacité des cultures et/ou du bétail à coexister avec le projet de production d’énergie renouvelable ». Cette restriction a le potentiel d’avoir le plus d’impact sur les projets solaires, car les utilisations des terres agricoles sont généralement considérées comme compatibles avec l’énergie éolienne et d’autres développements avec des empreintes plus petites et isolées. Cependant, les premières indications suggèrent que les développements solaires peuvent être autorisés lorsque le pâturage des moutons est autorisé parmi les panneaux solaires, ce qui devient une pratique de plus en plus courante de l’industrie. La nature des utilisations agricoles et la mesure dans laquelle un promoteur doit démontrer que de telles utilisations peuvent ou se produiront pendant la durée de vie d’un projet demeurent inconnues. Des précisions sur ces points seront importantes pour les projets touchés par cette nouvelle restriction.

La carte ci-dessous met en évidence la présence de terrains de classe 1 et 2 du SDL en vert à des fins représentatives seulement. 2 Les restrictions relatives à l’aménagement d’un projet sur une propriété donnée devraient être fondées sur le type de terrain dominant que l’on trouve sur les terres en question. Il n’est toujours pas clair si la CUA peut avoir tenu compte de l’état actuel des sols sur les terres et de l’utilisation des terres à l’étude pour le développement renouvelable.

Des renseignements plus précis et plus exacts sur la classification des terres agricoles d’une parcelle particulière peuvent être obtenus auprès du Soil Information Viewer du gouvernement de l’Alberta here.

Sécurité de remise en état

Les promoteurs seront responsables des coûts de remise en état au moyen d’une caution ou d’une garantie. Les coûts de remise en état seront soit fournis directement au gouvernement de l’Alberta, soit négociés avec les propriétaires fonciers. Dans ce dernier cas, une preuve suffisante de l’adéquation de la sûreté de remise en état engagée envers le propriétaire foncier doit être fournie à l’AUC et jugée adéquate par elle.

Le gouvernement de l’Alberta a indiqué qu’il continue d’évaluer et de déterminer les exigences particulières en matière de sûreté auxquelles les promoteurs seront assujettis, le premier ministre Smith suggérant qu’un système progressif de « fiducies de revenu environnemental » dans le but de favoriser les montants de garantie sur la durée du projet pourrait être favorisé.

L’annonce en ligne du gouvernement indiquait que des normes précises seraient déterminées d’ici la fin de 2024. 3 Ces nouvelles exigences s’appliqueront rétroactivement à tous les projets approuvés à date ou après le 1er mars 2024. Étant donné que les participants de l’industrie ont généralement pour pratique d’accepter une certaine forme de garantie de remise en état dans le cadre de leurs ententes de location, il reste à voir comment et dans quelle mesure les exigences particulières auront une incidence sur les promoteurs de projets et leurs négociations avec les propriétaires fonciers.

Paysages de vue

Le gouvernement a indiqué que des zones tampons d’au moins 35 kilomètres seront établies autour des aires protégées et d’autres « paysages vierges » désignés par la province. Les nouveaux projets éoliens ne seront plus autorisés à l’intérieur de ces zones tampons, et d’autres aménagements proposés situés dans la zone tampon pourraient faire l’objet d’une évaluation visuelle de l’impact avant leur approbation.

Cette exigence crée une grande incertitude. Compte tenu de la taille et du nombre importants de parcs fédéraux et provinciaux en Alberta, une définition large des « paysages vierges » et des « aires protégées » pourrait rendre de vastes étendues de la province indisponibles pour le développement de nouveaux projets éoliens. Une carte des diverses catégories d’aires protégées en Alberta, y compris les parcs nationaux et provinciaux, les terres sauvages, les réserves écologiques et d’autres aires naturelles, est disponible à l’adresse ce lien. Les premières indications suggèrent que l’accent sera mis sur la protection des paysages de vue dans les montagnes Rocheuses et les contreforts. De plus amples détails sur les aires protégées qui seront désignées comme nécessitant une zone tampon de 35 kilomètres sont nécessaires.

Cette annonce soulève également des questions quant à savoir si les projets de mise en valeur des ressources à grande échelle dans d’autres secteurs peuvent faire l’objet d’évaluations d’impact visuel, et quelle peut être l’étendue des exigences de ces évaluations. La lettre du ministre de l’Abordabilité et des Services publics à la CUA indique que « d’autres aménagements » dans les zones tampons établies « pourraient déclencher la nécessité de fournir une évaluation d’impact visuelle à la partie réglementaire appropriée pour examen avant l’approbation du projet », suggérant que d’autres installations réglementées par la CUA (p. ex., les lignes de transmission) et celles réglementées par d’autres organismes (p. ex., les infrastructures pétrolières et gazières) pourraient être assujetties à de nouvelles exigences en raison de l’accent mis récemment par le gouvernement sur la protection des « panoramas ». Des précisions supplémentaires sont nécessaires pour bien déterminer l’étendue et l’incidence de cette nouvelle exigence réglementaire.

Enfin, le gouvernement a demandé à la CUA d’élaborer des règles pour les visites obligatoires sur place pour les projets de production d’énergie renouvelable proposés. De telles règles officialiseraient ce qui est devenu une pratique courante à la CUA en ce qui concerne les demandes de projet contestées.

Terres de la Couronne

D’autres activités de mobilisation seront nécessaires avant tout changement de politique pour les projets sur les terres de la Couronne et n’entreraient pas en vigueur avant la fin de 2025. À ce jour, les projets d’énergie renouvelable n’ont pas été autorisés sur les terres de la Couronne. Le gouvernement a indiqué que tout développement de projets d’énergie renouvelable sur les terres de la Couronne sera examiné au cas par cas et qu’il mettra en œuvre les outils législatifs nécessaires pour permettre une telle souplesse à l’avenir.

Municipalités

Le gouvernement a indiqué qu’il accorderait automatiquement aux municipalités le droit de participer aux audiences de la CUA sur les projets d’énergie renouvelable. Les municipalités pourront également demander aux promoteurs le recouvrement des coûts pour la participation.

La CUA avait précédemment appliqué un critère similaire pour la qualité pour agir à d’autres participants dans le contexte des demandes de projets renouvelables, exigeant que les participants démontrent un droit légal qui peut être directement et défavorablement affecté par la demande. Néanmoins, la CUA avait pour pratique d’accorder des droits de pleine participation aux municipalités indépendamment, mais sans possibilité de recouvrement des coûts, ce qui signifie que le changement annoncé clarifiera le processus et améliorera les droits de participation municipale à l’avenir.

Bien que les considérations municipales soient susceptibles de jouer un rôle plus central dans les processus de la CUA, le droit de participer et d’être entendu dans de telles procédures ne donne pas aux municipalités le pouvoir de refuser des projets. D’après les renseignements disponibles jusqu’à présent, le pouvoir d’approbation final pour tous les projets d’énergie devrait demeurer entre les ordres de la CUA.

Règlement sur la transmission

Des changements importants à la réglementation du transport de l’Alberta et aux règles et cadres de marché associés sont attendus dans les mois à venir, comme discuté dans notre article précédent : Change on the Horizon for Alberta’s Electricity Regulatory Regime in 2024.

La récente annonce du gouvernement indique que les projets d’énergie renouvelable devraient s’attendre à des changements dans la façon dont les coûts de transport sont attribués, ce qui signifie qu’ils seront probablement tenus de contribuer des fonds pour couvrir les coûts des projets d’expansion du réseau de transport régional nécessaires pour répondre à la capacité croissante de production d’énergie renouvelable. Ce changement s’écarterait considérablement de la politique historique de l’Alberta sur le « paiement de la charge », où les besoins d’expansion du système sont inclus dans les tarifs d’utilisation finale pour les consommateurs d’électricité, à quelques exceptions près. Selon l’ampleur et le calendrier de ces coûts, ces changements à venir peuvent avoir des répercussions importantes sur l’économie des projets énergétiques.

Mobilisation accrue des intervenants

L’AUC a publié Bulletin 2024-03 le 28 février 2024, confirmant que les exigences en matière d’information provisoire fournies en septembre 2023 (Bulletin 2023-005, dont il est question ici) continuent de s’appliquer. Ces exigences provisoires portent sur les mêmes questions que celles examinées dans le module A et abordées dans les nouvelles annonces de politique. L’AUC a indiqué dans le Bulletin qu’une autre consultation des intervenants serait lancée sur les révisions apportées aux exigences en matière d’information de la Règle 007 pour les nouvelles demandes de centrales électriques, et que d’autres détails seraient publiés « en temps opportun ». La CUA examinera si une partie ou la totalité des exigences provisoires pour les projets d’énergie renouvelable deviendront permanentes.

De plus, le gouvernement a ordonné à la CUA de « mener une instance ou un autre processus » afin d’examiner les marges de recul appropriées pour les infrastructures renouvelables provenant des résidences et d’autres infrastructures. Bien que des marges de reculement résidentielles aient déjà été mises en œuvre en vertu de la Règle 012 de l’AUC : Contrôle du bruit, cette directive suggère que d’autres marges de recul seront établies. Aucune autre information concernant le calendrier de ce processus ou les exigences connexes n’a été fournie.

Conclusion : Complexité et incertitude supplémentaires pour les promoteurs

Bien que l’ampleur de l’impact reste à voir, les nouvelles exigences ajoutent sûrement une autre couche de complexité réglementaire à l’emplacement des projets d’énergie renouvelable et aux décisions d’investissement. Le choix de l’emplacement comprend une évaluation multidimensionnelle de nombreux facteurs, y compris la disponibilité des ressources renouvelables (p. ex. solaire/éolienne), la topographie, la proximité de l’infrastructure de transport et les considérations environnementales et des intervenants. Les promoteurs devront maintenant tenir compte de la façon dont ces exigences supplémentaires peuvent avoir une incidence sur les plans de projet avant de prendre des décisions.

De plus, l’ampleur de l’impact au-delà des projets éoliens et solaires à l’échelle des services publics reste incertaine. Par exemple, l’information publiée ne précise pas la taille ou le type de projets d’énergie renouvelable touchés, ce qui crée de l’incertitude pour les projets à petite échelle et ceux qui utilisent d’autres ressources renouvelables (comme la géothermie ou l’hydroélectricité). Bien que l’enquête n’ait pas porté sur les projets de stockage d’énergie par batterie ou sur les projets de production d’énergie thermique conventionnelle, les exigences provisoires de la règle 007 s’appliquent à toutes les applications de centrales électriques et il est concevable qu’une partie ou la totalité des exigences nouvellement annoncées s’appliqueront plus largement à tous les projets de production d’électricité et de stockage d’énergie.

On s’attend à ce que ces questions soient clarifiées au cours des semaines et des mois à venir, alors que le gouvernement et les organismes de réglementation s’attaquent à d’importants changements dans la réglementation de l’électricité découlant de la transition énergétique. Nous continuons de surveiller l’évolution constante du paysage des exigences réglementaires liées au développement des projets d’énergie en Alberta. Si vous avez des questions sur l’impact potentiel de ces nouvelles exigences sur votre entreprise, veuillez contacter l’un des auteurs de cet article ou un membre du groupe de pratique Energy Regulatory group.


2 Bock M et al, Le système d’évaluation de l’aptitude des terres est un outil d’aménagement du territoire pour évaluer la pertinence des cultures au Canada, Front Environ Sci 6 :77, doi : 10.3389/fenvs.2018.00077

3 https://www.alberta.ca/system/files/au-backgrounder-albertas-renewables-inquiry-and-related-pause-20240228.pdf

Authors

Liens connexes



View Full Mobile Experience