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Accès sur la table : l’ACHFA et les leçons pour le Canada

24 avril 2015

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Le 17 novembre 2014, les gouvernements de l’Australie et de la République populaire de Chine ont signé une déclaration d’intention sur l’Accord de libre-échange Chine-Australie (ALEAC), mettant fin à 24 séries de négociations menées sur 10 ans. Bien que le texte de la ChAFTA ne soit pas public en attendant l’examen juridique et la traduction, les annonces officielles montrent clairement que la Chine a accordé à l’Australie un accès étonnamment large à la fois à ses marchés de produits et à ses marchés de services en développement. Il en résulte d’importantes leçons pour le Canada.

Le Canada, comme l’Australie, a une économie développée avec une abondance de ressources naturelles (Les secteurs de services des deux pays sont d’environ 70 pour cent du PIB. Sources : Banque mondiale et Statistique Canada). Bien qu’il existe d’importantes différences entre le Canada et l’Australie (p. ex., la proximité de la Chine), la CHAFTA contient d’importantes leçons pour le Canada alors qu’il poursuit l’approfondissement des relations commerciales en Asie et en Chine en particulier. Le message pour le Canada dans le ChAFTA est clair : le Canada est en retard dans l’obtention d’un accès au marché pour les biens, les services et les investissements en Chine.

Résumé de ChAFTA

La ChAFTA a une large assise et couvre l’accès aux biens, aux services et à l’investissement. Lors de la mise en œuvre de la ChAFTA, 85 pour cent des marchandises australiennes entreront en Chine en franchise de droits, passant à 95 pour cent lorsque l’accord entrera pleinement en vigueur. Il est rapporté que sur la mise en œuvre complète de la ChAFTA, l’Australie éliminera tous les droits de douane sur les produits chinois (voir MFN apportera plus d’investissements chinois en Australie: Ministre, ChinaDaily USA, 13 mars 2015).

De façon quelque peu surprenante, la Chine a accordé à l’Australie les meilleurs engagements jamais pris en matière d’accès aux services et aux investissements. Les fournisseurs australiens de services dans un éventail impressionnant de secteurs bénéficieront de la ChAFTA: juridique, financière, éducative, télécommunications, tourisme / voyage, santé / soins aux personnes âgées, construction / ingénierie, fabrication, industries extractives / architecture / urbanisme, transports et autres.

En matière d’investissement, le ChAFTA contient une procédure de règlement des différends entre investisseurs et États, non sans controverse en Australie. Le gouvernement australien a relevé son seuil d’examen des investissements chinois en Australie de 252 millions de dollars australiens à 1 094 millions de dollars australiens avec des exclusions pour les investissements des entreprises d’État chinoises et de certaines industries sensibles: agriculture, médias, télécommunications et défense. L’investissement chinois dans ces industries sensibles est soumis à des seuils plus bas pour examen par le gouvernement australien. Par exemple, dans le secteur agricole, le seuil d’examen pour l’investissement chinois dans les terres agricoles est de 15 millions de dollars australiens et pour l’agro-industrie de 53 millions de dollars australiens (voir « Fiche d’information sur l’Accord de libre-échange Chine-Australie: Investissement » du gouvernement australien, ministère des Affaires étrangères et du Commerce).

Le prix notable de la ChAFTA pour l’Australie, qui n’a été annoncé qu’au début de mars 2015, a été l’inclusion d’une disposition de la nation la plus favorisée (NPF) pour les services et l’investissement. La NPF chAFTA garantit que tout accès au service et à l’investissement que la Chine accorde dans le cadre d’accords commerciaux successifs sera accordé à l’Australie. L’importance de ce traitement préférentiel donne aux entreprises de services australiennes un avantage important de premier arrivé sur le vaste marché chinois.

L’avenir du commerce du Canada avec la Chine

Le Canada, en revanche, a adopté une approche beaucoup plus prudente à l’égard des accords commerciaux avec son deuxième partenaire commercial en importance. En septembre 2014, le Canada a finalement ratifié un accord sur l’investissement étranger, la promotion et la protection (LAIPVP) avec la Chine qui, comme la LTPC, prévoit une procédure de règlement des différends entre investisseurs et États. Contrairement à la LSAC, la LAIPVP n’ajoute aucune clarté à l’examen par le gouvernement canadien des investissements étrangers en vertu de la Loi sur Investissement Canada.

À l’heure actuelle, le Canada et la Chine ne participent à aucun exercice exploratoire ou d’établissement de la portée officiel pour étudier les mérites et les obstacles à un éventuel ALE. La Chine s’est prononcée beaucoup plus fortement en faveur d’un éventuel ALE avec le Canada que l’inverse, ce qui reflète l’obtention de la confiance de la Chine d’une part, et les divisions avec les politiciens et les entreprises canadiennes, d’autre part. Cependant, la réalité de la ChAFTA peut maintenant intervenir pour susciter l’enthousiasme des Canadiens, compte tenu des enjeux importants en jeu. Les exportations canadiennes, y compris de nombreux produits clés, complètent directement avec les produits australiens pour les clients chinois. Sans accès équivalent aux marchés, le Canada risque de prendre beaucoup de retard dans un pays où les relations d’affaires prennent beaucoup de temps à établir et sont difficiles à changer une fois établies.

Outre les pressions accrues exercées sur le Canada pour qu’il préserve au moins sa position relative avec la Chine, la CHAFTA devrait amener le Canada à reconsidérer ses ambitions dans le cadre d’une négociation d’ALE avec la Chine à l’avenir. La portée des concessions de la Chine en matière d’accès aux marchés à l’Australie dans le cadre de la ChAFTA est importante et étonnamment généreuse. Combiné au meilleur accès au marché offert à tous les pays en matière de services, la possibilité d’un ALE entre le Canada et la Chine a maintenant été stimulée et incitera les entreprises canadiennes à préconiser que le gouvernement du Canada envoie des signaux positifs à la Chine au sujet d’un futur ALE Chine-Canada.

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