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Un rappel que les grands partenariats modernes sont toujours des partenariats

08 avril 2016

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Les grands cabinets d’avocats et de comptables ressemblent apparemment peu aux partenariats traditionnels à petite échelle. Néanmoins, dans la récente décision de la Cour supérieure de l’Ontario dans l’affaire Tim Ludwig PC v BDO Canada LLP, 2016 ONSC 2225, l’expulsion d’un partenaire sert de rappel important que les principes fondamentaux du droit des sociétés de personnes du 19e siècle continuent de s’appliquer à toutes les sociétés de personnes aujourd’hui.

Les faits

Dans une décision rendue le 31 mars 2016, le juge Mew a examiné une requête en jugement sommaire présentée par Tim Ludwig, qui était auparavant associé du cabinet comptable défendeur, BDO Canada S.E.N.C.R.L., s.r.l. la réclamation de M. Ludwig portait sur la rupture de contrat découlant de sa retraite forcée du cabinet en 2014.

Le 8 juillet 2014, M. Ludwig a été informé par deux autres associés de BDO qu’il devait démissionner, conformément à une décision du chef de la direction de la société. Les raisons invoquées pour son expulsion étaient purement économiques, fondées sur le déclin du marché. Lorsque M. Ludwig a refusé d’accepter de prendre sa retraite, BDO a invoqué l’entente de partenariat du cabinet et a finalement convoqué le conseil d’administration de la société, qui a voté pour expulser M. Ludwig au motif présumé que son expulsion était dans « le meilleur intérêt de la société de personnes ».

Le juge Mew a conclu que les actions du défendeur contrevenaient à l’entente de partenariat du cabinet et a conclu en faveur de M. Ludwig, d’un montant de 1 294 937 $ pour perte de profits et de prestations de retraite, et a accordé 100 000 $ supplémentaires en dommages-intérêts majorés pour atteinte à sa réputation.

Dans son analyse des faits, la Cour a déterminé que la démission forcée de M. Ludwig était sans motif, qu’elle avait été prédéterminée par le chef de la direction de BDO et que le vote du Conseil d’orientation constituait une « simple approbation automatique » de la décision du chef de la direction en violation des obligations fiduciaires que les associés de M. Ludwig lui devaient.

Leçons apprises

La Cour a réaffirmé les fondements du droit contemporain des sociétés de personnes en rendant son arrêt. Le juge Mew s’est appuyé sur des lois et des jurisprudences pertinentes remontant aussi loin que les années 1800, ainsi que sur des principes maintenant codifiés dans la Loi sur les partenariats de l’Ontario. Fait important, la Cour a confirmé que les principes fondamentaux du droit des sociétés de personnes s’appliquent autant aux grandes sociétés de personnes modernes qu’aux petites sociétés de personnes plus traditionnelles.

Fait important, la Cour a reconnu que les associés ne sont pas des employés. Ils ne bénéficient pas des mêmes protections juridiques que les employés, et leurs relations sont régies par des accords de partenariat et par des obligations fiduciaires qui leur sont dues les uns envers les autres et envers la société de personnes.

Les associés jouissent d’un droit de propriété dans le partenariat. Le juge Mew a insisté sur ce droit, affirmant que « [l]e principe cardinal en jeu va à la proposition selon laquelle, « puisqu’un véritable pouvoir d’expulsion est de nature expropriante, il sera toujours interprété strictement" ».

Rien de tout cela ne veut dire qu’un associé ne peut jamais être expulsé d’une société de personnes, mais un tel acte doit être accompli avec diligence, de bonne foi et conformément aux obligations fiduciaires des associés et à l’accord de partenariat. Un fiduciaire ne peut s’acquitter de ses obligations tout en agissant « sous dictée », sans la capacité d’exercer son pouvoir discrétionnaire de manière rationnelle et de bonne foi.

En l’espèce, BDO n’a pas fait preuve de bonne foi dans ses processus décisionnels. Le Conseil d’orientation a agi de façon inadmissible à la demande du chef de la direction de l’entreprise, en violation de ses obligations fiduciaires et de l’entente de partenariat de l’entreprise.

En fin de compte, ce jugement est une mise en garde pour toutes les grandes SLP et autres sociétés de personnes non traditionnelles « une société de personnes de toute taille demeure une société de personnes aux yeux de la loi. Il est important de noter que cela signifie que tout comité d’associés qui prétend expulser un autre associé doit être en mesure de démontrer que chaque membre du comité a exercé son propre pouvoir discrétionnaire considéré conformément aux obligations fiduciaires qu’il a envers l’associé en question.

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