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Rapport de l’Équipe spéciale : Incidences de la légalisation sur le droit commercial international

07 mars 2017

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Écrit par Hugo M. Alves, George W. H. Reid, Mike D. Lickver and Vladimir Klacar

Dans le présent numéro de notre série sur le rapport final du Groupe de travail intitulé « Un cadre pour la légalisation et la réglementation du cannabis au Canada » (le « Rapport »), nous explorons les répercussions sur le droit commercial international des recommandations du Groupe de travail dans le rapport.

Conventions internationales

Le Groupe de travail a noté que son mandat excluait les consultations et les recommandations sur la façon dont le Canada devrait concilier la légalisation et la réglementation du cannabis avec ses obligations conventionnelles internationales en vertu de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 (telle que modifiée par le Protocole de 1972), de la Convention sur les substances psychotropes de 1971 et de la Convention contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, 1988 (les « Conventions »). Ignorer les obligations internationales du Canada en vertu des conventions est une nécessité pratique pour parvenir à la légalisation et à la réglementation du cannabis, car les conventions exigent que ses signataires (y compris le Canada) criminalisent la production, la vente et la possession de cannabis à des fins non médicales et non scientifiques.

Le Groupe de travail a reconnu avec tact la tension entre la légalisation non médicale et les obligations internationales du Canada, mais il a encouragé le Canada à innover. Le rapport faisait référence à un intérêt croissant de nombreux gouvernements pour des approches alternatives à la réglementation du cannabis, telles que la décriminalisation en Europe et en Amérique latine, et la légalisation complète en Uruguay et dans plusieurs États américains et a noté que:

La proposition du Canada de légaliser le cannabis partage les objectifs convenus par les États membres dans les déclarations multilatérales, à savoir : protéger les citoyens vulnérables, en particulier les jeunes; mettre en œuvre une politique fondée sur des données probantes; et de placer la santé, la sécurité et le bien-être publics au cœur d’une approche équilibrée de la mise en œuvre des traités.

Le Canada se joindra à l’Uruguay à titre de deuxième signataire des Conventions visant à légaliser l’usage non médical du cannabis. Le Groupe de travail a observé que le Canada peut fournir un modèle important sur la structure et la mise en œuvre des régimes de réglementation du cannabis afin d’éclairer les réponses des autres gouvernements à l’évolution des attitudes à l’égard des contrôles du cannabis.

Considérations relatives à l’importation et à l’exportation

L’une des principales recommandations du Groupe de travail est le maintien de régimes parallèles pour le cannabis à des fins médicales et non médicales. On peut s’attendre à ce que les régimes doubles pour le cannabis fondés sur l’utilisation finale atténuent les risques pour le commerce international du cannabis à des fins médicales du Canada créés par la légalisation à des fins non médicales, mais ils peuvent entraîner une complexité supplémentaire pour les producteurs autorisés (

Les exportations et les importations de cannabis à des fins médicales sont actuellement réglementées en vertu du Règlement sur l’accès au cannabis à des fins médicales (« RACFM »), qui met en œuvre les règles de la Convention sur l’autorisation de l’importation et de l’exportation de cannabis à des fins médicales.

Le rapport recommande le maintien d’un cadre d’accès médical distinct pour soutenir les patients. À ce jour, Santé Canada a autorisé des exportations et des importations limitées, mais essentielles, de cannabis à partir des États signataires de la Convention en vertu du RACFM et de ses prédécesseurs. Le commerce international croissant du cannabis à des fins médicales du Canada est rendu possible par le RACFM et devrait se poursuivre après l’adoption par le Canada d’une loi sur l’usage non médical.

La légalisation du cannabis à des fins non médicales changera probablement la forme, mais pas le contenu, des interdictions actuelles sur l’importation et l’exportation de cannabis à des fins non médicales. Étant donné que nos partenaires commerciaux signataires des conventions criminalisent dans l’ensemble le cannabis, on peut s’attendre à ce que le Canada continue d’interdire l’importation et l’exportation de cannabis à des fins non médicales, à défaut de quoi la juridiction étrangère pourrait refuser de délivrer la licence d’importation ou d’exportation applicable.

Les régimes de réglementation dichotomiques médicaux et non médicaux peuvent vraisemblablement créer des défis pour les LP et les organismes de réglementation et poser des risques pour le commerce du cannabis médical au Canada. On peut présumer que les autorités compétentes d’autres pays autorisent actuellement les exportations et les importations de cannabis à des fins médicales à partir du Canada et en provenance du Canada parce que le Canada a mis en œuvre les règles des Conventions sur l’importation et l’exportation de cannabis à des fins médicales en vertu du RACFM. Lorsque la légalisation à des fins non médicales aura lieu, les partenaires commerciaux du Canada rechigneront-ils à autoriser les exportations et les importations de cannabis à des fins médicales à l’étranger et en provenance du Canada au motif que ce cannabis pourrait être détourné vers le marché non médical du Canada ou en tirer un dérivé? Cette question peut être particulièrement pertinente pour les nouveaux producteurs autorisés qui cherchent à importer du matériel de départ du cannabis de juridictions légales étrangères, car les autorités compétentes de la juridiction exportatrice peuvent demander des assurances supplémentaires que la génétique exportée reste exclusivement dans le régime médical.

Dans le même ordre d’idées, d’autres gouvernements peuvent refuser d’autoriser les importations de cannabis à des fins médicales en provenance du Canada, à moins qu’il puisse être établi que le produit a été fabriqué et homologué en vertu du régime médical, par opposition au régime non médical.

Des pare-feu de production et de distribution entre le cannabis médical et non médical peuvent être nécessaires pour se conformer aux règles du commerce international applicables au cannabis médical. La façon dont Santé Canada établit et applique la frontière entre la culture et la distribution du cannabis à des fins médicales et non médicales sera une question cruciale qui devra être examinée attentivement pour s’assurer que les entreprises canadiennes continuent d’avoir accès à la génétique étrangère importée et que le Canada demeure un chef de file mondial dans l’industrie naissante du cannabis.

La mise à jour ci-dessus donne un bref aperçu des recommandations de l’Équipe spéciale et du droit commercial international. Il est important de se rappeler que la loi sur le cannabis est complexe et évolue rapidement. Chez Bennett Jones LLP, nous avons une équipe de conseillers professionnels de premier plan de l’industrie qui peuvent fournir des conseils juridiques et stratégiques à tous les participants de l’industrie alors que l’industrie canadienne du cannabis continue de progresser.

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